1.2 Les partisans de nouveaux objets intégrateurs.

S’opposant aux défenseurs de la centralité du travail et parvenant à dépasser les hésitations des auteurs décrits antérieurement, certains chercheurs sont convaincus de l’essoufflement de la société salariale et soutiennent l’idée qu’un système d’organisation de la société centré autour du travail productif appartient à une époque révolue. Ce type de discours s’appuie en partie sur le constat que l’objectif d’accès à l’emploi est de moins en moins crédible, que le marché du travail est d’année en année plus fermé aux chômeurs de longue durée et sur la prise de conscience que « le fait de centrer toute la stratégie de l’insertion sur le retour à l’emploi, à l’activité rémunérée, peut être un obstacle à l’insertion comme reconquête de la citoyenneté ».198

Les scrupules qui faisaient prendre en compte la souffrance des chômeurs à J. Hayes, P. Nutman ou Y. Schwartz et les faisaient par conséquent douter de la centralité du travail, deviennent ici la certitude qu’en restant trop arc-boutés sur l’insertion par l’emploi, les acteurs de l’insertion faussent les règles qui devraient permettre de faire accéder les exclus à une véritable citoyenneté. En subordonnant des individus à des stratégies préétablies d’intégration dans le système productif, toute possibilité d’accès à une autre forme d’intégration et de participation à la société risque d’être étouffée à la base.

Notes
198.

M. Autès, F. Calloen, Le RMI : mise en oeuvre de l’insertion dans le département du Nord, Appel d’offre MIRE / Plan Urbain, février 1991, p 120, cité par S. Wuhl, op. cit., p 192.