4.1.3 Une phase de rétablissement.

Mme Canna peut utiliser aujourd’hui cette image du remplissage et même faire rire ses amis avec ce mot parce qu’elle a pu, depuis, progressivement sortir de la dépression, parce qu’elle a pu, pour utiliser ses termes, après être « allé si loin dans la déchéance, remonter, reconquérir, reconstruire... renaître... » Elle situe l’origine de cette troisième phase dans une réaction de colère, véritable déclic après dix ans de honte, colère progressivement canalisée et relayée par la rencontre avec des personnes qui lui ont offert un cadre pour en faire une énergie constructive.

Mme Canna n’a pas cessé depuis cet événement de s’investir dans l’association dont elle est actuellement la présidente. Cette activité bénévole lui prend beaucoup de temps mais respecte le rythme nécessaire à sa santé et elle semble avoir retrouvé grâce à ça de nouveaux repères pour sa vie.

Les paroles, comme les attitudes de Mme Canna, correspondent aux caractéristiques de la phase de rétablissement du processus de deuil, avec la réapparition du goût de vivre, le retour de l’énergie, de l’allant et des projets, la liberté de désirer et de réinvestir de nouveaux objets.

Derrière le discours poétique et la vision philosophique de l’existence, il semble toutefois important de comprendre la nature de l’équilibre atteint et le cheminement qui a pu y conduire. Je propose donc, après la première présentation de ce parcours, d’analyser précisément la dynamique interne qui a conduit d’un investissement massif et a priori irremplaçable du travail à la découverte d’une autre manière d’être. Cette analyse consistera dans un premier temps à examiner l’histoire d’une construction de la relation à l’objet-travail puis à repérer les transferts psychiques induits par la rupture de ce lien.

Notes
479.

Il est difficile de savoir si Mme Canna parle de réels fusibles ou emploie une expression figurative pour parler d’elle-même et de ce qui se déclenche psychiquement à ce moment-là.