1.1.3 Pression environnementale et complexification du travail du deuil.

La modélisation proposée met enfin en évidence que s’ajoute à une nature de la relation défavorable au travail du deuil, un contexte environnemental adverse, c’est-à-dire venant complexifier un cheminement déjà ardu. Je résumerai rapidement les éléments mis en évidence.

Notre société s’est organisée depuis le XVIIIième autour du travail et a trouvé dans cette activité une réponse à certaines de ses angoisses majeures concernant la satisfaction des besoins d’auto-conservation et la nature du lien unissant ses membres. Elle ne parvient actuellement pas à renoncer à ce « Grand Intégrateur » et préfère soumettre une partie de sa population à des injonctions paradoxales plutôt que de voir mis en cause les énoncés fondamentaux qui l’organisent.

Ces injonctions qui se manifestent concrètement dans les dispositifs d’insertion et plus globalement dans la représentation sociale du chômage véhiculé par les discours politiques et médiatiques sont sources d’angoisse et d’humiliation pour les sujets exclus du contrat narcissique. Elles les privent de l’énergie et des étayages utiles pour chacune des étapes du processus de deuil notamment parce qu’elles sont à l’origine d’un cumul de traumatismes dépassant leurs capacités élaboratives. Elles risquent donc d’aboutir à un blocage de ce processus, blocage illustré par la description de différentes formes de stratégies mortifères face à la perte d’emploi.

Notons que la violence des pressions environnementales transparaît autant dans l’intensité des vécus de honte mis en évidence par la clinique (dans le cas de Mme Canna par exemple) que dans la virulence des retours de l’agressivité chez les quelques sujets qui parviennent à riposter aux attaques sociétales (voir par exemple les parcours de M. Otavalo et de M. Dautun).