Etat de la question

Poser le problème de la responsabilité de l'Ecole dans l'éducation à la citoyenneté revient à se demander si "l'éducation scolaire peut créer un sentiment de citoyenneté et contribuer à la paix". Plusieurs auteurs, dont A. Mougniotte (Education au politique, provocation ou sagesse, 1991), Louis Legrand (Une Ecole pour la justice et la démocratie, 1995), Patrice Meyer Bisch (La culture démocratique, un défi pour les écoles, 1995), etc.. ont traité cette question. Ils reconnaissent, d'une part, que l'Ecole est la meilleure institution d'éducation à la citoyenneté et, d'autre part, qu’elle reste incapable à elle seule de remplir cette mission.

Beaucoup de travaux de recherches (mémoires et thèses) et de conférences (nationales ou internationales) ont porté sur l'évaluation du système éducatif (formel et non formel) au Rwanda. Entre autres, citons :

• L'évolution récente de l'institution scolaire et de la carrière enseignante au Rwanda: évaluation d'ensemble (thèse de doctorat soutenu par Ildephonse Nayigizente en 1986 à Paris VIII);
• La Conférence Internationale de l'Education, 43ème session, Genève 1992, Développement de l'éducation au Rwanda 1990 - 1992, rapport national réalisé par le Ministère de l'Enseignement Primaire et Secondaire en 1992.
• La Conférence sur " La politique et la planification de l'Education au Rwanda" tenue à Kigali en Avril 1995 par les Ministères de l'Enseignement Primaire, Secondaire et ERAI (MINEPRISEC) et de l'Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de la Culture (MINESUPRES). 

Dans l'ensemble, le système éducatif rwandais a été caractérisé par une incapacité de répondre aux besoins du pays sur les plans tant socio-économique que culturel; c'est ce qui ressort de tous ces travaux et qui justifie les différentes réformes dont ce système fut l'objet à plusieurs reprises. Plus proche de notre préoccupation, une question est posée, en rapport avec le rôle de l'Ecole dans la tragédie rwandaise: "Pourquoi le système éducatif n'a-t-il pas su éviter l'autodestruction du pays" ³ ? Des tentatives de réponses existent : un contenu incomplet, sans éducation à la paix ni aux droits de l'homme ; un contenu discriminatoire dans les enseignements d'Histoire et d'Education civique ; l'éducation est devenue un instrument politique.

Mais une telle question mérite plus d'attention, plus d'analyse, et les réponses à lui donner doivent s'appuyer sur des données précises. C'est ce genre de réponses que ce travail veut chercher, en se basant, d'une part, sur l'analyse de certains enseignements ( Histoire, Géographie, Education civique et éducation aux valeurs) et, d'autre part, sur les insuffisances ou limites de l'éducation scolaire.