Nous avons vu que l'évolution des choses ouvre la voie à la coexistance obligée de groupes sociaux culturellement différents. Avec les principes des droits de l'homme et de la démocratie, qui sont, qu'on le veuille ou pas, partout mis en valeur et présentés comme idéaux de l'humanité, ces différences culturelles doivent être gérées par les Etats dans un esprit démocratique et dans le strict respect des droits de l'homme.
Cette gestion présente des difficultés, surtout quon ne voit pas le problème de la même façon. Prenons l'exemple de la France, où la situation se présente comme suit: “ ‘(...) l'on constate aujourd'hui un réveil des traditions locales et régionales et, plus globalement, une attention aux différences qui s'accommode mal de la tendance uniformatrice et normalisatrice liée à l'objectif d'assimilation. A mesure que s'accroît la pluralité, émerge peu à peu le désir du pluralisme, c'est-à-dire de la reconnaissance institutionnelle et juridique des communautés diverses qui composent la société française ”’ ‘ 259 ’ ‘.’
Face à cette pluralité croissante et à ce désir de pluralisme, les positions politiques des Français divergent :
‘“ ... d'un côté émerge un courant qui, face à la pluralisation effective de la société, exigera de plus en plus fortement la définition officielle d'un pluralisme; celui-ci devra comporter, selon les règles nettement édictées, l'octroi d'un authentique statut juridique aux diverses communautés et minorités culturelles, ethniques et religieuses, en particulier des modalités d'autonomie de gestion assez clairement garanties pour ne pas être, en même temps qu'affirmées, constamment menacées tant par le pouvoir central que par l'alternance de majorités éphémères. D'un autre côté, certains s'inquiètent d'une évolution qui, à leurs yeux, nuit à l'unité nationale; ils redoutent notamment que le pluralisme induise une emprise de l'autorité religieuse, renforce le poids excessif des diverses communautés ou encourage l'essor de tendances autonomistes, au détriment de l'esprit "laïc" et républicain ; (…). Ils adoptent une logique normalisatrice, unitariste et centralisatrice qui, en consentant à une déconcentration limitée, voit en toute validation des différences une menace pour l'unité; rejetant les cultures locales au nom d'un pseudo-universalisme, ils suspendent donc la cohésion nationale à un consensus maximal ” 260 .’Dans tous les cas, la tendance est au multiculturalisme, aux sociétés civiles, aux citoyennetés multiples.
MOUGNIOTTE (A) op cit, p.45
Idem, op.cit., pp. 43-44