1.2.2. La citoyenneté en Afrique et au Rwanda en particulier

Parler de la citoyenneté en Afrique revient à se demander comment les Etats post-coloniaux se sont consolidés, comment les principes républicains et démocratiques d'inspiration occidentale y ont été respectés, comment les institutions socio-politiques traditionnelles ont résisté ou cohabité ou fait place aux institutions modernes, etc.

En effet, avec les frontières créées par des ‘“ Etats colonialistes pour leur commodité administrative sans tenir compte des réalités ethniques ou politiques préexistantes’  ” 264 , il fallait que les populations enfermées à l'intérieur des mêmes frontières développent un sentiment d'union nationale basée sur l'appartenance à un même territoire : Etat nouvellement créé et qui leur fut imposé. Comme on n’a pas choisi de naître blanc ou noir, fille ou garçon, on n'a pas non plus choisi de naître Rwandais, Ougandais, Albanais, Français ou autre. Il fallait que chacun, pour la préservation de la paix et de la survie, se reconnaisse désormais "citoyen" dans le nouvel Etat, c'est-à-dire que personne ne se sente ou ne soit ressenti comme étranger, que chacun se reconnaisse dans ses droits et ses devoirs et prérogatives de citoyens, qui normalement sont les mêmes pour tous; que chacun ait la volonté et la liberté de participer à la gestion et au développement collectif de cet Etat; que chacun se sente responsable de l'’état" général du territoire et de ses hommes, etc.

Même si ces sentiments, ces attitudes, qui sont celles du citoyen en général, pouvaient exister chez les peuples africains pré-coloniaux, elles devaient être reconsidérées, revivifiées, réadaptées, car les conditions, les circonstances devenaient différentes avec les nouvelles définitions spatiales, qui imposaient de nouvelles appartenances, de nouvelles identités, de nouvelles représentations sociales, bref une nouvelle philosophie de la vie, un nouveau comportement individuel et social.

Notes
264.

TSHIYEMBE MWAYIRA. L'Etat post-colonial, facteur d'insécurité en Afrique, Présence africaine, Paris, 1990, p.9.