2.1.2.2. Eduquer en vue de la polyvalence

‘“ Si l'autonomisation consiste à augmenter les pouvoirs et zones d'initiatives de la personne, ce n'est pas simplement pour lui permettre de survivre; c'est aussi pour élargir ses possibilités, augmenter ses ressources, lui procurer des savoirs et des savoirs-faire aussi nombreux et variés que possible, l'aider à découvrir tout ce dont il est capable. Qu'il s'agisse de l'initiation à la vie quotidienne, des pratiques sportives, de la culture intellectuelle, elle doit donc toujours viser la polyvalence maximale de chacun ” 286 .’

Comme l'indique Guy Avanzini, ‘l'éducation est prodiguée à l'élève sans que et avant qu'aucun usage précis soit prévu des apports qu'il reçoit. La formation, au contraire, donne une compétence "précise et limitée", dont l'usage est envisagé avant de la recevoir et amène à se la donner. Dès lors, la première est le support de la seconde : plus elle est développée et plus elle autorise l'assimilation de qualifications diverses et de niveau élevé. En outre, elle élargit fortement la surface des choix ’ ‘ 287 ’ ‘.”’

La polyvalence est-elle possible ? Est-elle nécessaire? La maîtrise d'un seul domaine ne serait-elle pas préférable ? La polyvalence est possible, à condition que l'éducation reçue soit suffisante, bien solide.  Encore, précise A. Mougniotte, ‘“  faut-il pour cela qu'elle soit poussée et sauvegardée, voire promeuve, la capacité et le goût du travail intellectuel qu'exige le renouvellement éventuel des qualifications ”’ ‘ 288 ’ ‘.’ Elle est aussi nécessaire, car la société actuelle valorise la "mobilité" comme le fait remarquer A. Mougniotte. “  ‘Cette notion, écrit-il, désigne le changement de statuts et de rôles notamment professionnels, qui affecte ou, selon certains auteurs, devrait dorénavant affecter un nombre croissant d'adultes. Il y a là un phénomène social qui connaît désormais non seulement une extension d'ordre quantitatif mais aussi et surtout une transformation d'ordre qualitatif. Il n'est plus perçu comme l'effet involontaire d'une contrainte socio-économique ou un symptôme, presque pathologique, d'instabilité, mais volontiers comme l'indice d'une adaptabilité persistante et la créativité de la personne. Il permettrait l'exploration et l'exploitation de ses virtualités, la manifestation et l'investissement de la pluralité de ses aptitudes, ainsi métamorphosées en capacités efficaces et patentes. Cette nouvelle conception de la mobilité ne va donc pas sans mettre en relief cette caractéristique de l'éducation, qui est de viser l'extension indéfinie de la polyvalence personnelle’  ” 289 .

Notes
286.

MOUGNIOTTE (A). idem.

287.

AVANZINI (G). De la formation et de l'éducation permanentes des adultes, Cahiers Binets-Simon, n°628, 1991, p.5-19

288.

MOUGNIOTTE (A), op. cit., p.31

289.

MOUGNIOTTE (A), op cit., pp. 30-31