2.1.2.3. Eduquer en vue de la finalisation

Charles Hadji définit l’éducation comme ‘“ l’ensemble des activités par lesquelles des êtres humains s'efforcent d'intervenir sur le développement d'autres êtres humains, pour l'orienter selon les directions estimées bonnes et lui donner certaines formes jugées souhaitables ”’ 290 . Parler de "directions bonnes", ajoute Mougniotte 291 , de formes "souhaitables", c'est se référer à des valeurs.

La question qui se pose est donc de savoir quelles sont ces directions, ces formes, bref les valeurs que doit viser cette intervention, surtout que, en matière axiologique, les visions diffèrent. C'est en ce sens que J.M. Domenach écrit que “  ‘le problème majeur de l'école aujourd'hui n'est ni de ses ressources, ni celui de ses techniques, mais bien celui de ses finalités’  ” 292 . Se référant aux discussions sur les problèmes de l'Ecole, le même auteur ajoute: “  ‘il serait déplorable que ce débat se réduise aux questions de statut, de rémunération et de rythmes scolaires. Ces questions sont très importantes, mais elles ne doivent pas occulter la question fondamentale : qu'enseigner, et comment l'enseigner’  ” 293 ?  Au total, “  ‘quel homme, dans et pour quelle société”’ 294  ?

Au-delà de l'Ecole, précise Mougniotte, ces questions sont posées à l'éducation: “  ‘Vers quelle direction aller ? Autonomiser le sujet ? Promouvoir la polyvalence ? Oui, mais pourquoi et pour quoi ’ 295  ? Les lignes suivantes établissent un rapport étroit et logique entre les trois visées de l'éducation et donnent une réponse à la question de sa direction : “  ‘les deux objectifs précédents (autonomisation et polyvalence) ne prennent donc sens qu'en fonction du troisième (finalisation): ce sont les finalités qui appellent autonomie et polyvalence, puisque la première est requise pour les poursuivre librement et la seconde pour en avoir les moyens ’ 296 . Ainsi pour Jacques Maritian, “  ‘l'homme étant une personne, inconditionnellement pourvue de la dignité attachée à ce statut, la première fin à cultiver est d'organiser son progrès spirituel, c'est-à-dire de l'aider à la "conquête de la liberté intérieure et spirituelle, à sa libération (...) par la connaissance et la sagesse, la bonne volonté et l'amour ”’ 297 . Cette libération, poursuit Mougniotte, ‘“ permet d'aller vers la vérité, à laquelle tout sujet est ordonné et dont, même obscurément, il porte en lui le désir profond. Il s'agit donc de l'amener à adopter ce qui vaut, c'est-à-dire ce qui est digne d'être recherché, choisi, et voulu par l'être humain en tant que tel, ce que sa dignité requiert qu'il connaisse comme tel. De cela, l'éducation se propose de susciter une intériorisation raisonnée, c'est-à-dire d'y faire adhérer en raison de la conviction qu'on aurait acquise du bien-fondé de certaines valeurs’ ” 298 .

Notes
290.

HADJI (Ch.) L'évaluation des actions éducatives, Paris, PUF, 1992, p .14.

291.

MOUGNIOTTE (A.), op. Cit. p.32

292.

DOMENACH (J.M). op. cit., p.10

293.

DOMENACH (J.M.) op. Cit. P.10

294.

Idem, p.77

295.

MOUGNIOTTE (A). op. cit, p. 32

296.

Idem

297.

MARITAIN (J). op. cit. p. 26

298.

MOUGNIOTTE (A). op. cit, p. 33