3.1.2.3. Ce que pourrait apporter ce modèle à la problématique scolaire africaine 403

L'expérience scolaire de Colombie peut inspirer les pays africains en matière de résolution des problèmes de scolarisation, d'autant plus que les objectifs de l'Ecole Nouvelle sont également ceux de la plupart des politiques scolaires des pays africains. Tous ces objectifs semblent s'insérer parfaitement dans les politiques actuelles de beaucoup de ministères de l'Education des pays africains. Dès lors, pourquoi ceux-ci ne bénéficieraient-ils pas d'une telle expérience qui, depuis 20 ans, a fait ses preuves et a une ampleur nationale en Colombie ?

Les objectifs poursuivis par le modèle sont :

Tous les problèmes que s'est posés l'Etat colombien sur les besoins éducatifs de ses enfants pour que les générations futures puissent répondre aussi bien à leurs propres problèmes d'intégration et de développement communautaire, qu'aux besoins d'un Etat, ce sont ceux que se posent, aujourd'hui, beaucoup d'Etats africains. La Colombie y a répondu par l'Ecole Nouvelle et toutes les évaluations jugent que, malgré quelques points faibles, les objectifs ont été globalement atteints.

L’Ecole Nouvelle forme des enfants actifs, créatifs, participants et responsables. Ils ont appris à penser, à analyser et, tout spécialement, à appliquer directement ce qu'ils apprennent pour répondre aux besoins communautaires. Les enfants étudient par petits groupes, en utilisant des guides d'auto-formation qui leur sont remis gratuitement par l'Etat colombien. La "promotion" à des classes ou degrés supérieurs se fait de façon flexible. Les enfants étudient, mais peuvent aussi continuer à aider leur famille dans ses tâches économiques et domestiques, sans pour autant devoir perdre de la qualité dans les apprentissages, ni devoir quitter l'Ecole.

La formation et l'entraînement des maîtres est démultipliable et décentralisée. Leur suivi est assuré par les micro-centres ruraux, où des groupes de maîtres se réunissent, échangent leurs expériences pédagogiques, s'entraident à faire face aux problèmes spécifiques rencontrés par chacun, etc. Ils sont davantage des ‘’animateurs’’, "facilitateurs", "promoteurs", de l'apprentissage des enfants que des "détenteurs d'un savoir magistral et universel". Ils guident, orientent, évaluent l'apprentissage. Dans les ateliers où ils se forment, ils expérimentent une méthodologie analogue à celle qu'ils vont ensuite appliquer dans leur classe avec les enfants.

L'Ecole Nouvelle joue un rôle de centre d'information et de noyau intégré de la communauté. Les parents d'élèves, et même l'ensemble de la communauté s'intègrent et participent aux activités scolaires et, à son tour, l'Ecole promeut des activités au profit direct de la communauté.

L'Ecole fonctionne avec un "Gouvernement Scolaire" par lequel les enfants s'initient à la vie civique et démocratique; ils développent des attitudes de coopération, de camaraderie, et de solidarité. Ils participent avec des responsabilités réelles, à l'organisation et l'administration de l'Ecole. Elle peut être un bon modèle pour l’Afrique, dans ses efforts de développement des systèmes éducatifs africains. Le plus grand reproche adressé aux systèmes éducatifs africains est que l’enseignement est trop théorique pour préparer des gens utiles sur terrain ; il ne répond pas aux besoins de la population, en fournissant des citoyens actifs et responsables.

Si l’Ecole Nouvelle Colombienne a pu résoudre pas mal de problèmes de cet ordre, pourquoi les pays africains ne s’en inspireraient-ils pas pour améliorer leurs systèmes ? C’est dans ce cadre que nos propositions pour le Rwanda tiendront compte de cette expérience colombienne.

Notes
403.

OICD. Exemple de Transfert Sud-Sud, ce que pourrait apporter le modèle ‘’Escuela Nueva’’de Colombie à la problématique scolaire africaine.