PARTIE III
L'EDUCATION A LA CITOYENNETE PEUT-ELLE CONTRIBUER A RESOUDRE LES PROBLEMES SOCIO- POLITIQUES RWANDAIS ET A RAMENER LA PAIX AU RWANDA ?

INTRODUCTION

Le coup d’Etat du roi, effectué avant la colonisation, marque, en même temps une aspiration citoyenne (mettre fin à la monopolisation du pouvoir politique) et sa négation (recours à la violence et à l’intolérance). De même, la période coloniale fut caractérisée par une contradiction entre les valeurs socio-politiques occidentales enseignées à l’Eglise et à l’Ecole et les réalités du terrain. Ainsi, rien n’a pu arrêter les expéditions meurtrières organisées par l’Etat à travers le pays et la guerre civile de 1959 qui opposait les Hutu aux Tutsi.

Après l’indépendance, l’Etat n’a cessé de vivre en guerre : attaques de réfugiés (1963-1964), guerre civile de 1972-1973 combinant ethnisme et régionalisme et massacre de Hutu et Twa et génocide des Tutsi des années 1990. Au centre de ces guerres, il y a simultanément revendication de la citoyenneté (désir de partager le pouvoir politique et de consolider les principes démocratiques et républicaines) et sa négation. Les principaux signes de celle-ci sont :

  • la violence (guerres civiles) ;
  • la rupture avec les idéaux nationaux des institutions démocratiques et républicaines, marquée par le monopartisme et la monopolisation du pouvoir , le régionalisme et l’ethnisme, la privatisation de l’Etat et le mensonge politique ;
  • le maintien d’une population en exil ;
  • la persistance, jusqu’en 1994, des anti-valeurs citoyennes qui ont caractérisé la période pré et péri-coloniale, à savoir : l’intolérance politique, de cruels massacres de la population organisés par l’Etat, la haine raciale et la croyance absolue aux mythes, aux idéologies et aux représentations sociales.

C’est cette contradiction qui justifie l’échec de la citoyenneté rwandaise. L’Ecole a-t-elle eu un rôle dans cet échec ? Peut-elle contribuer au changement de la situation dans le sens de la tolérance, de la cohabitation et de la paix.