1.1.2 Les politiques de l'éducation

L’enseignement scolaire fut l’une des formes de l’éducation qui a beaucoup préoccupé les autorités rwandaises. Durant la période républicaine, il a été l'objet de plusieurs réformes car tous les réformateurs accusaient le système éducatif d'avoir déraciné culturellement les Rwandais et d'avoir produit des individus incapables de répondre aux besoins du pays.

En 1957, parmi les revendications des premiers leaders de la République (cfr Manifeste des Bahutu), figurait la réforme de l'enseignement: ‘“ surveillance de l'accès démocratique au secondaire et d'une distribution équitable des bourses universitaires; développement rapide de l'enseignement professionnel, technique et artisanal, à peine existant dans le pays alors qu'il est la base de l'émancipation économique; multiplication des foyers sociaux pour les milieux féminins ruraux’  ” ⁴⁸¹ .

A propos de l'accès démocratique au secondaire et de la distribution équitable des bourses universitaires, l'Ecole est restée le reflet des rivalités ethniques et régionales après l'indépendance. Quant à la professionnalisation de l'enseignement, les critiques et les objectifs d'enseignement formulés ultérieurement en vue d'autres réformes font penser qu’elle n'a pas été réalisée comme il aurait été souhaité.

En 1972, une mission d'évaluation a constaté qu'une proportion non négligeable des jeunes gens n'était pas touchée par l'Ecole et que la grande majorité de ceux qui y étaient admis la quittaient avant la fin du primaire, souvent avant d'être alphabétisés d'une façon complète et durable. Par ailleurs, la mission a constaté que les programmes n'étaient pas suffisamment orientés vers les problèmes de développement auxquels devait faire face le Rwanda, où l'agriculture était prédominante et devait le rester dans les prochaines années ⁴⁸² .

C'est dans ce cadre qu'une réforme était envisagée avec, comme objectif:

• modifier les structures ;
• améliorer la qualité de l'enseignement et l'adapter aux conditions du pays.

En 1973-74, la politique de l'éducation était définie comme suit :

• l'enseignement primaire devrait être conçu avant tout pour permettre à la jeunesse rwandaise de sortir de ce cycle, bien armée afin d'affronter la vie, participer utilement au développement national ;
• la formation au secondaire devrait répondre aux besoins de développement en formant des cadres moyens. Elle serait donc plus technique, plus spécialisée, plus orientée que générale ;
• seul un certain nombre de jeunes gens spécialement doués ayant terminé le cycle complet du secondaire pourraient accéder à la formation universitaire et, là aussi, les nécessités du développement national devraient commander l'orientation des étudiants : seules les disciplines qui n'existent pas dans nos écoles supérieures et universitaires pourraient bénéficier des bourses d'études à l'étranger ;
• il serait compréhensible que l'admission aux différentes écoles tiendrait compte de la composition sociale, ethnique et régionale de la société rwandaise.

C'est après cette déclaration du Chef de l'Etat que le MINEDUC (Ministère de l’Education Nationale) commença, dès l'année scolaire 1973-1974, à élaborer un projet de réforme de l'enseignement, conformément aux orientations précisées au plus haut échelon de la Nation : une Ecole primaire qui préparerait les citoyens devant être au courant de leurs devoirs, un enseignement secondaire et supérieur professionnalisés.

A la fin des années 1970, les critiques formulées à l'endroit de l'éducation scolaire demeuraient, au début des années 1960, en des termes parfois encore plus sévères. C'est ainsi que, en 1979, a commencé une réforme globale, dont les objectifs étaient de quatre ordres ⁴⁸³ :