3° Le développement culturel

Cet objectif visait à:

Les inquiétudes qui ont motivé la formulation de ces objectifs de la réforme de 1979 sont liées au fait que le système vécu jusque là n'avait pas pu former des individus dont le pays avait besoin; autrement dit, le système éducatif rwandais ne réalisait pas encore les objectifs formulés depuis la veille de l'indépendance et de l'institution de la République.

En peu de mots, ces objectifs révèlent un souci de formation de "citoyens rwandais", qui se reconnaissent rwandais, responsables du développement de leur pays et capables de le développer ; cet objectif n'avait pas été réalisé jusque là, comme le soulignent les instructions émanant des hautes instances de la politique rwandaise en 1984; nous en reprenons quelques unes : “  ‘Le système rwandais de l'éducation entend poursuivre le changement du système éducatif colonial qui, malgré certains bienfaits, laissait la majorité de la population dans l'ignorance, encourageait l'élève à se séparer de son milieu, défavorisait la formation technique et professionnelle et avait fait du système d'enseignement un facteur de stratification sociale. L'éducation est entendue... comme l'ensemble des moyens, actions ou processus par lesquels tout citoyen est aidé dans son épanouissement personnel et dans l'acquisition des capacités, des modes de comportements, des valeurs considérées comme essentielles par le milieu où il est appelé à vivre’  ” 484 . C’est dans cet esprit que la politique de l’éducation devait :

‘“blabla’
  • tendre à la formation des citoyens responsables, techniquement capables, moralement équilibrés et soucieux des intérêts de la Nation ;
  • dispenser aux jeunes les connaissances et les techniques et faire acquérir les attitudes devant faire d'eux des agents de développement ;
  • viser à faire acquérir des connaissances générales, techniques, professionnelles, morales et civiques à tous les Rwandais afin qu'ils puissent travailler efficacement pour eux-mêmes et pour la société rwandaise à prédominance rurale ” 485 .

Dans les orientations de l’éducation nationale, il est précisé que : “‘ l'éducation vise la formation intégrale de la personnalité et la conquête de l'autonomie individuelle. Cependant, l'homme étant avant tout un être social, les intérêts collectifs priment sur les intérêts individuels. Sa formation doit lui permettre d'être utile et à lui-même et à la société dont il dépend ’” 486 .

D'après ce texte, l'éducation est destinée à tous les citoyens. Et selon la Constitution en vigueur, les citoyens rwandais sont égaux devant la loi, sans discrimination aucune, notamment d'origine, d'ethnie, de clan, de position sociale.

La politique de l'éducation dont il est question ici - elle n'est pas différente de celles qui l'ont précédée ou suivie - précise les qualités du citoyen que l'éducation doit viser : la responsabilité, la capacité technique, l'équilibre moral et le souci de l'intérêt national.

En 1994, beaucoup conclurent à l'échec du système éducatif rwandais; autrement dit, aucun de ces buts - par ailleurs irréprochables pour l'éducation du citoyen - consignés dans la politique de l'éducation n'a été atteint ; sinon, le pays n’aurait pas connu les massacres et le génocide des années 1990.

Au-delà des indications de la politique de l'éducation, quelques questions se posent:

  • Ces buts ont-ils été traduits précisément en objectifs opérationnels, concrets, tangibles?
  • Leur définition a-t-elle couvert tous les champs intéressant le citoyen dans un Etat qui se veut démocratique et républicain ? Plus précisément: quelles connaissances, quelles responsabilités, quelles capacités, quelle morale, l'éducation a-t-elle développées chez les Rwandais?
  • Le Rwandais connaît-il le sens du concept de ‘’nation’’ ? A quel espace physique et humain étend-il la notion d'intérêt national ?
  • Les acteurs de l'éducation avaient-ils la même vision des objectifs del'éducation ? Visaient-ils les mêmes objectifs ? Ou, dans l'action éducative, y avait-il des effets contradictoires ?
  • Les acteurs de l'éducation avaient-ils les capacités (savoir et savoir-faire) ainsi que les qualités (savoir être) requises pour cette tâche, qui n'est pas des moins exigeantes ?
  • Les conditions matérielles et méthodologiques étaient-elles favorables à cette entreprise éducative ?

Notes
484.

REPUBLIQUE RWANDAISE, Politique de l’Education, de la culture, de la recherche scientifique et technique au Rwanda, MRND, Kigali, 1984, p.114

485.

Idem, p.17

486.

Idem, p.15-16