1.2.4.4. Au point de vue épanouissement socio-psychologique

Sur le plan culturel, toutes les valeurs et pratiques traditionnelles ont été considérées comme païennes et mauvaises et enseignées comme tel. Elles ont été abandonnées au profit des valeurs et pratiques du colonisateur, qui ne pouvait pourtant que les remplacer superficiellement et non profondément. Le rôle psychologique, psychique ou social que jouaient le respect des valeurs et la pratique des rites et cultes traditionnels ne pouvait pas l’être par les valeurs et les pratiques d'une autre culture, une culture étrangère imposée. Nous nous rendons compte de l'impact de l'abandon de certaines pratiques religieuses sur l'expression de la violence, référence faite aux drames rwandais qui ont conduit aux "génocide et massacres" de 1994, comme l’écrit De Lame :

‘“ A côté des facteurs économiques qui selon certains auteurs, auraient un effet presque automatique (Fox 1982:26; Maton 1994), ont joué des facteurs politiques. Les politiciens recouraient aux règles culturelles de gestion de la violence, touchaient les points sensibles des représentations sociales pour faire monter les tensions. Ce recours était d'autant plus facile que les anciens exutoires avaient disparu : le culte de Ryangombe était moins pratiqué et parfois "récupéré" par le folklore officiel, les fêtes se montaient comme des manifestations ordonnées d'où le chaos était soigneusement conjuré. La culture rwandaise d'autrefois instituait peut-être, dans le culte de Ryangombe, un espace ritualisé pour une expression des velléités subversives mais, plus sûrement, un espace subversif où pouvait se donner libre cours un rire libérateur qui désamorçait la violence ” 539 .’

Les rwandais souffriraient donc de leur déracinement culturel qui les aurait privés des espaces privilégiés à l’expression symbolique de la violence, à l’orientation de celle-ci dans des activités ou pratiques culturelles, plutôt constructives que destructives.

Notes
539.

LAME(De) (D). op. cit., p.304