1.3.1.1. L'Enseignement Normal Auxiliaire (EAP, EMA, ENA)

EAP
Ecole d'Apprentissage Pédagogique:
EMA
Ecole de Moniteurs Auxiliaires
ENA
Ecole Normale Auxiliaire.

Comme l'écrit Nayigizente, les EAP, les EMA et les ENA furent à tout instant des filières instaurées à cause des besoins du moment. Elles eurent tout le temps pour objectif précis de former les enseignants du premier cycle du primaire. Pour les EAP, les candidats étaient des élèves qui avaient suivi "avec fruit" au moins les 2 premières années d'une école primaire du second degré ordinaire ou sélectionnée (c'est-à-dire la cinquième année). Les programmes comprenaient la révision des matières du primaire et l'initiation à la méthodologie du premier degré du primaire. Cette formule, qui ne donnait pas les enseignants compétents, a disparu vers la fin des années 1950 mais elle a été réinstaurée par la jeune République avec le problème de la surpopulation scolaire, sous le nom d'EMA = Ecoles de Moniteurs Auxiliaires, en 1963 541 .

Pour les EMA, les candidats étaient ‘“ les élèves ayant terminé la première année secondaire sans pouvoir continuer ce degré d’études. Y étaient admis aussi ceux qui terminaient avec succès l'école primaire. Comme dans les EAP, les élèves-maîtres des EMA essayaient, pendant deux ans, d'acquérir des techniques d'alphabétisation pour pouvoir enseigner dans le premier cycle du primaire. Comme enseignement général, on leur apprenait quelques éléments d'arithmétique, de français et surtout de Kinyarwanda. Afin qu'ils puissent faire acquérir les techniques de lecture, d'écriture et de calcul, on les initiait aux différentes didactiques des disciplines en vigueur dans les programmes des degrés auxquels ils étaient appelés à enseigner. L'on ne manquait pas, bien sûr, de les sensibiliser à la connaissance élémentaire de l'enfant et à quelques principes de pédagogie’ ‘ 542 ’ ‘.’ Cette formule prit fin vers les années 70, remplacée par celle des ENA :les candidats y étaient détenteurs du certificat du Tronc Commun. En d'autres termes, ceux qui étaient jugés incapables de suivre d'autres études secondaires s’y voyaient directement orientés. Elles dispensaient un enseignement dans la perspective de celui des EMA, mais en tenant quelque peu compte des prérequis des candidats 543 .

Quelle appréciation porter sur ces Ecoles auxiliaires ?

Comme le constate Nayigizente,

‘“ elles furent des accidents de l'histoire de l'enseignement rwandais. En effet, elles ont été créées juste pour récupérer les misérables menacés de chômage (du moins pour les EMA et ENA). Elles constituèrent un système de secours, des orientations bouche-trous, sans lendemain sûr. Dorénavant, les ressortissants de ces Ecoles étaient handicapés par l'appellation "auxiliaire" alors que, dans la pratique, ils étaient titulaires d'une classe au même titre que leurs autres collègues.
Les ENA étaient plus inhibitrices que les EAP et les EMA parce que les enfants y passaient deux ans (après les trois ans du Tronc Commun.) pour avoir un diplôme justement de deux ans (D2) pour une formation quasi semblable à celle des sections terminales. Ceux qui entraient dans les ENA se sont toujours considérés comme des ‘’ratés’’. Déjà jugés inaptes à suivre les études secondaires classiques, ils n'ont jamais manifesté le désir de se former. Rien n'y laissait espérer une formation professionnelle valable parce que les critères de recrutement étaient des moins sérieux, très angoissants pour ceux qui s'estimaient capables de suivre le secondaire moyen et terminal. Heureusement, ces sections se sont supprimées avant qu'elles n'allongent davantage la liste des mécontents (vers 1975) ” 544 .’

Notes
541.

Idem, pp. 69-70

542.

Idem, p. 71

543.

Idem, p. 71

544.

Idem, pp.71-72