Conclusion

Nous avons donc présenté les souhaits de certains membres de la population rwandaise sur la reconstruction du système éducatif et confronté ces derniers aux souhaits de l'Etat. Nous avons constaté un décalage entre l'objet d'inquiétude de la population et celui de l'éducation scolaire : l'éducation morale semble préoccuper aussi bien la population que son gouvernement, mais l'analyse des programmes montre que l'accent est mis sur l'éducation intellectuelle. L'éducation à la citoyenneté, qui est une éducation aux valeurs, risque donc de rester au niveau des propositions et des intentions si les contenus et les méthodologies scolaires des cours ayant un rapport direct ou indirect avec les valeurs de la citoyenneté ne s'améliorent pas.

C'est ainsi que, après avoir porté l'attention sur les conditions de création d'une ambiance nationale favorable à une éducation aux valeurs, nous avons fait des propositions relativement aux programmes et aux méthodes.

Pour nous, cette ambiance dépendra, d'une identification, sur base d'un consensus national, des valeurs politiques, morales ou socio-culturelles à promouvoir sur le plan national. Pour donner à cette définition des valeurs une base sociale solide, il faut, d'une façon solennelle, mettre un point final aux contradictions diverses sur l'identité des Rwandais. C'est dans ce sens que nous proposons une redéfinition ou une réhabilitation du "Rwandais". Et pour que les gens puissent exprimer leurs idées, leurs désirs, leurs inquiétudes, il faut rétablir la paix et éradiquer la peur des Rwandais.

A propos des programmes, nous proposons un schéma, inspiré par A. Mougniotte qui, selon les trois visées de l'éducation, autonomisation, polyvalence et finalisation, donne l'idée de ce que devrait être le citoyen rwandais. C'est au niveau de la polyvalence que nous avons proposé des améliorations par rapport aux anciens programmes (d'avant 1994) et à ceux de 1997. Les propositions portent sur l'Education morale, l'Education civique, l'Education au politique, l'Histoire et la Géographie.

L'analyse des programmes (curricula) de ces cours ayant révélé une défaillance au niveau des savoirs-être, un problème de tout temps et de tout lieu, nous avons proposé une approche méthodologique synthétisant plusieurs expériences pédagogiques. Elle donne la parole aux enfants qui racontent leurs histoires vécues personnellement, les analysent, les apprécient et portent des jugements sur les faits qu'elles contiennent et, enfin, en tirent des conclusions pratiques à réaliser eux-mêmes.