CONCLUSION GENERALE

Comment cela fut-il possible ? Voilà la question qui est à la source de notre recherche. L'expression "Cela" fait allusion aux massacres et au génocide de 1994. Comment cela fut-il possible sur un territoire dit "Etat-nation" et chez un peuple de "citoyens"?. Cette question sous-entend un doute vis-à-vis de l'incarnation des notions d'Etat, de Nation et de citoyenneté. Ces notions, étant un apport colonial, devaient être enseignées aux Rwandais pour les faire connaître, aimer, adopter et, surtout, appliquer. C'est ainsi que la question finit par être : “ Pourquoi le système éducatif rwandais n'a-t-il pas permis d'éviter la catastrophe humaine de 1994 ? ” Autrement dit, pourquoi le système éducatif n'a-t-il pas pu éviter une telle intolérance, allant jusqu'à l'auto-élimination physique ?

Pour cela, nous avons d'abord fait une présentation ethnographique et historique du Rwanda et ensuite une analyse théorique du concept "citoyenneté" et de l'expression "éducation à la citoyenneté".

Les données ethnographiques présentent la population du Rwanda comme trois groupes sociaux différents, les Hutu, les Tutsi et les Twa, dont on ne sait pas, jusqu'aujourd'hui, s'ils forment ou non une même ethnie. Avant et pendant la colonisation, l'organisation socio-politique se basait sur une croyance aux mythes, qui ont pris la valeur de vérités scientifiques et dont l'impact subsiste à la fin du 20è siècle. Ce que ces mythes ont de particulier et de dangereux pour les Rwandais, c'est qu'ils légitiment la supériorité naturelle des Tutsi sur les Hutu et les Twa et justifient ainsi le droit naturel des Tutsi de commander les autres. Ces mythes ont induit chez les Rwandais des représentations sociales et des préjugés tellement puissants que les valeurs socio-politiques liées aux institutions occidentales perdent toute leur valeur devant les Rwandais. C'est ainsi que, malgré les principes démocratiques et républicains déclarés officiellement par les leaders des deux dernières républiques [la 1ère (1961-1973) et la 2è (1973-1994)], la gestion politique réelle n'a pas manqué de se référer à ces mythes idéologiques de la tradition.

Cette situation a créé deux camps, toujours en conflit ouvert ou discret : les uns luttent pour la valorisation de l'idéologie traditionnelle, et les autres pour son éradication. C'est dans cet esprit d'opposition et de manque de confiance qu'est née une intolérance ethnique entre les deux camps qui n'arrivaient pas à se rallier complètement aux nouvelles valeurs socio-politiques, alors que leur discours officiel en faisait des principes directeurs.

Au-delà de l'ethnisme, le Rwanda a aussi connu le régionalisme, dont les racines se retrouvent dans l'histoire des anciennes régions constituant le Rwanda actuel ; ce régionalisme est très important, aussi bien socialement que politiquement, entre le Nord et le Sud.

L'ethnisme et le régionalisme sont des manifestations de la résistance du peuple rwandais à l'intégration des valeurs socio-politiques modernes dont la finalité est la cohabitation tolérante de groupes sociaux différents, appelés à se développer ensemble. L'attachement des rwandais aux institutions socio-politiques traditionnelles basées sur les appartenances ethniques et régionales, marquée par l'exclusion de "l'autre", montre que, d'une part, ce peuple reste ignorant ou indifférent de l'importance de toute organisation inter-communautaire et que, d'autre part, les vérités contenues dans leurs mythes traditionnels gardent leur valeur et restent des références pour certains, dont l’influence a été très grande.

Nous croyons que les deux éléments sont la conséquence d'un manque d'éducation, qui a empêché les Rwandais à se détacher progressivement de leurs croyances mythiques et des clichés et préjugés qui en sont résultés. Une éducation qui devait leur faire comprendre l'intérêt d'être différent dans le développement de la société humaine; une éducation qui devait développer un esprit tolérant et une volonté de se développer ensemble. C'est ce que nous avons appelé "Education à la citoyenneté".

Le concept politique "citoyenneté" convient-il à la situation rwandaise ? Et, si oui, l'éducation à la citoyenneté peut-elle créer un esprit citoyen là où il était absent ? Nous avons essayé de répondre à ces questions dans la deuxième partie.

L'analyse du concept "citoyenneté" nous a amenée à conclure qu'il était un idéal pour l'organisation socio-politique des communautés humaines actuelles. Elle invite les populations à créer des communautés politiques où tout le monde ait les mêmes droits et les mêmes devoirs ou responsabilités, où tout le monde ait le droit et le devoir de participer à la gestion publique de sa communauté dans la recherche d'un intérêt collectif. Elle reconnaît la dignité de l'être humain, l'égalité de tous les hommes et combat l'égoïsme et le mépris de l'autre.

En Afrique, la citoyenneté a été acceptée comme un principe modèle des politiques post-coloniales. Cependant, nous avons constaté que, pour plusieurs raisons, les principes de la citoyenneté ne sont pas respectés. Parmi ces raisons, nous avons noté le manque de préparation aux nouvelles institutions post-coloniales et aux valeurs qui les accompagnent.

A propos de la capacité de "l'Education à la citoyenneté" de créer l'esprit citoyen là où il manquait, nous avons analysé ce que signifiait "éduquer à la citoyenneté", avant de voir s'il existe des expériences réelles de ce genre d'éducation. Eduquer à la citoyenneté signifierait donner au citoyen ou au futur citoyen:

Il est évident que l'éducation à la citoyenneté gagnerait en efficacité chez des personnes ayant reçu l'éducation de base, qui est le minimum culturel et vital auquel tout le monde a droit.

L'analyse de cet élément d'éducation à la citoyenneté à travers le monde montre qu'elle est sentie comme un besoin aussi bien dans les pays développés que dans les pays non développés. Cependant, ces derniers le ressentent encore plus, surtout que cette éducation doit commencer au niveau le plus bas, celui de la prise de conscience de cette notion et de la sensibilisation à la nécessité de l'adopter et d'appliquer ses principes.

L'institution scolaire s'est révélée mieux indiquée pour cette éducation. C'est pourquoi beaucoup d'initiatives ont été prises à travers le monde et depuis beaucoup d'années pour rendre l'Ecole un lieu idéal pour l'éducation à la citoyenneté. Quelques résultats positifs ont été enregistrés, pas suffisants pour dire qu’elle a réussi cette mission, mais suffisant pour donner le courage à ceux qui veulent s’en servir pour éduquer les citoyens dignes de ce nom.

Plusieurs raisons font obstacle à cette réussite; certains sont externes à l'école et d'autres sont liées à sa nature même. Pour ce qui est du premier groupe, il est évident que l'Ecole n'est pas seule capable de faire incarner des valeurs sans la collaboration des familles d'enfants et de la société (civile, politique ou religieuse). Sur le plan politique, il a été constaté, d’une façon générale, qu'il est difficile, voire impossible de faire une éducation à la citoyenneté dans un Etat non démocratique, ce qui fut le cas du Rwanda.

La société, quant à elle, se désintéresse de plus en plus de l'éducation des jeunes, suite à l'absence d'une référence axiologique commune, beaucoup de facteurs incontrôlables influençant le comportement des enfants et des jeunes. Au niveau familial, nous avons relevé des faiblesses dans l’éducation des enfants, liés à la pauvreté et à l'ambiance socio-affective et culturelle non favorable à l'épanouissement affectif, moral et intellectuel des enfants.

Les médias constituent un autre facteur puissant, pouvant influencer l'efficacité de l'éducation scolaire. Plutôt que de jouer un rôle éducatif, ils "sclérosent et menacent la réflexion", ils "érodent la morale" et incitent à la violence. Vu l'importance de celle-ci actuellement, nous nous sommes posée la question de savoir si l'éducation pouvait aider à la faire disparaître. Après avoir distingué la violence de l'agressivité, la psychanalyse nous apprend que l'éducation peut éviter l'agressivité destructrice et la violence, sachant qu’elles ne sont pas innées et que la seconde est une conséquence de la culture moderne.

Si l'éducation peut les éviter, les obstacles sont encore importants. Trois moyens s'offrent à l'Ecole pour lutter contre l'agressivité destructrice et la violence : l'orientation de l'agressivité dans les activités constructives, l'information sur les causes de la violence (le racisme, le manque de chaleur humaine, le manque d'espace vital, la recherche du pouvoir...), et l'apprentissage des méthodes de résolution de conflits sans recourir à la violence.

Chacun des trois moyens a ses obstacles : l'éducation de l'agressivité ne peut être assurée que par des éducateurs éduqués sur le plan pulsionnel; pourtant, des parents ou des enseignants agressifs, violents ou pervers sont nombreux. Quant à l'information sur les causes de la violence, il est évident qu'on ne peut pas éviter ce qu'on ne connaît pas. Cependant, l'instruction ne suffirait pas. La lutte contre les causes de la violence rentre dans le domaine de l'Education aux valeurs, qui connaît encore beaucoup de problèmes méthodologiques. Il en est de même de l'éducation à la résolution non violente des conflits, qui est fondée sur la tolérance.

Après les facteurs externes à l'Ecole, nous avons analysé les facteurs liés à sa nature même. Parmi eux, nous avons relevé le problème de l'inefficacité de la méthodologie de l'Education aux valeurs. Les valeurs de la citoyenneté sont bien connues et reconnues par tout le monde. Cependant, leur connaissance ne garantit pas leur adoption et leur application. Pour aboutir à ce dernier but, "l'incarnation des valeurs", la méthodologie se cherche encore.

Le deuxième facteur concerne le rôle de l'Ecole dans les ruptures sociales. En effet, elle arrache les jeunes à leur milieu social et efface les cultures autochtones. Le dernier facteur est la création, par l'Ecole, d'inégalités sociales car, elle est incapable de donner les mêmes chances à tout le monde. Certains réussissent mieux que les autres, les visées professionnelles et les niveaux d'études diffèrent, etc. Toutes ces différences, malgré leur complémentarité, ne manquent pas d'être à l'origine de certains conflits sociaux, défavorables à l'esprit citoyen.

Nous pouvons donc dire que l'éducation scolaire peut créer un sentiment de citoyenneté et contribuer à la paix, mais que jusqu'à présent, beaucoup de difficultés l'empêchent encore de remplir sa mission. A la question "Pourquoi le système éducatif rwandais n'a-t-il pas permis d'éviter la catastrophe humaine de 1994?", une première réponse semble être donnée avec la deuxième partie. En effet, l'Ecole rwandaise n'aurait pas échappé aux situations analysées plus haut.

Dans la troisième partie, nous avons essayé de voir ce qui s'est passé exactement, au niveau de l’éducation, pour que le peuple rwandais arrive à une telle négation des valeurs humaines. Cela nous a permis de répondre à une autre question : "L'Education à la citoyenneté peut-elle contribuer à résoudre les problèmes socio-politiques rwandais et à ramener la paix au Rwanda ?" Cette question est partie du constat d'échec de la citoyenneté rwandaise et l'Ecole est soupçonnée d'avoir contribué à cet échec. Les signes de cet échec perçus à travers l’Histoire de ce pays sont :

L'Ecole pouvait-elle faire quelque chose contre ces éléments ? Nous avons vu que la notion de citoyenneté était liée aux institutions politiques modernes importées au Rwanda par la colonisation. L'Ecole ayant été l'institution d'éducation aux valeurs modernes par excellence, il était évident qu'elle éduque la population rwandaise aux nouvelles institutions politiques et à leurs valeurs qui, nous l'avons vu, visaient la citoyenneté en fin de compte. C'est l'Ecole, donc, qui devait amener la population à comprendre la signification de ces institutions, l'intérêt qu'elle avait à les adopter et à les respecter, leurs implications sur la mentalité traditionnelle, et, surtout, à comprendre pourquoi ces nouvelles institutions occidentales devaient remplacer les leurs, traditionnelles.

Guidée par les intérêts coloniaux, l'Ecole coloniale a tout fait pour valoriser les institutions traditionnelles liées à la monarchie absolue. Et, après l'indépendance, les nouveaux leaders n'ont pas pu la mettre au service de l'éducation aux valeurs idéalisées dans leurs discours politiques officiels. Ce constat a été fait grâce à l'analyse de quatre éléments du domaine scolaire :

- Les contenus d'enseignement à caractère civique : après l'indépendance, les programmes de l'Education nationale comprenaient l'Education civique, l'Histoire et la Géographie nationales, et l'Education morale et/ou religieuse. En Education civique, la notion d'Etat essentielle au développement de l'esprit citoyen, fut mal expliquée et maintenue au flou; les instructions civiques nécessaires à la compréhension du nouveau système politique ne furent pas données ou le furent très superficiellement; la méthode d'enseignement utilisée en Education civique fut tellement magistrale et abstraite qu'elle ne pouvait conduire à l'acquisition d'attitudes. Au Rwanda, l'Education civique fut l'occasion d'un bon endoctrinement politique et non d'éducation civique.

En Histoire et en Géographie, les contextes socio-politiques du pays suffirent pour ôter à ces cours leur valeur dans la formation de l'esprit citoyen. Ce sont des cours où sont omis des thèmes qu'il fallait apprendre pour mieux connaître et comprendre sa société. En plus, les méthodes d'enseignement furent souvent magistrales, parfois sans cartes ni livres, ni tout autre support concret. Dans ces conditions, l'Histoire et la Géographie du Rwanda ne pouvaient faire naître chez les apprenants l’esprit patriotique. En effet, il serait difficile d'aimer un pays qu'on ne connaît que dans la théorie, et dont l'Histoire inspire incertitude, ressentiment, contradictions, conflits psychologiques, etc.

En Education morale ou religieuse, celle-ci prit le dessus aussi bien au temps colonial qu'après l'indépendance. Au temps colonial, la valeur que la morale chrétienne a développée essentiellement était la soumission et elle a entraîné le rejet de la valeur spirituelle traditionnelle. Sur base des valeurs chrétiennes (la charité, la fraternité, la justice, l'amour...) et démocratiques (égalité humaine, respect de l'autre, liberté...) la monarchie a été renversée, la démocratie et la République ont été instaurées. Cependant, après l'indépendance, ces valeurs, qui avaient légitimé le changement politique, furent oubliées au profit du conformisme aux valeurs socio-politiques traditionnelles, qui avaient été pourtant disqualifiées et refusées solennellement. A ce moment, l'Eglise, qui ne voulait pas se créer d'ennuis avec l'Etat, ne put imposer la morale chrétienne, malgré l'existence du cours de Religion dans les Ecoles et l'existence des catéchuménats, là où l'enseignement moral n'existait presque pas.

Après l'analyse de ces contenus, nous avons conclu que l'Ecole rwandaise, par le biais de ces contenus, a eu une grande responsabilité dans la distorsion des notions d'Etat, de président et d'autres institutions politiques mal enseignées. Elle a eu aussi une grosse responsabilité dans l'échec de la construction d'une identité nationale rwandaise couvrant toutes les régions et tous les groupes sociaux de sa population et dans la négation de certaines valeurs traditionnelles religieuses sur lesquelles se bâtissaient des liens sociaux et psychologiques qui pouvaient servir de base à l'unité politique nationale.

- Le personnel enseignant : depuis la colonisation jusqu'aujourd'hui, l'enseignement scolaire a connu une grave carence en personnel qualifié. La majorité des enseignants n'avait aucune formation pédagogique ou en avait mais pas assez. Sur le plan de l'éducation à la citoyenneté, ils n'avaient aucune préparation et, sur le terrain, la documentation n'était pas facile à trouver. Ils ne pouvaient donc assurer ni une formation intellectuelle suffisante, ni une éducation morale ou civique souhaitée.

- La collaboration entre l'Ecole et les milieux familial et social: L'impact de ces milieux sur l'action scolaire est d'avoir entretenu des valeurs contradictoires aux valeurs enseignées (même si elles étaient mal enseignées) à l'Ecole. La faiblesse de celle -ci fut qu'elle ne put pas régulariser la situation par une instruction scientifique et une réflexion argumentée sur les points de divergence.

- L'Ecole elle-même: Au Rwanda, l’Ecole fut un instrument politique par excellence; elle fut mise au service des anti-valeurs citoyennes : maintenir les "sujets", que sont restés les Rwandais malgré le changement de régime, dans l'infériorité culturelle pour limiter les revendications; servir les puissants, c'est-à-dire le pouvoir et ses acolytes, au lieu d'instruire tout le peuple et l'aider à se développer; entretenir la haine ethnique et régionale par divers abus réalisés au sein des Ecoles par les responsables de l'éducation ou par les élèves eux-mêmes, sur ceux qui étaient considérés comme "l'autre".

Après l'examen des cours qui devaient avoir comme finalité l'esprit civique, nous avons vu que leurs contenus et la méthodologie utilisée ne pouvaient pas conduire à cette finalité, mais qu'ils ont plutôt conduit au contraire. L'examen de l'état du personnel enseignant révèle l'incompétence de celui-ci pour développer aussi bien les connaissances intellectuelles, et les connaissances pratiques que les attitudes morales et citoyennes. Du côté de la famille et de la société, leurs influences n'étaient que contradictoires avec les enseignements que devait transmettre l’Ecole. Quant à celle-ci, elle fut un bon instrument politique pour servir les intérêts d'un pouvoir qui se voulut absolu, tyrannique.

Avec ces éléments, n'a-t-on pas la réponse à nos questions : comment cela fut-il possible ? Comment l'Ecole n'a-t-elle pas permis d'éviter la catastrophe humaine de 1994 ? Sans éducation fondamentale requise, sans éducation morale et civique, sans éducation au politique, que pouvait-on attendre de cette population en proie à l'obsession des politiciens avides du pouvoir et prêts à utiliser tous les moyens pour le récupérer ou le garder ! Si au moins les 50% de la masse populaire qui avait fréquenté l'Ecole primaire et post-primaire, plus les quelques éléments qui vont jusqu'au secondaire et au supérieur avaient reçu une éducation à la citoyenneté, il y aurait eu moins de politiciens déraisonnables, moins de paysans pris au piège de mauvais leaders, moins de dégâts humains et même matériels.

Nous sommes convaincue que, après cette mauvaise expérience de la société rwandaise, une éducation à la citoyenneté, telle qu'elle a été décrite dans ce travail, pourrait contribuer à résoudre les problèmes socio-politiques rwandais en créant un esprit citoyen favorable à la paix. Dans ce cadre, nous avons proposé quelques mesures issues de la confrontation des éléments suivants : les souhaits de la population touchée par notre enquête, les mesures prises par l'Etat rwandais, les différentes expériences et recherches réalisées à travers le monde.

Ces propositions sont les suivantes:

  • Identifier, sur base d'un consensus national, des valeurs politiques, morales ou socio-culturelles à promouvoir et à enseigner sur le plan national. Deux préalables sont posées : redéfinir clairement et officiellement "qui est rwandais" pour mettre fin aux contradictions qui se dénouent autour de ce sujet, rétablir la paix et éradiquer la peur qui empêcherait les gens de s'exprimer librement et franchement;
  • Améliorer les contenus des enseignements à caractère civique : les dépolitiser, les compléter, corriger les contenus, séparer l'Education civique de l'Education au politique et faire de celui-ci un cours de tous les niveaux d'enseignement. Evidemment, considérer que l'instruction de base (lire, écrire et calculer) est indispensable à l'acquisition de ces enseignements, et qu'un personnel enseignant compétent à tous les points de vue et éduqué lui-même à la citoyenneté l’est aussi au succès de l'éducation à la citoyenneté;
  • Améliorer la méthode de l'éducation aux valeurs civiques et morales en laissant aux enfants la parole, en les amenant à l'action, à la réflexion, à la prise de responsabilité, etc. L'approche que nous avons proposée peut aider les enseignants à sortir de la routine, à mieux intéresser les élèves, et à faire germer dans les coeurs de ceux-ci les valeurs que la société veut faire siennes. Elle permettrait à la classe de s'ouvrir au milieu, et à celui-ci de participer au développement et à l'incarnation des valeurs positives chez les enfants sans les y contraindre.