2.3 Des mesures prises

Pour remédier au moins en partie à certains de ces effets externes générés par les déplacements urbains, plusieurs mesures ont été prises et des recommandations sont formulées par des groupes de réflexion. La plupart d’entre elles visent à agir sur la sphère des déplacements et des flux de marchandises.

La croissance de l’offre de transport a longtemps été un des leviers utilisés pour résoudre les problèmes de congestion en particulier. Il s’agit alors d’assurer la construction de rocades et d’autoroutes urbaines destinées à soulager les points de saturation. Ces infrastructures coûtent cependant de plus en plus chères. En outre, elles participent aussi à un « appel d’air » pour l’utilisation de la voiture particulière.

Cette politique, sans être abandonnée complètement, a été amendée. Sur un plan législatif, La Loi sur l’Air et l’Utilisation Rationnelle de l’Energie de 1996 plaide dans son article 1 « pour un droit reconnu à chacun à respirer un air qui ne nuise pas à sa santé ». La Loi prévoit la mise en place de Plans de Déplacements Urbains (PDU) dans les villes de plus de 100 000 habitants avant 1998. L’objectif clairement annoncé de ces PDU est de diminuer le trafic automobile, d’assurer le développement des transports collectifs et des modes de déplacements économes et les moins polluants, comme la marche à pied et la bicyclette. Cette loi exhorte également « les entreprises et les collectivités publique à favoriser le transport de leur personnel, notamment par l’utilisation des transports en commun et du co-voiturage » (art 28-1-6, loi du 30 décembre 1996).

Les leviers d’action envisagés sont alors l’aménagement de la voirie, la création de pistes cyclables, des investissements dans les transports collectifs. Dans certains cas, ces plans se traduisent par des réductions de voiries affectées aux voitures particulières. L’objectif ici est alors d’accroître la pénibilité des déplacement des individus en voiture particulière.

L’appareil réglementaire a été également mobilisé. Des normes anti-pollution sur les véhicules et sur les carburants ont été émises. Des recommandations (Dron et al., 2000) pour les véhicules utilitaires ont été formulées, afin qu’ils utilisent désormais des énergies moins polluantes comme le GNV. Ces mêmes recommandations invitent les constructeurs à réaliser des véhicules plus légers et donc moins polluants.

Considérant que pour réduire la pollution atmosphérique liée aux transports, il était préférable d’avoir une ville dense ou « compacte », où le taux de motorisation des ménages est faible, certains pays comme l’Angleterre, les Pays-Bas, la Norvège se sont engagés à limiter le nombre et la longueur des déplacements en voiture particulière, en favorisant les transports collectifs.

D’autres pays, confrontés à des problèmes similaires, ont envisagé la mise en place d’une tarification d’usage, sous la forme de péage urbain. L’entrée dans la partie centrale de la ville est alors soumise à un paiement. Ces expériences ont été menées à Singapour, à Trondheim et Oslo. Des villes comme Leicester, Stuggart envisagent de mettre en place une tarification similaire. L’objectif de ce système est alors de faire supporter les coûts du déplacement aux usagers et non plus aux résidents ou aux contribuables. Ce projet est envisagé également par certaines villes françaises.

Les mesures prises et les recommandations formulées pour une politique soutenable des transports se caractérisent par un certain foisonnement. Cependant elles recourent à l’utilisation de leviers d’action, principalement dans le domaine des déplacements. Les densités ne sont envisagées en lien qu’avec la seule variable du taux de motorisation. Or, il convient de comprendre et d’expliquer les déterminants de ces densités par d’autres variables. Ces dernières renvoient aux choix de localisations des ménages et des firmes, objet d’analyse de l’économie urbaine et l’économie géographique. Ces courants théoriques insistent à ce titre sur les arbitrages multiples des ménages et des firmes sur la base de plusieurs facteurs.