1. Les densités de population : formes fonctionnelles, évolution des gradients de densités et facteurs explicatifs

Les travaux empiriques relatifs à la dispersion de la population sont nombreux. Ils concernent majoritairement les pays développés à économie de marché. Au sein de ces pays, les villes américaines et canadiennes font l’objet d’une observation beaucoup plus systématique que celles des autres régions du monde. On notera néanmoins les travaux de DeBorger (1979), Tabourin et al. (1995), Goffette-Nagot et Schmitt (1999), Péguy (1999a,b), concernant l’Europe, ceux de Eldridge (1984) sur Melbourne (Australie), d’Alperovich et Deutsch (1994) sur Tel-Aviv (Israël) ou encore ceux de Zheng (1991), concernant le Japon. Les études relatives à l’évolution de l’espace urbain des économies en transition et des pays en développement sont plus rares sans être pour autant inexistantes : Amato (1969) pour un certain nombre de villes latino-américaines (Bogota, Santiago, Lima, Quito), Ingram et Carroll (1981), Hataya (1996) pour Bogota, Wu (1998), Young et Deng (1998) ou Wang et Zhou (1999) pour la Chine, Dick et Rimmer (1998) pour les Philippines, l’Indonésie et la Malaisie, Riefler (1989) pour la Chine, Asabere et Owusu-Banahene (1983) pour cinq villes du Ghana, etc. Certains travaux proposent également des comparaisons entre pays développés et pays en développement (Mills et Tan, 1980 ; Asabere P.-K., Owusu-Banahene K., 1983).

Au-delà des frontières et des spécificités culturelles, ces travaux insistent sur le phénomène général de dispersion des villes. Ils le décrivent en ayant recours à des fonctions reliant la densité de population en chaque point d’une aire urbaine à la distance au centre. La forme la plus traditionnelle de ces fonctions est une exponentielle négative. Elle présente l’avantage d’être d’une grande simplicité d’interprétation tout en pouvant être reliée au modèle théorique de l’économie urbaine (Mills et Price, 1984). D’autres formes fonctionnelles, plus complexes, ont cependant été utilisées. Qu’elles soient ou non tirées du modèle théorique, elles visent à améliorer les résultats des estimations et à se rapprocher des densités observées. Après une présentation de ces différentes formes, les travaux recherchant les facteurs explicatifs de l’étalement de la population seront examinés et discutés.