1.3.1 La notion de densité

Elle fait l’objet de multiples déclinaisons selon les disciplines envisagées, aussi bien dans les sciences dures que dans les sciences sociales. Les géographes et les urbanistes sont ceux qui en offrent des conjugaisons les plus nombreuses. Pour le seul terme de densité urbaine, en combinant une quinzaine de concepts différents d’espace habité, ouvert, fermé, résidentiel, collectif... avec des critères socio-économiques, ethniques et culturels relatifs à la population, Kilbridge, O’Block et Teplitz, (1970) (cités par Derycke, 1999) dénombrent plus d’une centaine de mesures différentes de la densité.

Les densités généralement retenues pour l’étude des configurations urbaines privilégient la surface totale de la commune. Or, ces espaces renvoient à des espaces urbains mais également à des surfaces agricoles, des infrastructures de transport, des équipements, des espaces verts, des forêts, des étangs, des plans d’eau... Pour avoir une idée plus précise de la densité d’habitation, il conviendrait de définir une densité nette Dn plutôt qu’une densité brute Db, la première ne retenant au dénominateur que la surface de la commune déduite des emprises affectées aux équipements collectifs liés au logement.

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avec P la population résidentielle totale, S l’aire urbaine totale, Se la surface affectée aux équipements collectifs, Sn la surface résidentielle nette et a<1.

Les recherches menées sur les densités privilégient les densités brutes alors que les modèles théoriques renvoient aux densités nettes.

Outre cette distinction entre brutes et nettes, il serait souhaitable de distinguer les densités de contenant et les densités de contenu. Les premières concernent le bâti. A l’échelle de la parcelle, elles renvoient au coefficient d’occupation des sols (COS) calculé comme le rapport de la surface de plancher hors oeuvre nette (SHON) et de la superficie du terrain. A une échelle supérieure telle que la commune, pour un même niveau de COS et de densité, les configurations d’habitat peuvent être fortement différenciées comme cela est représenté dans le Schéma3.1.

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Schéma 3.1 : Différents types d’occupation pour un même niveau de COS (COS = 0,5)

Plus généralement, la densité brute est liée à la densité nette dans une relation où p croît selon l’échelle territoriale (voisinage, quartier, arrondissement...) :

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Par opposition aux densités de contenant, les densités de contenu s’intéressent aux usagers. En dépit d’une densité bâtie identique, du type nombre de logement/ha au niveau communal, la densité de contenu peut varier. En effet, jusqu’à présent, nous n’avions envisagé le cas d’une emprise au sol que par les seuls logements. Outre ces habitations, des activités économiques participent à une occupation de l’espace. Des situations de faibles densités résidentielles peuvent s’accompagner de fortes densités d’emplois. Il conviendrait alors de retenir des densité humaines correspondant, pour une échelle communale, à la somme des résidents et des emplois sur la surface de la commune. A contrario, si l’on veut distinguer les deux, il serait préférable de parler de densités diurnes et de densité nocturnes, les premières correspondant aux emplois occupés rapportés à la surface et les secondes aux résidents sur la surface.

La distinction entre plusieurs types d’espaces ou de catégories d’acteurs permet de mettre en lumière une éventuelle concurrence entre eux pour son occupation. Ce thème de l’interaction entre habitat, transport et activités économiques a donné lieu à de nombreuses recherches en économie (Mills, 1967 ; Solow, 1972 ; Solow Vickrey, 1971 ; Anas, Kim, 1996) mais de nature théorique.