1. La donne

Le modèle standard de l’économie urbaine identifie des facteurs déterminants dans les choix de localisation des ménages. Il considère des éléments relatifs à la structure des ménages, à leur revenu, aux coûts de transports, aux prix du foncier, à la présence d’aménités naturelles et d’équipements. De même, certains modèles de l’économie géographique insistent sur les interactions possibles entre ménages et firmes. La localisation des ménages n’est pas indépendante de la localisation des firmes à une échelle intra-urbaine et réciproquement.

Tous ces facteurs n’ont pas forcément de correspondants immédiats en termes de variables ou ne sont pas forcément disponibles. Ainsi en est-il, par exemple, du prix des logements. Certaines villes recueillent sur la base des transactions notariales des informations sur les habitations. Cependant, les années suivies comme le périmètre d’observation retenu pour ce suivi sont généralement plus restreints que ceux adoptés dans notre recherche. Dans le cas du Grand Lyon par exemple, ce recueil est assuré depuis le début des années 1990 alors que la borne inférieure de notre intervalle de temps est 1982. Il se limite également aux 55 communes du Grand Lyon alors que l’aire urbaine, périmètre que nous avons sélectionné pour sa pertinence au regard de notre question, compte 239 communes. Outre ces questions de périmètre et de période d’observation, toutes les villes ne réalisent pas de telles observations.

L’enquête Logement est une seconde source d’informations potentielles sur les logements. Produite sur la base d’enquêtes nationales menées par l’INSEE, sa périodicité est inférieure à 10 ans. Compte tenu des informations précises qu’elle offre sur les prix des logements, les revenus des ménages, les structures d’aides dont ces derniers ont bénéficié, elle aurait constitué une source de renseignements adaptée. Mais pour des raisons de confidentialité, sa diffusion est assurée à des niveaux agrégés et non spatialisés.

Dès lors, faute d’informations précises sur les prix des logements et sur les caractéristiques de ces biens (localisation, surface...), il est difficile de tester le modèle standard de l’économie urbaine en l’état. Cette situation prévaut également pour les modèles d’économie géographique. En revanche, le modèle standard met en lumière des variables déterminantes dans le choix de localisation des ménages avec des impacts sur les densités de population. Il assure également des prédictions, en particulier sur la répartition des densités dans l’espace qu’il est possible de soumettre à des tests économétriques. Ces derniers nécessitent alors de mobiliser d’autres sources d’informations telles que le recensement de la population, l’Inventaire communal, l’enquête Siclone, les fichiers de la Direction Générale des Impôts. Cette démarche impose de construire également des indicateurs susceptibles de rendre compte de la répartition des aménités et des équipements dans l’espace.