Deuxième partie
Rites politiques, mythes fondateurs :
usages dans une succession présidentielle

Introduction

Comme nous l'avons dit plus haut, nous croyons que le fonctionnement de toutes les institutions sociales trouve son appui dans le rôle joué par les rites et les mythes qui lui fournissent un sens. Ce sens attribue à des puissances supérieures mythifiées, un caractère qui les rendent intangibles, transférant à l'inconscient les raisons indiscutables de l'ordre social.

Si un rite est un ensemble d'actes spéciaux qui accompagnent les cérémonies qui ponctuent toute la vie sociale, les rites politiques, eux, cherchent à légitimer un ordre ou, au contraire, à contribuer à l'institution d'un nouvel ordre, agissant, dans un cas comme dans l'autre, en tant qu'agent instituant.

Pour cette raison, la période de succession présidentielle qui inclut la campagne électorale et le vote représente, pour nous, un moment révélateur des valeurs d'une société déterminée car c'est à travers cet événement que surgissent les éléments qui fourniront le désir de transformation ou de permanence des institutions établies, faisant émerger les significations qui justifient le choix des membres d'une société pour la continuité ou pour le changement.

Dans ce sens, l'étude de ce rite nous a semblé d'autant plus pertinente pour l'élection présidentielle au Brésil en 1998 par l'inauguration de la possibilité de représentation du Président de la République à sa propre place. Cette possibilité nous semble renforcer les éléments susceptibles de symboliser la continuité des institutions établies à travers l'image d'un même personnage.

Croyant, avec Van Gennep (1909), que les rites politiques sont les principaux régénérateurs des activités sociales qui se détériorent, nous partons de l'hypothèse que la succession présidentielle est le rite qui, en réponse aux besoins sociaux de renouvellement, transmet l'idée d'un " avant " et d'un " après ". Là, se trouve, intrinsèquement, à notre avis, la promesse de changement d'une situation sociale donnée à une autre situation sociale, dont les manifestations peuvent être saisies dans les discours des candidats. Cela nous intéresse donc de vérifier un aspect que nous considérons paradoxal, à savoir, la manière dont le détenteur du pouvoir suprême construit son discours dans lequel il emmènerait les membres de cette société à une nouvelle situation sociale alors qu'il incarne la permanence des institutions établies.