1.3 Les partis et les alliances

La période de dictature militaire a instauré le système bipartite représenté par deux fronts : la ARENA qui représentait la situation et le MDB qui représentait l'opposition. Cette situation a perduré jusqu'en 1979 lorsqu'une réforme des partis a été organisée par les gouvernants afin de diviser l'opposition qui devenait de plus en plus forte avec l'ouverture " lente, graduelle et sûre " mise en œuvre par les militaires. Cinq partis ont alors été constitués : le PMDB qui succède le MDB, le PDS à qui appartiennent des membres de l'ancien front de la situation, le PDT et PTB qui revendiquent l'héritage de l'ancien travaillisme des années 30 et enfin le PT formé par la réunion de participants de mouvements syndicaux et sociaux qui se sont organisés à la fin de la dictature.

L'élargissement des critères exigés pour la formation des partis en 1985 a permis la résurgence de plusieurs partis, quelques-uns issus des dissidences survenus dans les grands partis historiques. Le front ARENA devient le PFL et certains dissidents du PMDB forment le PSDB. Des partis communistes jusqu'alors clandestins s'officialisent, comme le PC et le PCdoB, et le PT s'affirme en tant que parti important. La filiation à un parti étant une condition d'éligibilité pour les fonctions exécutives, cela a fait naître plusieurs partis de circonstances appelés les partis " nains ", certains n'exerçant aucune activité politique en dehors des périodes électorales. En 1990, le Tribunal Supérieur Electoral comptait 60 partis enregistrés.

En 1998, les grands partis s'affirment, certains " nains " disparaissent et surtout beaucoup de partis font des alliances, comme suit :

• Alliance Parti de la Sociale Démocratie Brésilienne (PSDB) - Parti Populiste Brésilien (PPB) - Parti du Front Libéral (PFL) - Parti Travailliste Brésilien (PTB) - Parti de la Sociale Démocratie (PSD)
  C'est une alliance qui réunit des partis de centre (PSDB), centre-droite (PFL et PSD) et populiste (PTB et PPB). Elle avait comme candidat à la République Fernando Henrique Cardoso qui défend une politique économique libérale. Il est reconnu au plan international comme l'un des précurseurs de la Troisième Voie proposé par le Premier-Ministre anglais Tony Blair. Fernando Henrique Cardoso a emporté le suffrage dès le premier tour à travers une campagne soutenue par une rhétorique d'intellectuel compétent avec 53,06% des suffrages.
• Alliance Parti des Travailleurs (PT) - Parti Démocrate Travailliste (PDT) - Parti Communiste du Brésil (PcduB) - Parti Socialiste Brésilien (PSB)
  Cette alliance réunit des partis de gauche qui se sont placés contre la politique libérale de Cardoso y compris les privatisations. Dans un premier moment ils ont critiqué le Plan Real mais ont changé de discours avec le temps lorsqu'ils se sont aperçus que la population lui était favorable. Ils ont présenté Luís Inácio Lula da Silva comme candidat à la Présidence de la République. En début de campagne cette alliance cherchait à souligner les origines ouvrières de Lula mais l'ont changé vers la fin lorsqu'ils ont voulu lui donner une image plus " intellectualisée " . Cette stratégie n'a pas convaincu les électeurs qui l'identifiaient à ses origines modestes. Lula a été vaincu dès le premier tours avec 31,71% des suffrages.
• Alliance Parti Populaire Socialiste (PPS) - Parti Libéral (PL)
  Le Parti Populaire Socialiste a été crée en dissidence du PSDB et se présente comme parti de centre comme le Parti Libéral. Ces deux partis ont été formés pour présenter un candidat aux élections de 1994. N'ayant pas un long historique, cette alliance a fondé sa stratégie de campagne sur l'expérience politique du candidat Ciro Gomes en tant que Gouverneur de l'Etat du Ceará. Il propose cependant une rhétorique technique sur les problèmes du pays. Ce candidat a emporté la troisième place avec 10,97% des suffrages.
• PRONA
  Le Parti de la Réédification de l'Ordre National a été formé en 1989 avec la candidature de Enéas Carneiro. Ce fut la grande surprise de ce suffrage, seul parti " nain " a avoir emporté plus de 350.000 suffrages. En 1994, Enéas se représente avec un discours marqué à droite. En 1998, ce candidat se présente pour la troisième fois. Il radicalise son discours en faveur de la construction d'une bombe atomique démontrant un nationalisme exacerbé. Enéas Carneiro s'est placé en quatrième position avec 2,14% des suffrages.
• Parti de la Mobilisation Nationale (PMN)
  Ce parti a présenté le colonel Ivan Frota comme candidat à la Présidence de la République. Il a présenté un discours très nationaliste à travers le slogan " Le Brésil par-dessus tout " et la défense de la patrie, l'honneur et le travail. Il a emporté la cinquième place avec 0,37% des suffrages.
• Parti Vert (PV)
  En 1994 ce parti écologiste a participé de l'alliance Front Brésil Populaire pour la Citoyenneté qui a réunit divers partis de gauche dont le Parti des Travailleurs. Il a démontré depuis une certaine réticence sur le programme traditionnel de cette alliance. En 1998, le Parti Vert a présenté la candidature indépendante d'Alfredo Sirkis cherchant à l'imposer comme " le vote différent " et d'avant-garde proposant des projets de développement durable " pour rentrer au XXIème siècle " . Il a emporté la sixième place avec 0,31% des suffrages.
• Parti Socialiste des Travailleurs Unifiés (PSTU)
  Le PSTU représentait l'aile d'extrême gauche du Parti des Travailleurs. Il a été mis à la porte de ce parti par son extrémisme. Il a aussi participé à l'alliance Font Brésil Populaire pour la Citoyenneté en 1994 mais a présenté un candidat indépendant en 1998 à la Présidence de la République, José Maria de Almeida. Dans sa campagne Almeida a articulé un discours trotskiste pour l'étatisation du système bancaire, la reforme agraire sans indemnisation et la suspension du paiement de la dette extérieure. Il a emporté la septième place avec 0,30% des suffrages.
• Parti Travailliste du Brésil (PTB)
  Dans la même ligne de ceux qui revendiquent l'héritage de Getúlio Vargas, ce parti est celui qui a le plus cherché à forger une identité liée à l'image de Getúlio lui-même. Dans son programme il s'est toujours présenté à côté d'une photo de l'ancien Président de la République. Il a emporte la huitième place dans ce suffrage avec 0,29% des suffrages.
• Parti Social Démocrate Chrétien (PSDC)
  Le PSDC a présenté le candidat José Maria Eymael à la Présidence de la République. Ancien député fédéral, il croyait être le seul candidat capable de vaincre Fernando Henrique Cardoso. Il a fondé sa campagne sur la récupération des valeurs familiales dans la société brésilienne. Il a emporté la neuvième place avec 0,25% des suffrages.
• Parti Travailliste National (PTN)
  Le PTN a présenté la seule femme candidate à la Présidence de la République, Thereza Ruiz. Cependant, son discours de campagne n'a pas été fondé sur le féminisme ou la participation de la femme en politique. Il s'est restreint à une féroce critique à l'ancien Gouverneur de São Paulo, Senhor Paulo Maluf. Thereza Ruiz a emporté la dixième place avec 0,25% des suffrages.
• Parti Social Chrétien (PSC)
  Le candidat du PSC à la Présidence de la République Sérgio Bueno a présenté un discours religieux dans sa campagne électorale. Il a fait des critiques au gouvernement de Cardoso et surtout pour ce qui concerne la santé publique. Il a emporté la onzième place avec 0,18% des suffrages.
• Parti Solidariste National (PSN)
  Le PSN est le plus récent des partis " nains " du pays à participer de ce suffrage. Il a présenté la candidature du retraité Vasco de Azevedo Neto à la Présidence de la République. A l'âge de 80 ans, il prêche la solidarité de tous sous une doctrine sociale chrétienne. Il a emporté la douzième place avec 0,16% des suffrages.
• L'électorat
  En 1998 le Tribunal Supérieur Electoral comptait 106.101.067 électeurs inscrits. Ceci représente environ deux tiers de la population totale du pays dont presque 50% se concentre sur la région sud-est. Depuis 1988 le droit de vote a été élargi aux analphabètes. Etant obligatoire à tous les inscrits majeurs de 18 ans, le vote est cependant facultatif pour les majeurs de 16 ans. L'électorat est ainsi constitué :

Données sur l'Electorat National

Distribution par Age

Distribution par Sexe

Distribution par Niveau d'Instruction