2 : Les pistes de réfutation théorique : la question de la production de données

« On fait la science avec des faits, comme on fait une maison avec des pierres ; mais une accumulation de faits n’est pas plus une science qu’un tas de pierres n’est une maison »
(Henri Poincaré, La science et l’hypothèse)

L’analyse théorique construite, s’il convient en effet de l’augmenter d’une réflexion supplémentaire portant sur le réalisme des hypothèses, il demeure avant tout indispensable de la soumettre au test de la réfutation. Selon Popper (1934), une théorie, ou une hypothèse, est réfutable s’il existe un énoncé qui la contredit. Il suffit pour cela qu’une seule observation vienne contredire l’énoncé analytique. Ainsi, de l’impossibilité de démontrer la vérité d’une hypothèse ou d’un énoncé théorique, il est possible de montrer que l’hypothèse ou l’énoncé théorique est faux à l’issue d’une confrontation au réel (Bonnafous, 1989). Dès lors, seule la théorie réfutée apprend quelque chose sur le phénomène et permet de comprendre un peu mieux le phénomène. Pour permettre cette confrontation au réel, il est nécessaire de se procurer des données rendant compte du réel, c’est-à-dire de se doter d’une méthode de production de données, qu’il convient d’opposer aux résultats théoriques. Si, statistiquement, les données contredisent significativement les résultats théoriques du modèle, alors, il est conclu que la formulation analytique testée doit être rejetée. Dès lors, le travail suivant consiste à modifier le modèle en évacuant définitivement du champ d’analyse la formulation réfutée par la confrontation aux données, acquise comme étant définitivement fausse.

Dans un premier temps, la revue des méthodes de production de données traditionnellement mobilisées en économie des transports invite à se poser la question, dans un deuxième temps, sur l’avantage qu’il peut exister d’utiliser l’économie expérimentale comme méthode de réfutation du modèle.