2.2 La verrerie en 1806 25

Dans le courrier 26 qu'il fait fournir au préfet des Vosges le 14 mars 1806, François Lamy, propriétaire de la verrerie de Portieux et membre de la chambre consultative de commerce de Mirecourt, donne des informations au sujet de la situation de l'usine.

La verrerie existe depuis un siècle. "François Lamy y résidant et Jacques Bour représenté par Charles Mougin en ont fait l'acquisition pendant la révolution, cette usine était auparavant du domaine du Roy."

Sa situation géographique : Lamy nous la décrit comme se trouvant près d'une grande route à quatre lieues d'Epinal, deux de Charmes et quatre de Mirecourt et placée au milieu de deux grandes forêts qui contiennent environ cinquante mille arpents, mesure de Lorraine. Près de dix mille arpents appartiennent à la nation, le surplus aux communes environnantes.

L'usine : deux fours fonctionnent en continu. Les matières premières proviennent du département des Vosges : salin qu'on extrait des cendres de toutes sortes de végétaux et "le sable de roche le plus blanc qu'il est possible" avec un peu de manganèse mêlé à ces matières. Les fours sont construits avec des terres provenant de Villantropes en Champagne. "Il faut qu'elles soient sain mélange pour résister à toute l'ardeur du feu."

Le personnel : Lamy signale que cinquante familles sont attachées à l'exploitation de l'usine. "Les gages des ouvriers sont de quarante francs jusqu'à cent francs par mois suivant leurs capacités et que ce prix suffit à peine pour leurs entretiens."

A l'âge de soixante ans, les ouvriers se trouvent sans ressources "parce que la main leur tremble de bonne heure". Afin de ne pas sombrer dans la misère, ils trouvent secours dans leur famille.

Le commerce : le verre de Portieux se vend pour moitié dans l'intérieur et, pour l'autre, "chez l'étranger dans les ports de France, comme Bordeaux, Toulouse, Marseille, etc...". Lamy appelle de ses voeux la paix générale afin que "les impôts des barrières" puissent être supprimés. La verrerie précise-t-il a subi plus de soixante dix mille francs de banqueroute par le fait de ces impôts.

Les impôts : en plus de l'affectation gratuite de bois, avant la Révolution, la Verrerie de Portieux était exempte de toutes impositions "pour l'encouragement de cet art qui est très pénible" ; or, à présent explique Lamy, elle est imposée à plus de mille deux cents francs par année. La pétition de dégrèvement formulée auprès de l'agence des contributions n'a pas été accueillie favorablement car dit-il "on a supposé (...) que l'on faisait des bénéfices considérables, tandis qu'on éprouvait des pertes". Lamy réclame un mode fixe d'impôts qui soustrairait les établissements à l'arbitraire des communes dont ils dépendent.

Notes
25.

Ce passage a été élaboré d'après une lettre que F. Lamy adresse au préfet. 38 M 23 ; A.D.V.

26.

Dans le procès-verbal de l'assemblée de messieurs les membres de la chambre consultative de commerce de l'arrondissement de Mirecourt daté du 13 mars 1806, F. Lamy précise qu'il a plusieurs observations à faire pour l'amélioration de son usine, mais qu'elles sont trop longues pour être rapportées au procès-verbal et qu'il se réserve de les envoyer directement au préfet. 38 M 23 ; A.D.V.