2.6 L'usine en 1855

Participant à l'exposition universelle de 1855 où ils obtiendront une mention honorable, comme Rousseau de la verrerie de la Planchotte, commune d'Hennezel, les frères Mougin remplissent un bulletin d'expédition ³⁸ qui, à défaut de nous renseigner sur la structure de l'usine, nous permet de porter un regard sur la nature de la production. Notons que les frères Mougin sont représentés à Paris par Monsieur Hingray, 7 rue Paradis-Poissonnière, ce qui témoigne d'un certain niveau d'organisation commerciale. La verrerie de Portieux expose des vases de différentes formes et taillés de diverses façons : à "fleurs et côtes plates", "côtes plates trèfles"... Remarquons la variété des couleurs : "émail sur rose", "émail sur bleu", "émail sur blanc", "jaspé blanc et bleu"... Mougin Frères présente également de nombreux verres d'eau, verres de nuit tout autant variés dans leurs formes, leurs façons d'être taillés et leurs couleurs ; des salières, moutardiers et huiliers ; des carafes ; des coupes à dessert et compotiers ; un couvre-fromage avec plateau ; un chandelier moulé "côtes plates" ; un sucrier "moulé côtes plates à écailles à festons" ; des bobêches ; des franc-maçons ; une boule de rampe "taillée à diamants" ; et puis parmi d'autres articles des pièces miniaturisées pour les enfants : "un sucrier joujou moulé à écussons" ; "une tasse joujou avec plateau moulé à écussons" ; "un franc-maçon joujou" ; "une salière joujou". Les articles que les visiteurs de l'exposition peuvent admirer sont recensés pour une valeur de plus de mille francs. L'article le plus coûteux : un "vase forme oeuf taillé à fleurs et côtes plates, émail sur rose" vaut trois cents francs ; dans la hiérarchie des prix, il est suivi par un "vase, forme allongée, taillé à fleurs, côtes plates, côtes olives, émail sur rose" d'une valeur de cent francs.

La pièce la plus onéreuse, trois cents francs, équivaut à plus de quarante fois le salaire journalier des ouvriers les mieux rémunérés à la verrerie en 1849.