La perte des marchandises par suite de casse n'est pas négligeable, loin s'en faut. Des registres consignent soigneusement le pourcentage de casse intervenue lors des diverses étapes d'élaboration des pièces. Ainsi note-t-on le pourcentage de casse au coupage, biseautage, rebrûlage 279 . Pour la taillerie, il est indiqué le nombre de pièces : délivrées, cassées, pettées ainsi que le pourcentage correspondant 280 . Généralement, au coupage, biseautage, rebrûlage, la casse est inférieure à 1 % et l'on casse moins au rebrûlage qu'ailleurs, ce qui paraît normal si l'on considère la nature des opérations effectuées 281 . Les pièces subissant un passage dans divers ateliers la perte, en fin de compte, est importante. Au cours des exercices 1923-1924, 1928-1929, 1936-1937, les pertes cumulées s'élèvent respectivement à 2,87 %, 2,11 %, 2,17 %.
C'est, évidemment, à la taillerie où l'on procède à de délicates manipulations que les verriers cassent le plus. Le pourcentage de casse est contrôlé par chantier. Il est fréquent qu'il avoisine ou dépasse 3 %. Ainsi sur le chantier Scholl - Breton, il est cassé en octobre 1912 deux cent deux pièces sur un total de 5.134 qui sont travaillées, soit 3,93 %. Pour l'exercice 1912-1913, leur pourcentage moyen de casse est de 3,30 %. Sur d'autres chantiers, la casse est moindre. Les différences ne doivent pas être interprétées en fonction de la dextérité des tailleurs mais en fonction des contraintes physiques subies par les pièces avant d'arriver à la taillerie, de la nature des pièces manipulées, de la nature de la taille à effectuer.
On peut, globalement, estimer la casse entre 4 et 5 % pour les pièces qui subissent des manipulations jusqu'à la taille. A ces chiffres, il conviendrait d'ajouter la casse engendrée lors de l'essuyage, de l'emballage ou tout simplement des déplacements importants à travers l'usine. Nous ne possédons pas d'éléments permettant de chiffrer avec précision cette casse supplémentaire. Ce qui est certain, c'est qu'après avoir parcouru l'ensemble de la chaîne de travail, le pourcentage de casse est élevé. De surcroît, le transport occasionne d'importantes pertes qui font l'objet de nombreuses réclamations. On peut penser que le pourcentage total de perte s'élève à 10 %, voire 15 % en moyenne entre la sortie de la halle et l'arrivée chez le client, mais ces chiffres cachent des réalités parfois bien supérieures si l'on pense aux modes successifs de transports : train, bateaux qui nécessitent plusieurs transbordements. La perte de la production lors des transports est une perte financière sèche contrairement à celle qui est occasionnée à l'usine. En effet, dans ce deuxième cas, le verre est récupéré sous forme de groisil afin d'entrer dans de nouvelles compositions. Quel que soit le niveau des pertes, le coût de la main-d'oeuvre ne peut qu'en subir les conséquences à la hausse.
53 J 432 ; A.D.V.
53 J 437 ; A.D.V.
Le tableau des pourcentages de casse : voir en annexe p 651.