CHAPITRE V : LA MAIN-D'OEUVRE

1 - Le recrutement de la main-d'oeuvre

Le développement rapide de l'usine oblige à recruter du personnel dans des proportions importantes. Le conseil d'administration expose à l'assemblée générale en 1874 que "le personnel de la taillerie s'est recruté dans des proportions assez considérables". La direction de l'usine a d'ailleurs pu déterminer quelques familles à y envoyer leurs enfants comme apprentis. Le recrutement d'un grand nombre d'ouvriers, en zone rurale, pose des problèmes importants. La verrerie se trouve proche de quelques gros villages, mais les populations agricoles, note le conseil d'administration en 1877, montrent peu de goût pour les travaux de l'industrie. "Ils (les villages) n'ont encore offert que peu de ressources pour le recrutement de l'usine". Pour le conseil d'administration, il est du devoir de la direction de développer ce goût des occupations industrielles dans le monde rural. Au cours de l'exercice 1875-1876, le deuxième four Siemens n'a fonctionné que trois mois faute de personnel suffisant. Mieux vaut attendre, pense-t-on, car il ne faut pas introduire des ouvriers "de hasard, de rebut, de ces ouvriers qu'en industrie on nomme les roulants" 286 . Ils risquent, selon les dirigeants, de contaminer "les bonnes populations ouvrières par un mauvais esprit, de mauvaises habitudes, de mauvais préjugés". On se méfie des ouvriers qui viennent d'ailleurs et on leur préfère naturellement des verriers calmes, ignorants des luttes ouvrières, que l'on formera selon le schéma de l'usine. Lorsqu'en avril 1875 le conseil d'administration précise au directeur de Portieux qu'il eut préféré, tout d'abord, tant pour l'économie que pour la qualité des produits fabriqués, établir un petit four Siemens à 6 pots, le directeur Mougin fait observer que l'installation simultanée de six nouvelles places, l'obligerait à un recrutement trop rapide d'ouvriers verriers, ce qui pourrait le conduire inévitablement à accepter un certain nombre d'ouvriers "inférieurs", peut-être même "d'ouvriers de rebut". Le recrutement pose continuellement problème tout au long de cette phase de relance de Portieux. Ainsi, par exemple, le Président G. Chevandier dans un discours devant les actionnaires en octobre 1878 déclare que "Monsieur le directeur de Portieux a pu dans le courant de l'exercice attacher à l'établissement quelques apprentis provenant des communes voisines" et le discours tourne à la redite, voire à l'obsession (...) "Nous croyons qu'il est très important pour l'avenir de votre établissement industriel, d'amener et de développer chez les populations du pays, le goût des travaux industriels. Nous ne pouvons que l'engager à apporter à la réalisation de cette idée des efforts persévérants et à faciliter l'entrée des ateliers de la société pour les populations qui les environnent".

Dans la mesure où les effectifs de la verrerie demeurent modestes, entre 150 et 200 ouvriers, le recrutement à l'intérieur de la cité où l'on puise dans les familles nombreuses, le "grappillage" ici ou là dans les environs peuvent suffire. Or, dans les années de relance, nous changeons d'échelle dans ce domaine du recrutement.

L'usine, en effet, compte 875 ouvriers en 1880-1881, tandis que Vallérysthal en comprend 1080 287 . En 1912, la verrerie fait travailler 1430 ouvriers et à la veille de la guerre 1170. Il est dès lors compréhensible que les patrons recherchent des solutions pour se doter d'un personnel en nombre important. Les problèmes ne font que s'amplifier par la suite dans la phase de plein développement qui correspond à une baisse de la natalité en France. Il faut alors vivre "dangereusement" 288 .

Les actes de mariage 289 nous fournissent d'utiles informations quant à l'origine géographique des verriers, leur circulation d'une verrerie à l'autre, leur enracinement à la Verrerie de Portieux. Vingt-huit verriers se marient entre 1814 et 1840. Parmi eux, six sont nés à l'extérieur, pour la plupart dans des lieux de verreries : Baccarat (Meurthe), Blénod (Meurthe), Polaincourt (Haute-Marne). Un seul verrier, Félix Houël né à la Verrerie de Portieux, est domicilié à l'extérieur au moment de son mariage, à Cruzy dans l'Yonne.

Par la suite, la population verrière est en constante augmentation et le nombre d'hommes nés à l'extérieur et domiciliés dans une autre commune au moment de leur mariage s'accroît fortement. Au milieu du XIXe siècle arrivent des verriers de Moselle et de la Meurthe. Ces arrivées des Stenger, Berton, Weindel, Wirtz, Schmitt en provenance de Troisfontaines, Biberkirch, Harlberg, Erlembran, Eguelshardt préfigurent les entrées massives des verriers de la Meurthe et de la Moselle après l'annexion qui provoque l'option des ouvriers pour la mère patrie 290 .

Parmi ces actes d'état-civil, relevons le cas de Joseph Eugène Maillard qui exerce à la verrerie Sainte-Lucie, faubourg de Carthagène, en Espagne où est né son fils Gaspard en 1860.

Le nombre de mariages augmente très sensiblement à partir de 1880, traduisant en cela l'accroissement de la population verrière. Parmi les quarante-et-un verriers mariés entre 1880 et 1892, trois hommes seulement résident à l'extérieur au moment de leur mariage : Croismare, Fains et Cirey.

En marge des actes, les transcriptions indiquent les verriers qui, nés à la Verrerie de Portieux, se marient à l'extérieur : Jules Colin né en 1877, émigre à Baccarat en 1901 ; Jules Fousse né en 1877, à Saint-Denis (Seine) en 1902 ; Eugène Laurent né en 1878, à Choisy-le-Roi en 1904.

Un certain nomadisme a existé, notamment avant la fusion avec Vallérysthal. Quelques familles transitent d'une verrerie à une autre. Les Bournique et les Houël viennent de la verrerie Sainte-Anne à Baccarat pour se fixer à la Verrerie de Portieux. Les Houël ont également séjourné à la Planchotte (Vosges). Louis Maillard né à Hennezel a exercé à Croismare (Meurthe) et à La Rochère (Haute-Saône), puis à la Verrerie de Portieux où est né le fils qui part à Croismare avant de se marier puis de se fixer à la Verrerie de Portieux.

Les Darmoise ont transité par les verreries de Portieux, Château-Salins (Meurthe) et Baccarat pour revenir à Portieux qu'ils ne quitteront plus.

La circulation d'une verrerie à l'autre, le nomadisme, est donc relativement limité. La verrerie de Portieux, qu'elle soit pour le verrier usine d'origine ou d'accueil, sait par différents moyens retenir ses personnels entre autres : éloignement géographique, politique sociale, ententes entre maîtres de verreries. Groupés au sein de la chambre syndicale, les maîtres de verreries s'entendent à propos du recrutement des ouvriers. Ils s'engagent à ne pas admettre de personnel circulant d'une usine à l'autre. Le fait n'est pas nouveau, on se méfie dans les verreries comme dans toutes industries "des roulants" qui sèment le mauvais esprit, selon les patrons, et surtout qui pillent les procédés techniques de telle usine pour les revendre à telle autre. Appliquant cette ligne de conduite, le conseil d'administration refuse d'embaucher en 1883 le chef de fabrication de Croismare 291 et en 1884 le chef de la taillerie de Montferrand 292 . La remarque du conseil d'administration ne saurait être plus explicite quant aux motivations du refus : "il est dangereux d'introduire dans les ateliers des étrangers qui peuvent être envoyés pour étudier ses nouveaux procédés et aller les reporter ensuite dans d'autres usines". Les directeurs de verreries transgressent allègrement les règles tacites édictées ou aménagent leur ligne de conduite lorsque les intérêts de l'usine semblent commander une prise de risques calculée. Ainsi, en avril 1873, G. Chevandier demande des informations à de Fontenay responsable de Baccarat sur un dénommé Arnoux, précédemment ouvrier dans cette usine 293 . Charles Arnoux, à l'époque verrier dans une verrerie de Maëstrie vient d'offrir à A. Thouvenin d'introduire dans les ateliers le procédé de coupage au gaz. Si l'employé appartenait encore à Baccarat, Portieux l'aurait renvoyé sans l'entendre ; or il est "dans une verrerie à laquelle nous ne devons aucune espèce d'égard", dit G. Chevandier.

L'ouvrier eut-il appartenu à Baccarat, aurait-on vraiment appliqué le principe de loyauté ? Deux exemples permettent de répondre par la négative.

Au début de l'année 1883, X. Mougin engage un "transfuge" de Baccarat. G. Chevandier le félicite d'avoir écouté cet ouvrier et de lui avoir "acheté la communication des procédés qu'il colporte" 294 . Le président, comme pour se disculper, jette l'anathème sur ce verrier "bandit éhonté". Il convient de l'utiliser mais avec précautions. On lui fait effectuer des essais dans un local particulier ou au besoin dans un coin de la halle entouré de planches car il s'agit de le soustraire à la curiosité et au contact des autres ouvriers. En aucun cas il ne doit s'approcher des ateliers "spéciaux" de coupage et de rebrûlage. Les attitudes les plus dures sont employées à l'égard du verrier : " tenez-le sous séquestre et débarrassez-vous en aussitôt que vous n'aurez plus besoin de lui ; à des gens de cette espèce il convient d'interdire d'une façon absolue l'entrée des usines (...) et il n'y a plus à se gêner pour leur montrer le mépris qu'ils inspirent " 295 .

Un deuxième cas illustre bien la façon dont la verrerie, mais il en est ainsi de toutes les usines, transgresse les accords. Oscar Michel quitte Baccarat en 1888 pour s'engager à Portieux qui l'accepte comme chef graveur. Selon Michaut, l'administrateur-délégué de Baccarat, le recrutement de Michel n'est pas un fait isolé et sans précédent.

Cet engagement lui apparaît comme une "provocation" surtout lorsque "s'y joignent les sollicitations d'agents subalternes qui certainement pêchent par leur excès de zèle" 296 . Selon A. Raspiller, le nouveau président du conseil d'administration, Portieux n'a pas pris l'initiative d'une lettre d'embauchage quelconque ni attiré aucun ouvrier par un autre procédé.

Comme toutes ses consoeurs, l'usine vosgienne accepte les demandes d'occupation qui lui sont adressées soit par des ouvriers, soit par des contremaîtres. L'usine d'accueil se trouve libre d'accepter ou de refuser ces demandes. A. Raspiller affirme que l'ouvrier est venu de son plein gré 297 . En fait Oscar Michel a bien été débauché par Portieux. Cette affirmation nous la déduisons d'une copie effectuée par l'ouvrier à partir d'écrits rédigés par le président du conseil. Dans son courrier, O. Michel certifie qu'il est venu de son plein gré parce qu'il ne se plaisait plus à Baccarat et qu'au nombre des conditions d'engagement fixées par X. Mougin figurait l'obligation de quitter Baccarat avec un livret signé. D'après lui, rien n'a été caché à Mr Payard directeur de la cristallerie, ni à Mr Michaut administrateur de la compagnie. O. Michel, ou plutôt derrière lui tenant la plume A. Raspiller, pour montrer que Portieux n'a nul besoin de débaucher du personnel de Baccarat précise qu'il a trouvé à la verrerie un atelier de gravure à l'acide "très bien monté, très bien organisé et à même de produire dans les meilleures conditions possibles toutes les gravures guillochées ou imprimées, sans qu'il soit nécessaire de faire aucun changement dans l'organisation de l'atelier". Voilà une explication qui coupe court à l'accusation de colportage de techniques. O. Michel est donc réellement embauché par Portieux de façon à développer l'atelier de gravure chimique mis en service quelques années auparavant.

Ne pas engager de "roulants", avec les contradictions que l'on vient de relever, constitue un élément de l'entente entre verriers dans le domaine du personnel. Il convient désormais d'examiner un deuxième élément. La main-d'oeuvre manque cruellement dans les périodes de fort développement industriel ainsi qu'après la guerre 14-18, au moment où les rangs verriers se trouvent décimés.

L'entente concerne d'abord Portieux et Vallérysthal. Le conseil d'administration n'autorise pas en règle générale le déplacement d'ouvriers et d'employés d'une usine à l'autre. Paul Thouvenin qui veut engager Placial de Portieux se voit opposer un refus catégorique. Il existe bien à certaines périodes quelques mouvements de personnels mais ces mouvements sont voulus et contrôlés par le conseil d'administration. Il convient de rappeler que lorsque la famille Thouvenin, Adrien et ses fils, quitte Vallérysthal pour Vierzon-Forges en 1887, les relations n'étant plus franchement cordiales, elle n'hésite pas à débaucher du personnel d'encadrement pour renforcer la verrerie nouvellement acquise.

L'usine de Croismare qui n'appartient pas à la chambre syndicale des maîtres de verreries de France se fait rappeler sérieusement à l'ordre par A. Richard en 1910. Ecrivant à Mr Johmann, administrateur délégué de la société anonyme des grandes verreries de Croismare 298 , il lui explique que son usine est la seule à ne pas avoir adhéré à l'entente que l'on trouve entre les verreries de la région ; cette entente, précise-t-il, consiste à ne pas accepter d'apprentis passant d'une usine à l'autre et le problème se trouve posé dans les mêmes termes pour les ouvriers. Bien évidemment l'apprenti est visé en premier lieu dans la mesure où il représente l'avenir de l'usine, élément sur lequel on compte pour combler les places vides. A propos de Croismare, le directeur de Portieux écrit quelque temps plus tard que "cette usine n'a jamais su ce qu'était la correction". S'adressant en 1913 à Antonin Daum de la verrerie de Nancy, A. Richard lui demande de respecter l'entente conclue entre Bayel, Baccarat et Portieux de ne jamais accepter d'ouvriers sortant de l'usine de l'entente sans assentiment du directeur. On évite ainsi "la mise du marché en mains". Juguler les fuites, annihiler toutes tentatives de pressions salariales, voilà qui motive prioritairement les patrons de verreries. D'ailleurs A. Richard suggère à A. Daum de constituer une sorte de confédération patronale face à la C.G.T. Il reproche à la verrerie de Nancy d'avoir engagé l'ouvrier Biette qui a vu le jour à Portieux et qui se trouve chez Daum depuis deux ans. A. Richard "préférerait la guerre à visage découvert si ses vieux camarades de Nancy suivaient les mêmes errements". (...) Restons unis, mon vieux camarade, s'exclame-t-il, la lutte de chaque jour sur nos champs de batailles respectifs doit suffire (...). "Gardons intacts nos trésors de guerre", dit-il un peu plus tard toujours au même interlocuteur 299 . Il lui précise, révisant d'ailleurs sa position, qu'il n'est pas question d'empêcher de recruter un ouvrier de métier. Averti par son confrère, il peut donner un mot sur le motif de départ. Le confrère doit juger ; la réciproque étant vraie. C'est surtout les gamins qu'il ne faut pas se prendre sous aucun prétexte. Voici un exemple illustrant l'entente entre verriers dans ce domaine de recrutement. Marcel Bigel qui a quitté Portieux pour Daum à la suite d'un différend se fait fort de revenir à l'usine afin de recruter pour la verrerie de Nancy. Pour éviter le débauchage de ses ouvriers, A. Richard, d'accord avec Daum, dit à son personnel que la verrerie de Nancy "n'est pas derrière".

En 1914, alors que Portieux cherche par tous les moyens à se procurer des apprentis, A. Richard applique la règle de loyauté. Trois jeunes verriers de l'usine de Trélon 300 lui demandent de l'embauche. Le directeur contacte son collègue Fournier pour lui dire qu'il ne prendra pas de gamins aux "confrères sympathiques". S'il sollicite l'avis des directeurs avant d'engager des familles c'est par respect des principes mais c'est également et surtout par méfiance vis-à-vis des déplacements. Toujours en 1914, Jean Houvion et sa famille originaires de Rambervillers se trouvent à Bayel et souhaitent intégrer Portieux de même que deux autres familles importantes Gournay et Brastel. A. Richard consulte Marquot et ses fils à Bayel car il dit se méfier de ce genre de familles quand "elles quittent de bonnes maisons" 301 . A l'inverse, lorsque le personnel veut quitter Portieux alors qu'il ne semble pas donner satisfaction pour un motif quelconque, le directeur est prêt à céder sans difficulté.

A Maurice Thouvenin, maître de verrerie à Vierzon-Forges, il écrit : "la famille Delizé et Consorts travaille encore chez nous (...), (elle) cherche l'usine idéale où l'on gagne beaucoup sans rien faire. Ne vous gênez pas pour l'engager si elle fait votre bonheur ; ce faisant vous ne nous causerez aucun préjudice" 302 . Les problèmes de relations entre maîtres de verreries à propos du personnel se rencontrent constamment.

En 1919, A. Richard se plaint auprès de F. Sauvage, président du groupe de gobeleterie à la chambre syndicale des maîtres de verreries de France. Des émissaires des verreries de Paris recrutent des ouvriers ce qu'il ne saurait accepter comme Bayel, Vannes-le-Châtel et Clairey. Le contingent de verriers "ne doit pas être attaqué par des manoeuvres plus ou moins licites" 303 .

Même s'il y a des accrocs aux accords, les ententes entre maîtres de verreries portent leurs fruits. En témoignent les quelques rares familles issues de Portieux que l'on trouve à Vannes-le-Châtel, Baccarat, Clairey ou Croismare. Nous trouvons en 1911 exerçant à Vannes-le-Châtel, le seul Joseph Mansuy verrier né à Portieux en 1840. Si le pensionnat de Baccarat accueille de jeunes vosgiens, aucun ne vient de Portieux, ni des villages circonvoisins. A Clairey, en 1906, seule Eugénie Chaput, domestique d'Adeline Didot veuve du directeur, est née à Portieux. La verrerie de Croismare accueille par contre des ouvriers nés à Portieux ou dans les environs, mais cela reste marginal dans le recrutement de l'usine. Félix Maillard exerce dans cette usine en 1872. Il habite la commune de Croismare avec sa femme Victorine Guyon née à Chamagne et ses trois enfants : Paul, Marie, Edmond. On trouve également Rosestin Maillard né à Portieux, Antoine Viac né à Châtel-sur-Moselle, Eugène Chevrier né à Rehaincourt. En 1906, Nicolas Chenal, né à Autrey près de Rambervillers, est terrassier à Croismare et deux de ses enfants, Joseph né à Mortagne près de Bruyères et Théodore né à Portieux en 1886, sont verriers. Ce dernier lieu de naissance indique que la famille Chenal circule de Portieux à Croismare dans un temps où les maîtres de verreries s'efforcent d'empêcher ce genre de migrations 304 .

La chambre syndicale, groupement d'intérêts des maîtres de verreries, joue un rôle non négligeable dans la régulation des conflits et dans l'application des règles. Quasiment toutes les verreries françaises adhèrent à cet organisme.

En 1908, la chambre syndicale est dirigée par un bureau constitué d'un président : Legras de la verrerie de Plaine-Saint-Denis, d'un vice-président : Despret administrateur délégué de la compagnie des glaces et verres spéciaux du Nord à Jeumont, d'un secrétaire général: Sauvageot de la verrerie de Saint-Ouen et d'un trésorier: Landier des cristalleries de Sèvres et Clichy réunies à Bas-Meudon. Chaque groupe de spécialités verrières possède également un président : Despret (glacerie) ; Bévierre (flacons) administrateur-délégué des verreries de Romilly-sur-Andelle (Eure) ; Damour (bouteilles) ancien directeur de la verrerie de Follembray (Aisne) ; Landier (cristallerie) ; Legras (gobeleterie) ; Laronde (verre à vitres) directeur des verreries et manufactures de glaces d'Aniche (Nord).

La chambre syndicale publie un bulletin de renseignements. Celui de février 1914 présente une enquête effectuée par un député concernant les répercussions qu'ont pu avoir plusieurs lois : celles relatives au repos hebdomadaire et à la journée de dix heures. Enfin, le député Clémentel se penche sur les répercussions engendrées par les hausses de salaires depuis dix ans. Les maîtres de verreries sont priés de transmettre leurs réponses au président Legras. D'autres articles concernent la conférence de Berne en 1913, travail de nuit et journée de travail pour les femmes et les jeunes ouvriers employés dans l'industrie. Des informations diverses sont fournies au sujet de la formation ou la dissolution de sociétés, de la situation commerciale des autres pays, des types de production, des exportations, des tarifs...

Les réunions se déroulent à Paris au sein de chaque groupe. Les maîtres de verreries abordent des problèmes liés au rachat ou à l'extinction d'usines, au recrutement, aux relations commerciales nationales et internationales et très fréquemment au prix du verre, ou à celui de ce dernier par rapport au cristal. Les maîtres de verreries se regroupent également par région ; X. Mougin puis A. Richard président le groupe de l'Est qui ne rassemble pas forcément toutes les verreries qui adhèrent à la chambre syndicale. Cette dernière et ses émanations régionales régulent par conséquent et avec plus ou moins de bonheur tous les problèmes relatifs à l'industrie du verre.

Notes
286.

Les ouvriers appelés "roulants" sont nommés dans l'industrie textile : "les 28 jours".

287.

Chiffre donné par X. Mougin, A.C.E. exposition industrielle de 1881.

288.

Le recrutement des apprentis créera de grandes difficultés au patron.

289.

Registres d'Etat civil ; A.C.P.

290.

Familles arrivées après l'annexion de l'Alsace - Lorraine. Voir en annexe p 652.

291.

Conseil d'administration de novembre 1883 ; 37 J 20, A.D.M.

292.

Conseil d'administration de juin 1884 ; 37 J 20, A.D.M.

293.

Lettre de G. Chevandier d'avril 1873 ; 37 J 31, A.D.M.

294.

Lettre de G. Chevandier à X. Mougin le 5 mai 1883 ; 37 J 31, A.D.M.

295.

Lettre de G. Chevandier à X. Mougin le 12 mai 1883 ; 37 J 31, A.D.M.

296.

Lettre de A. Michaut à X. Mougin le 10 décembre 1888 ; A.P.

297.

Lettre de A. Raspiller à A. Michaut le 12 novembre 1883 ; A.P.

298.

Lettre de A. Richard du 8 mars 1910 ; 53 J 714, A.D.V.

299.

Lettre de A. Richard à Daum en novembre 1913 ; 53 J 714, A.D.V.

300.

Trélon (Nord) : en 1908, Fournier et Cie dirige cette usine sous la dénomination "Verreries de Trélon et Charleville réunies", à Trélon. Source : bulletin de la chambre syndicale des maîtres de verreries.

301.

Lettre de A. Richard du 11 avril 1914 ; 53 J 714, A.D.V.

302.

Lettre de A. Richard du 16 novembre 1921 ; 53 J 714, A.D.V.

303.

Lettre de A. Richard du 23 juin 1919 ; 53 J 714, A.D.V.

304.

Nous avons consulté : 6 M 244 Hennezel, A.D.V. ; 6 M 93 Allamps, A.D.M.M. ; 6 M 33 Baccarat, A.D.M.M. ; 6 M 147 Croismare, A.D.M.M.