Dans le même temps, le directeur se tourne vers un autre interlocuteur pour recruter à grande échelle des enfants en Espagne. A Jean Grumbach, représentant dans le pays, il propose d'engager 20 ou 30 gamins de 13 et 14 ans en veillant à ce qu'il n'y ait pas plus de 2 à 3 gamins du même village, que ces villages ne soient pas très rapprochés les uns des autres, que les enfants soient envoyés par groupe de 3 ou 4 quitte à payer plusieurs voyages à l'accompagnateur. S'appuyant sur l'exemple des verreries de Paris qui engagent des petits Espagnols contre la promesse faite aux parents de leur verser 125 francs par an, de les nourrir et de les habiller, A. Richard pense octroyer 150 francs avec un supplément de 80 francs si l'apprenti reste deux ans. L'homme qui recruterait et assurerait le voyage serait également chargé de la surveillance des gamins pour 80 francs par mois. Il toucherait pour le recrutement 350 francs pour 15 gamins ; 400 francs pour 20, 450 francs pour 25 et 500 francs pour 30. "Il y va de la vie de notre 5ème four ", lance-t-il à Grumbach 408 .
Le cri d'alarme explique que le directeur s'engouffre dans une aventure périlleuse. Deux éléments corroborent l'idée de risque pris par Portieux.
En 1912, l'abbé Santol se trouve à Briviesca, Espagne, dans le but de recruter des jeunes par l'intermédiaire des curés locaux 409 . Après une marque d'hostilité, le curé‑archiprêtre réunit les curés voisins de Briviesca. Très rapidement arrivent auprès de Santol 25 jeunes pupilles. Le recrutement est facilité par le fait que la grêle a succédé à la pluie en ce mois de juin 1912 et que les travailleurs agricoles s'attendent à un hiver cruel 410 . L'abbé Santol décrit les enfants comme étant indigents, "tout ce qu'il y a de plus indigents".
Au mois d'août 1912, le consul général d'Espagne en France écrit au maire de Portieux 411 pour l'informer que 17 jeunes gens qui travaillent à la verrerie de Portieux "sont l'objet de mauvais traitement de la part du patron avec qui ils vivent". Les enfants menacent de repartir chez eux à pied. "Cette inhumanité ne me surprend pas, écrit-il, car dans le département de la Seine il y a de ces individus loueurs d'enfants et de jeunes gens dont ils exploitent le travail, en gardant ce qu'ils gagnent et ne donnant à ceux‑ci ou à leurs parents, qu'une somme ridicule". Le consul demande au maire si ces faits sont exacts et des informations complémentaires sur le sujet.
Le premier recrutement d'Espagnols se solde par un échec car il faut, sur la demande du consul les renvoyer en Espagne.
Le deuxième élément qui concerne la prise de risque réside dans le fait que les journaux, nous l'avons vu, étaient entrés en campagne contre les verreries parisiennes pour dénoncer les intermédiaires nommés "padrones". La presse les avait décrits comme étant "des repris de justice, déclassés, de moralité déplorable, ecclésiastiques en marge de l'église, tenant de véritables bureaux clandestins pour enfants..." 412 . Il a également été avancé que les Espagnols étaient engagés avant l'âge à l'aide de fausses pièces d'identité 413 et qu'ils étaient logés et entretenus dans de déplorables conditions. Toutes ces accusations, toutes ces critiques qui ne concernaient que les enfants employés dans la région parisienne, auraient du inciter à la prudence le directeur de Portieux.
Ce n'est pas la voie choisie et A. Richard, obsédé par le fonctionnement du 5ème four, dans un moment où affluent les commandes, contacte le représentant Grumbach. Il passe aussi, à nouveau fin 1913, par l'intermédiaire de l'avocat Labarthe. L'auteur du rapport sur le travail des enfants le met en relation avec quelqu'un qui pourrait être d'un puissant secours (...) pour le recrutement de petits Espagnols 414 . L'homme providentiel se nomme Charles Maugé. Il a habité de longues années au Nord de l'Espagne où il dirigeait de grandes exploitations agricoles. Charles Maugé appartient à l'Union des Intérêts Economiques ; il est membre de la chambre de commerce espagnole et conseiller technique de cette assemblée ; en outre, il fait partie de l'Union pour l'Amélioration des Conventions Commerciales entre la France et l'Espagne dont Jules Bloch est le secrétaire. C'est le commissionnaire de Portieux qui a fait inscrire C. Maugé à cette assemblée dont le président est Victor Lourties 415 , sénateur des Landes depuis 1888, et qui fut ministre du commerce et de l'industrie des postes et des télégraphes de 1884 à 1895. Il est aussi maire et conseiller général d'Aire‑sur‑Adour.
Le sénateur Lourties se rend à Portieux accompagné du consul général d'Espagne courant décembre 1913. A la suite de cette visite, une lettre "élogieuse" parvient au directeur de Portieux au sujet des traitements et soins apportés aux gamins 416 . A l'aide de cette lettre et par l'entremise de Maugé, l'usine espère recruter en Espagne, pour le deuxième essai, une trentaine d'enfants 417 . L'espoir renaît. On prévoit de rallumer le petit four éteint en janvier 1912 alors qu'il donnait 25.000 francs de bénéfice mensuel 418 .
C. Maugé semble l'homme indiqué pour une telle mission de recrutement. Il connaît bien l'Espagne et ses moeurs et y possède de nombreuses relations. Maugé outre les fonctions citées précédemment est ingénieur conseil agricole, commissaire expert inspecteur honoraire de la ville de Paris, diplômé du laboratoire municipal de chimie, directeur de l'Office Juridique et Technique de la Répression des Fraudes 419 .
C. Maugé précise les conditions dans lesquelles doit s'effectuer sa mission de recrutement de 35 à 40 enfants de 13 à 14 ans comme apprentis verriers :
A titre d'avance, pour ses frais de voyage et pour ceux des enfants, il réclame 105 Frs par tête depuis La Corogne jusqu'à Portieux. C. Maugé compte quitter Paris vers le 20 janvier pour être de retour à Portieux début février. Il est entendu qu'il doit recruter des enfants en bonne santé à raison de 3 ou 4 par village, se procurer des extraits d'acte de naissance pour chacun d'eux, rechercher un espagnol connaissant le français pour servir de surveillant aux appointements de 60 francs par mois nourri et logé. Les enfants gagneront de 150 francs la première année à 210 francs la deuxième année nourris, couchés, habillés... Les appointements seront adressés aux familles en une, deux ou plusieurs fois. Sur les gains, les enfants conserveront comme argent de poche 0,50 francs par dimanche. En cas de rupture du contrat, le voyage retour ne pourra être payé qu'après 2 années passées à l'usine. C. Maugé se charge par ailleurs de faire traduire la brochure sur le pensionnat en langue espagnole afin que A. Richard puisse en tirer un certain nombre à remettre aux familles. Il suggère d'élaborer des contrats à passer avec les parents des enfants. Avant de partir, C. Maugé fait le nécessaire auprès du consul d'Espagne et de la chambre de commerce espagnole pour obtenir des lettres officielles l'accréditant auprès des autorités de Galice afin de leur inspirer confiance. Il prend des dispositions pour ne pas perdre de temps et arriver dans les villages prévenus avant son passage du but de sa mission. A. Richard souhaite faire signer un contrat 421 de 2 ans aux familles à établir en double dans les deux langues. Le but du contrat consiste à donner une plus grande confiance aux parents afin qu'ils laissent partir leurs enfants. Il élabore un ordre de mission à Maugé dans lequel il déclare : "(...) de s'entendre en son nom, et sous l'autorisation du consul général d'Espagne avec des familles de nationalité espagnole qui consentiront à lui confier des jeunes gens âgés de 13 à 15 ans, pour les conduire à la verrerie de Portieux, où ils seront reçus au pensionnat des apprentis conformément au règlement de l'établissement, qui se chargera de les initier au métier de verriers. Monsieur Charles Maugé conclura, avec les familles intéressées, des conventions fixant pour chaque apprenti la durée de son engagement ainsi que le salaire auquel il aura droit après chaque année de service à l'usine". C. Maugé "a préparé le terrain" comme promis. A plusieurs reprises il écrit à des amis d'Espagne et en particulier à son "ami intime", directeur de l'Ecole des Arts et Métiers de Torrelavega, qui "possède une grande influence dans le Nord de l'Espagne" 422 . Il a démarché certaines compagnies de chemin de fer pour obtenir demi-tarif et pris contact avec la compagnie de navigation pour réaliser une économie ; le voyage le moins cher par mer est de 55 francs de La Corogne à Saint-Nazaire mais il ne pourrait embarquer que le 4 février de La Corogne. Le voyage s'effectuera en fait par Bordeaux.
Le consul général d'Espagne qui a visité Portieux remet à Maugé sa lettre traduite en Espagnol et confie le même courrier en Français à A. Richard. Le consul, afin de ne pas supporter les frais de rapatriement en cas de rupture du contrat par l'enfant, propose de préciser sur les contrats, devant les parents, qu'il sera retenu à l'apprenti la moitié de son salaire déposée à la caisse d'épargne pour garantir le voyage retour au cas où l'enfant reviendrait en Espagne avant l'échéance prévue. Il est convenu de retenir sur le salaire 60 Frs pour assurer le voyage retour. Le Trésor espagnol ne serait pas obéré et on pourrait démontrer au gouvernement espagnol que la verrerie de Portieux "ne spécule pas sur la main‑d'oeuvre étrangère, puisqu'elle assure une partie des frais de retour au cas où l'enfant ne voudrait pas rester". C. Maugé prend l'attache de diverses personnalités espagnoles. Il apprend "confidentiellement" que le gouvernement espagnol, depuis 6 mois, ne laisse sortir aucun enfant par les frontières en raison du dernier scandale des "padrones" mais "il y aura exception à la règle" 423 . Il doit se rendre directement à Madrid auprès de Monsieur Montero qui assure des fonctions gouvernementales et de Monsieur Lameyer, député. Il souhaite que Montero le présente au ministre de la Gobernecion (intérieur) "pour demander et obtenir l'autorisation officielle d'enrôler le nombre d'enfants nécessaire. Il ira aussi au préalable se présenter à l'ambassadeur de France afin de suivre la voie protocolaire. Maugé se démène pour conduire à bien l'opération. Il obtient 50 % de réduction pour le voyage de la frontière à Paris, une lettre d'accréditation du ministre des affaires étrangères auprès de l'ambassadeur à Madrid et des consuls le recommandant à la bienveillance du gouvernement espagnol.
Il s'enquiert, auprès du directeur, de l'endroit d'où provenaient les Espagnols recrutés en 1912 par Santol car il veut éviter de retourner dans les mêmes villages 424 . Le 14 janvier 1914, A. Richard fait parvenir à Maugé en plus des 4 séries de photographies de détail du pensionnat précédemment envoyées, 50 contrats signés par lui en blanc, un type de bulletin mensuel adressé à chaque famille d'apprenti vers le 15 ou le 18 du mois et une vue générale de l'usine. Des difficultés avec lesquelles on n'a pas suffisamment compté se présentent sur la route de C. Maugé. Monsieur Alcalde Del Rio, directeur de l'Ecole Nationale des Arts et Métiers de l'Etat de Torrelavega, province de Santander, un de ses amis lui écrit : "(...) je dois vous informer que votre mission sera très difficile dans cette région étant donné la campagne menée par la presse depuis quelques temps ici contre les abus des entreprises de "padrones" commis sur ces enfants ; d'autre part le conseil général a pris parti contre ces entreprises d'émigration. Puis dans la zone des villes il y a beaucoup de mines ou de grandes industries, vous pourriez, peut‑être opérer plus facilement en Galice". Un autre ami résidant au Ferrol le met également en garde : "je dois vous avertir qu'il faudra vous méfier de la campagne des journaux qui a été faite ici, disant que les "padrones" battaient les enfants, les faisaient travailler très longtemps sans leur donner à manger, leur jetant de l'eau bouillante sur la tête, le matin pour les réveiller. Plusieurs enfants ont dû rentrer à l'hôpital à la suite de ces sévices. Donc si vous venez ici vous ferez bien de prendre des précautions pour que l'on ne vous confonde pas avec ces "padrones" 425 . En raison des démarches qu'il va entreprendre à Madrid, Maugé reste optimiste malgré tout ; d'ailleurs il ira dans les régions où il est connu des paysans. Une chose le tracasse : ne pas être de retour à Portieux avant le 10 ou le 11 février. A. Richard se montre inquiet face à la campagne de presse qui sévit en Espagne et il se demande s'il ne faut pas renoncer à ce recrutement mais il laisse Maugé juge et lui envoie la somme de 6.000 francs. C. Maugé a la conviction qu'il pourra aplanir toutes les difficultés, son optimisme ne le quitte pas. Il a obtenu des permis de réduction sur le chemin de fer du Nord de l'Espagne pour les enfants. Les permis laissent le choix de l'itinéraire en fonction des lieux de recrutement : de La Corogne à la frontière, d'Oviedo à la frontière par Léon, de Santander à la frontière par Venta de Bânos. Il revoit le consul général d'Espagne avec lequel il convient qu'en cas de difficultés avec les autorités locales une lettre ou un télégramme seront envoyés à Paris. Le consul répondra soit aux gouverneurs, soit aux alcaldes. Son interlocuteur lui recommande d'oeuvrer dans des villages éloignés des grands centres où les habitants ne lisent jamais les journaux 426 . C. Maugé s'apprête à partir à Madrid et compte s'arrêter en route à Briviesca afin de faire une enquête sur la possibilité de recruter des enfants dans la région.
Le 21 janvier 1914, C. Maugé se trouve à l'hôtel Inglès à Madrid d'où il contacte la direction de Portieux pour lui préciser qu'il prépare son entrevue avec le ministre de l'intérieur et qu'il a rencontré, par ailleurs, son ami le député Lameyer. Celui-ci l'a assuré du soutien officiel. Après l'entrevue avec le ministre, il sera présenté au député Azcarrat, président de la ligue contre l'émigration. C. Maugé pense que devant l'accord gouvernemental, ce député ne fera aucune opposition 427 . Le 10 février, C. Maugé se trouve toujours à Madrid, preuve que les difficultés se dressent devant lui. Toujours hébergé à l'hôtel Inglès, il écrit à A. Richard qu'il vient enfin d'obtenir l'autorisation officielle de recruter des apprentis mais "il lui a fallu prendre certains engagements vis-à-vis du gouvernement" :
Cet engagement est pris par écrit et l'autorisation n'est accordée que pour A. Richard. C. Maugé quitte Madrid par la montagne et il compte opérer entre Santander et Burgos région "conseillée officiellement" 428 . Il se donne 8 jours pour recruter.
Après avoir séjourné à Madrid du 21 janvier au 19 février 429 , il repart à Bordeaux du 19 au 21 février pour un procès dans lequel il est expert. Ce n'est que le 28 février que C. Maugé reprend contact avec Portieux depuis Santander. Il semble rencontrer de nombreuses difficultés ; de plus les parents se montrent réticents à confier leurs enfants et sans appui officiel, "il n'y aurait rien à faire". On va lui remettre "officiellement une quinzaine d'élèves pour le pensionnat, vous comprendrez toute l'importance de ce fait étant donné la campagne menée en son temps et à l'heure actuelle contre l'émigration et dont le souvenir reste toujours vivace", explique-t-il au directeur de Portieux 430 .
Le 1er mars, C. Maugé se trouve à Cabuerniga 431 . "Un incident désagréable a failli troubler la bonne marche de la mission" ; en effet, arrêté C. Maugé n'est libéré que sur l'intervention du maire. Malgré un temps exécrable, il voyage à travers les montagnes réussissant à obtenir la moitié de l'effectif escompté. Sur 62 enfants dont les parents donnent l'accord de recrutement, il n'en reste que 20 prêts à partir. La cause de ces défections, explique C. Maugé 432 "est imputable aux curés qui se sont acharnés contre moi, en parcourant les villages derrière moi pour détourner les parents". Afin d'éviter les problèmes à la frontière et ceux dûs aux changements de trains, il décide de prendre le vapeur "Pérou" jusqu'à Bordeaux. Avant de partir le 18 mars, C. Maugé, conformément aux ordres du gouverneur, fait passer une visite médicale aux enfants ; 9 sont refusés, les autres sont "très sains". La vingtaine de jeunes sélectionnés par C. Maugé s'embarquent pour la traversée Santander-Bordeaux (fig. 40). Après avoir passé la journée du 19 à Bordeaux, le groupe prend le train pour Paris où il arrive à 7 heures du matin. Les enfants absorbent un petit déjeuner confectionné par Madame Maugé puis sont présentés au consul général qui "leur donne de bons conseils". Le déjeuner se déroule dans un restaurant puis les enfants prennent le train pour Portieux où ils arrivent à 18 heures le 20 mars 1914. Ils sont installés au pensionnat et C. Maugé les quitte le lendemain dimanche, "tous joyeux et bien portants". Or, le lundi, alors qu'ils n'ont passé qu'un jour à la pension, le groupe de jeunes espagnols abandonne l'usine sans raison apparente après avoir démoli le matériel, crevé leurs matelas, déchiré leurs couvertures. Prévenu, C. Maugé revient à Portieux et dès le mardi matin se met à la recherche des enfants en compagnie du directeur. Les deux hommes suivent leurs traces jusqu'à Nancy où ils finissent par les retrouver au poste de police. Un seul manque à l'appel, il s'agit de Hilario José Ruanès, né le 10 mars 1899 à Santander. Questionnés individuellement, les enfants évoquent les problèmes liés à la question de la nourriture française, en particulier soupe aux haricots, macaronis au beurre et au gratin qu'ils n'affectionnent pas, de même que le rôti de veau. La bande regagne la verrerie sur la promesse du directeur qu'on leur ferait "du panchero" : soupe aux choux, pommes de terre etc, ragoût aux pommes, salade de haricots. C'est C. Maugé qui explique comment confectionner les plats.
Il goûte à la nourriture et affirme "qu'elle est bonne et abondante et (que les enfants) sont mieux nourris que les soldats de notre armée".
Le problème de la nourriture se cumule avec celui des coups que les enfants recevraient. En réalité, il s'agit de bagarres entre jeunes. Le soir même de leur réinstallation au pensionnat, un des enfants espagnols, surnommé "Chato", Fidel Ruiz Norieger donne un coup de ceinture sur la tête d'un enfant français et il s'ensuit une rixe générale. C. Maugé qui intervient avec le surveillant réussit à ramener le calme et tout le monde va se coucher. Le lendemain mercredi la moitié du groupe se rend au travail tandis que l'autre moitié quitte l'usine. C. Maugé les rattrape à la gare, entame le dialogue avec eux et parvient à en ramener 3 à la verrerie. Les 7 autres partent, sont arrêtés et conduits par la gendarmerie à Nancy où C. Maugé va les rechercher. Quatre refusant à nouveau de reprendre le travail : Alberto Saïz de l'asile de Caridad, Gumersindo Gonzalès et les deux frères Quintana. D'après leurs camarades, les quatre jeunes souhaitaient simplement se faire payer un voyage à Paris. Laissés libres, ils partent à Epinal. D'accord avec le directeur, C. Maugé propose à son ami Lasso de la Vega, directeur du journal de Santander El Cantabrico 433 de venir avec un journaliste "pour se rendre compte sur place, combien les enfants sont choyés" et C. Maugé ajoute "(...) Portieux est la seule verrerie qui soit aussi bien installée. Son personnel y reste très longtemps et y gagne largement sa vie et s'y succède de père en fils. Monsieur Richard et Monsieur Lacombe sous‑directeur sont des hommes très bons, veillant avec soin sur leurs ouvriers et surtout sur les apprentis. Les ouvriers ne maltraitent jamais les enfants, au contraire il y en a beaucoup qui invitent les gamins travaillant avec eux, à venir déjeuner en famille le dimanche. Ils leur donnent des friandises..." C. Maugé espère pourvoir retourner à nouveau en Espagne dans les montagnes et les villages où il pense qu'on lui procurera des enfants 434 . Pour gagner la confiance des villageois, il convient que les 16 enfants se trouvant à Portieux y demeurent. Afin de continuer à les fixer à l'usine, C. Maugé suggère à A. Richard d'engager un "agent de police" qui pourrait venir avec sa femme, celle-ci s'occupant des enfants "leur servirait de mère" 435 . Le voyage coûterait 450 francs qui seraient retenus sur le salaire. Le directeur accepterait cette solution en offrant un salaire de 1.200 francs et la nourriture mais à la condition que C. Maugé recrute 30 ou 40 apprentis 436 .
Il préférerait même que la famille du surveillant espagnol comprenne 6 ou 7 enfants car cela donnerait de la main‑d'oeuvre. C. Maugé s'entête dans son idée de recrutement d'Espagnols alors que les difficultés persistent à la verrerie avec les 16 enfants restant. Le directeur se lamente 437 : "quelle misère et quelle dépense pour un si piètre résultat !"
Le 30 mars, 4 enfants se font porter malades et A. Richard fait traduire par Maugé :
Les enfants se plaignent toujours de la nourriture car ils ont mangé de la soupe, un peu de viande et du cresson. Ils écrivent à C. Maugé 438 qui leur répond en s'efforçant de les rassurer et en leur faisant en douceur la morale. C. Maugé conseille au directeur "de leur faire le même plat tous les jours et de temps en temps de la morue dite merluche avec des pommes de terre et des haricots en colorant la sauce avec du piment rouge non piquant. Ils aiment beaucoup les haricots en salade mais chaude 439 ". Le directeur du journal El Cantabrico envoie un télégramme à C. Maugé dans le but qu'il fasse revenir en Espagne les 4 gamins qui se sont enfuis. "Mères gamins révoltés me prient faire nécessaire rentrent usine sont pleines d'angoisse. Merci. Lasso."
A Portieux, contrairement à ce que pense C. Maugé, rien ne s'arrange. Les enfants ne veulent pas travailler seuls à une place pour porter à l'arche. Les fuites du pensionnat continuent. Luis Montès excite ses camarades alors qu'il vient d'être ramené par la police de Charmes où il a volé une montre ; quatre de ses camarades sèment le trouble dans la commune et A. Richard, en sa qualité de maire est contraint de les arrêter 440 . Le lendemain, Ruiz et Gonzalès s'enfuient. Le 3 avril plusieurs désertent le travail 441 . Viana Angel, légèrement brûlé au poignet ; Ruiz Ignacio, mal à la jambe ; Floranès Julian, mal au poignet ; Jimenès Fernando, mal à la tête ; Samentevie Miguel et Désidério Gonzales, sans motif. A. Richard écrit au consul général : " la devise de ces jeunes gens : manger, dormir et fumer". Malgré les sacrifices du patron, la révolte gronde sans cesse. Dans la mesure où on est sans nouvelle des quatre gamins partis sur Epinal et où l'un d'eux a écrit une lettre, dans un style élaboré, au gouverneur de Santander, C. Maugé suspecte quelqu'un proche de Portieux et probablement une personne habitant Thaon, de les avoir recueillis et d'essayer de faire partir les autres 442 . L'hypothèse n'est pas fausse puisque le 5 avril, un marchand de produits d'Espagne installé à Thaon ramène les 4 "évadés", veut les imposer à l'usine et se voit opposer un refus. Le dimanche, les jeunes espagnols jouent dans l'usine et cassent des marchandises. A. Richard passe encore par C. Maugé pour faire traduire : "il est formellement défendu d'entrer dans la fabrique le dimanche. Ceux qui seront pris dans la fabrique soit quand le travail est terminé, soit dans le magasin à paille ne toucheront pas les 50 c du dimanche" 443 .
Les enfants espagnols n'arrêtent pas de se plaindre auprès de C. Maugé à qui ils adressent un courrier par lequel ils lui font savoir qu'on n' a pas changé leur linge, sauf une chemise à quelques‑uns. "A trois qui étaient méchants on ne leur a pas donné à manger et on les a mis au cachot et dimanche ils n'ont pas touché les 0,75 franc". Ce n'est plus seulement la nourriture française qu'ils rejettent mais, par volonté d'exagération : "la viande pourrie" et le "pain dur". Tout va mal et leur vie semble un enfer : "les petits français nous battent, l'autre jour ils ont attrapé le tout petit Fernando Gimenez et ils ont voulu l'étrangler". (...) les petits français cherchent à nous brûler avec les fers ; certains d'entre nous avons des brûlures (...)" ; telle est la situation décrite par les enfants qui écrivent également à leurs mères et au maire de Santander pour lui dire "que nous sommes plus mal qu'avec les padrones" 444 .
Le style et le vocabulaire employés par "la jeunesse espagnole" montrent que le courrier a largement été inspiré par un adulte. Le directeur de l'usine, A. Richard parle d'un "tissu de mensonges", tout en reconnaissant trois faits comme exacts : qu'on ne donne que du pain à ceux qui refusent de travailler, qu'on a bien mis au "violon" 4 apprentis et que ceux qui avaient manqué au travail n'ont pas touché les 50 c ou 75 c le dimanche. Les jeunes semblent se calmer entre le 5 et la mi-avril mais à cette date, sous la conduite d'un meneur Ignacio Ruiz, 8 quittent à nouveau l'usine le mardi de Pâques. Ils se montraient pourtant "très gais" et manifestaient un appétit "extraordinaire" 445 . Après une semaine de vagabondage, ils sont arrêtés à Nancy et rentrent à Portieux. Le directeur hésite à reprendre les leaders Ruiz et Martinez. Le reste du groupe durant ce temps a travaillé normalement. C. Maugé écrit à Ruiz et Martinez le 21 avril 1914 446 pour leur faire la morale et les ramener à la raison et en particulier le premier qui a de l'influence sur la bande : "Et toi Ignacio Ruiz tu es le plus grand et l'aîné, ton devoir est de servir de modèle à tes compagnons et non de les provoquer à la révolte". Il n'hésite pas, pour convaincre à employer des termes forts : le patron est "très bon", le métier "le meilleur" et la fabrique "la meilleure du monde". A. Richard pense, non plus à faire venir un surveillant espagnol, mais un père de famille durant 15 ou 20 jours afin qu'il constate les conditions de vie des enfants. Il est prêt à le loger et à lui donner 3,50 francs d'indemnité par jour 447 .
A partir de la mi-mai 1914 alors que les enfants ne cessent de s'agiter, les tractations pour leur rapatriement en Espagne sont menées à l'insu du directeur. A. Richard, qui apprend que le consul général d'Espagne à Paris demande à la compagnie de l'Est le transport à demi-tarif, proteste énergiquement auprès de C. Maugé 448 . Le journal de Santander El Cantabrico relate les événements dans ses colonnes 449 . Le consul envoie le 15 mai un télégramme au maire de Santander pour lui préciser que trois enfants : les deux frères Quintana et Gonzalès rentrent en Espagne 450 . Selon C. Maugé, il est probable que le consul général a envoyé ce télégramme au maire de Santander pour le faire patienter dans la mesure où ces trois garçons sont ceux qui ont refusé de travailler dès le début. Le gouverneur civil et le maire de Santander sont à l'origine de la demande officielle de rapatriement des enfants ; pourtant, tout n'est pas négatif puisque un garçon au moins souhaite rester, il s'agit de Alberto Saïz qui rentrerait plus tard en compagnie d'un Espagnol qui demeure à Epinal, Martinez 451 . Lors du retour en Espagne des deux apprentis, le journal El Cantabrico du 21 mai 1914 publie en première page l'article suivant sous le titre "Enfants rapatriés" : A 4 heures du soir par le train de Bilbao sont arrivés hier, provenant des Vosges (France) et accompagnés depuis Saint-Sébastien par l'inspecteur de police de cette province, Don Antonio Perez Atanay, les enfants Gumercindo Gonzalez Solano, Emilio et Emmanuel Quintana Garcia qui avaient été dirigés vers la fabrique de cristal de Portieux pour y travailler. Ces enfants, accompagnés de leurs parents, furent conduits à la mairie et présentés au maire. Les rapatriés racontent de véritables énormités sur les mauvais traitements dont ils ont été l'objet en France tout spécialement à la fabrique où ils avaient été travailler déclarant que c'étaient les motifs pour lesquels ils avaient demandé leur prompt rapatriement en Espagne ; ces enfants furent l'objet d'une manifestation de sympathie de la part du public".
C. Maugé qui voit dans cet article "une véritable machination" souhaite protester auprès du directeur du journal afin de raconter les faits tels qu'ils se sont passés. Il est évidemment difficile d'accorder le moindre crédit aux paroles de ces jeunes Espagnols qui n'ont travaillé que quelques heures à l'usine de la verrerie. C. Maugé dépassé quelque peu par les événements qui donnent tort à son entêtement à vouloir garder les Espagnols se tourne vers l'avocat E. Labarthe pour lui demander conseils. E. Labarthe n'est pas d'accord pour offrir, comme le conseille Lasso le directeur du Cantabrico, un séjour à Portieux à deux conseillers municipaux de Santander afin qu'ils constatent que ce qui se raconte sur l'usine relève du mensonge. "Ils trouveront toujours moyen de ne pas s'expliquer et de laisser planer les doutes" explique C. Maugé 452 . E. Labarthe est du reste " partisan de la résistance et de la lutte à fond avec les autorités espagnoles". Le gouvernement espagnol doit être rendu responsable parce que A. Richard possède des contrats en bonne et due forme. "On peut faire aisément la preuve que les autorités espagnoles ont agi en se servant des prétextes les plus mensongers pour faire rentrer les enfants en Espagne" 453 . E. Labarthe suggère d'introduire une réclamation par la voie diplomatique. A. Richard ne suit pas ces conseils. Dès le 22 mai 1914, il écrit au vice-consul d'Espagne à Nancy pour lui préciser que les enfants sont à sa disposition tout en lui rappelant l'existence des contrats 454 . Le 23 mai, le directeur transmet aux enfants espagnols le désir du consul général de les rapatrier et ceux-ci quittent immédiatement le pensionnat. A. Richard insiste à nouveau sur l'idée de rupture du contrat qui porte la signature du maire de Santander et proteste énergiquement "contre cette atteinte grave au droit des gens". Le 24 mai, les enfants se trouvent chez le consul prêts à regagner leurs familles ; et "el finita la comedia !" 455 . Le directeur de Portieux rejette en partie la responsabilité sur l'homme qui a oeuvré pour le recrutement, C. Maugé, car il a engagé les enfants sur le port de Santander au lieu d'en prendre deux ou trois par village comme cela lui avait été indiqué. L'histoire de ce recrutement en aurait-elle été changée ? On peut aisément en douter. A. Richard qui renonce à une illusoire réclamation diplomatique conclut cet épisode en écrivant : "tout cela sera donc un feuillet de notre histoire que nous tournerons sans y revenir jamais" 456 .
Les importantes dépenses engagées et les efforts consentis pour recruter des apprentis étrangers ne portent pas leurs fruits. L'aventure des Espagnols à Portieux ne dure que deux mois, exactement du 20 mars au 24 mai 1914. Cette sorte d'aveuglement du directeur à recruter des jeunes en Espagne alors que le contexte n'était pas favorable peut s'expliquer par la confiance placée en C. Maugé, personnage qui connaît parfaitement l'Espagne du Nord où il possède de nombreuses relations et surtout par la hantise de voir des places vides au bas de l'échelle. L'équilibre de l'usine est en jeu et les pistes qui peuvent procurer du personnel jeune doivent être explorées. Notable local, directeur d'une usine implantée en milieu rural, A. Richard pouvait légitimement se croire à l'abri des problèmes que ses collègues avaient rencontrés dans leurs usines de la région parisienne.
Les enfants espagnols n'ont certes pas été maltraités à la verrerie de Portieux, mais on suit bien les causes possibles qui éclairent leurs comportements faits d'opposition. C. Maugé recrute des jeunes gens désoeuvrés qui n'ont ni règles de vie, ni habitudes de travail. Ils arrivent dans un milieu qui leur paraît hostile parce que étranger du point de vue des modalités du vécu quotidien et on leur propose un travail pénible ou du moins contraignant. Les enfants réagissent alors négativement et leurs attitudes sont renforcées par le groupe qui se replie sur lui-même pour affronter leurs petits camarades français non préparés eux‑mêmes à accepter des inconnus. Bien que moins déracinés, des enfants bretons, parisiens, savoyards ne supportent guère mieux la vie au pensionnat et à l'usine 457 . Au moment où le groupe des enfants espagnols se trouve à Portieux, le pensionnat regroupe 75 apprentis dont l'âge se situe dans la tranche de l'adolescence et il n'est pas non plus anormal de rencontrer des conflits interpersonnels. Il faut ajouter enfin que les enfants français et surtout ceux qui exercent à côté d'un père, d'un grand-père, d'un cousin... peuvent imaginer des perspectives de carrière ouvrière à la verrerie contrairement aux apprentis espagnols qui arrivent pour remplir ponctuellement une tâche en l'absence de main‑d'oeuvre autochtone.
La guerre qui arrive va effacer le souvenir de cet échec d'autant plus que la nécessité de recruter des apprentis pour faire vivre le 5ème four ne se fera plus sentir.
Malgré les difficultés dont la presse se fait l'écho, l'usine de Portieux garde la confiance d'organismes ou de parents qui souhaitent envoyer des enfants au pensionnat. C'est le cas, par exemple, de la Société Nancéienne de Protection de l'Enfance en Danger Moral qui place des pupilles en 1914 458 . C'est aussi le cas d'une famille qui habite à Douvot (Doubs) qui veut orienter au pensionnat son deuxième enfant. La famille du jeune Eugène 459 a appris l'existence du pensionnat par la notice que lui a transmise une personne de Beaume‑les‑Dames. Eugène visite l'établissement et passe la visite médicale d'admission auprès du docteur Cleisz le 7 avril 1914.
L'abbé J. Santol continue, lui aussi, à envoyer des jeunes à Portieux. Le jeune Louis Boncaut né le 11 octobre 1900 à Crespin (Nord) subit la visite médicale le 16 février 1914.
Lettre de l'abbé Bernard du 13.10.1913. Le directeur lui a adressé trois exemplaires du livret sur le pensionnat ; A. P.
Lettre de A. Richard d'octobre 1913 ; 53 J 714, A.D.V.
Liste des enfants recrutés dans les environs de Briviesca d'après les actes de naissance : annexe p 659.
Lettre de J. Santol du 13.06.1912 ; A.P.
Lettre du consul au maire qui n'est autre que le directeur de la verrerie ; 02.08.1912, A.P.
E. Labarthe ; op. cit, p 15.
Les pièces d'identité possédées par Portieux sont authentiques.
Lettre de E. Labarthe à J. Bloch du 20.12.1913 ; A.P.
Victor Lourties, renseignements dans le dictionnaire des parlementaires français.
Conseil d'administration du 24.01.1914 ; 37 J 25, A.D.M.
Les recrutements en Espagne : voir fig. 23.
Lettre de A. Richard du 21.10.1913 ; 53 J 714, A.D.V.
Carte de visite de Maugé ; A.P.
Lettre de Maugé du 31.12.1913 ; A.P.
Contrat voir en annexe p 660.
Lettre de Maugé du 07.01.1914 ; A.P.
Lettre de Maugé du 09.01.1914 ; 53 J 810, A.D.V.
Lettre de Maugé du 12.01.1914 ; 53 J 810, A.D.V.
Lettre de Maugé du 15.01.1914 ; A.P.
Lettre de Maugé du 17.01.1914 ; A.P.
Lettre de Maugé du 21.01.1914 ; A.P.
Lettre de Maugé du 10.02.1914 ; 53 J 810, A.D.V.
Entre-temps, Maugé est reparti à Bordeaux pour plaider en tant qu'expert dans un procès. Ses diverses compétences et fonctions le conduisaient à effectuer des missions diversifiées.
Lettre de Maugé du 28.02.1914 ; 53 J 810, A.D.V.
Lettre de Maugé depuis Santander le 1er mars 1914 ; 53 J 810, A.D.V.
Lettre de Maugé du 17.03.1914 ; 53 J 810, A.D.V. La fuite des 10 enfants est connue par les lettres de C. Maugé au consul d'Espagne le 25 mars 1914 ; A.P. et par celle du 28 mars 1914 adressée à son ami directeur du journal El Cantabrico de Santander ; 53 J 810, A.D.V.
A. Richard verse 100 francs par l'intermédiaire du directeur du journal de Santander à l'asile de charité de cette ville.
Lettre de Maugé du 28 mars 1914 au directeur du journal El Cantabrico ; A.P.
Lettre de Maugé du 29.03.1914 ; A.P.
Lettre de A. Richard du 31.03.1914 ; 53 J 810, A.D.V.
Lettre de A. Richard du 31.03.1914 ; 53 J 810, A.D.V.
La lettre des enfants. Voir en annexe p 661.
Lettre de Maugé du 30.03.1914 ; 53 J 810, A.D.V.
Lettre de A. Richard du 01.04.1914 ; 53 J 810, A.D.V.
Etat des heures de travail des Espagnols. Voir en annexe p 662.
Lettre de Maugé du 03.04.1914 ; 53 J 810, A.D.V.
Lettre de A. Richard du 06.08.1914 ; 53 J 714, A.D.V.
Lettre de Maugé du 05.04.1914 ; 53 J 810, A.D.V.
Lettre de A. Richard du 08.04.1914 ; 53 J 714, A.D.V.
Lettre de Maugé du 21.04.1914 ; 53 J 810, A.D.V.
Lettre de A. Richard du 08.05.1914 ; 53 J 714, A.D.V.
Lettre de A. Richard du 20.05.1914 ; 53 J 714, A.D.V.
Journal El Cantabrico et courrier de Maugé ; 53 J 714, A.D.V.
Lettre de Maugé du 19.05.1914 ; 53 J 810, A.D.V.
El Cantabrico publie la lettre de Martinez le 15.05.1914.
Lettre de Maugé du 22.05.1914 ; 53 J 810, A.D.V.
Lettre de E. Labarthe du 30.05.1914 ; 53 J 810, A.D.V.
Lettre de A. Richard du 22.05.1914 ; 53 J 714, A.D.V.
Les deux expressions appartiennent au directeur.
Les deux expressions appartiennent au directeur.
Il y a une certaine instabilité dans le personnel jeune. Beaucoup de séjours sont très courts. Le 30 octobre 1909, 21 Bretons arrivent à l'usine. Certains repartent dès le mois suivant, ne restant que quelques jours ; d'autres quittent en décembre ; le reste repart en janvier ou février 1910 ; 53 J 592, A.D.V.
En 1913, un enfant de Toul placé par son oncle se plaint de recevoir des coups et d'être mal nourri ; or l'oncle qui se renseigne s'aperçoit du mensonge ; en réalité, le jeune ne se plait pas à Portieux et n'a qu'une hâte : trouver du travail ailleurs ; courriers de Petitot de Toul des 7 et 11 février 1913 ; 53 J 810, A.D.V.
Lettre de Marcel Nast du 12.01.1914, responsable de la société de protection de l'enfance, A.P.