Recruté d'abord localement, le personnel se fixe à la Verrerie de Portieux où les enfants naissent, grandissent et travaillent. L'exemple de la famille Bareth illustre bien ce parcours social. Elle vient d'Avrainville pour s'installer à la Verrerie de Portieux en 1903. Le père Charles, embauché comme escarbilleur, a 41 ans. La mère entre comme groisilleuse en 1909. Elle ne reste qu'un an à l'usine. Les garçons et les filles de la famille viennent dans le sillage des parents. Deux enfants Bareth naissent après 1903 à la Verrerie de Portieux et s'engageront à l'usine dès leur adolescence. Le petit village d'Avrainville perd ainsi 10 habitants d'un coup en 1903 460 .
Autre exemple d'enracinement de personnel venant du monde rural peu éloigné : la famille Antoine.
Elle arrive du village de Battexey, proche de celui d'Avrainville. Henri né a Battexey en 1883 entre à l'usine en 1896 ; Louis né en 1887 dans le même village travaille en 1900 comme verrier ; enfin Clémence qui voit le jour au même endroit en 1890 exerce comme emballeuse en 1904. Battexey se dépeuple au profit de la Verrerie.
Jusqu'en 1905, le recrutement se fait dans les villages proches de la Verrerie, essentiellement de la plaine ou dans quelques autres du département voisin de la Meurthe-et-Moselle. Par la suite, on assiste a un profond déclin de ce type de recrutement.
Après 1905, c'est à l'arrivée massive de jeunes bretons avec de fortes années de 1907 à 1912 461 . En 1908, le directeur écrit au sous‑préfet qu'il est assailli de demandes de travail de familles bretonnes et qu'il prend des précautions vis-à-vis de la sincérité des demandes 462 . Le nombre de jeunes originaires de la Bretagne faiblit par la suite mais sans disparaître. Fin avril 1914 arrivent Léon Guéllec de Belle‑Ile‑en‑Mer (Morbihan) et François Laboureau de Lorient (Morbihan) 463 .
En 1910 entrent à l'usine les Savoyards suite aux appels de Bernaert et Santol. Ils viennent de Saint-Jean et Saint Michel de Maurienne, Saint-Martin-d'Arc...
Deux vagues d'Espagnols arrivent l'une en 1912 par le biais de J. Santol et l'autre en 1914 par celui de Maugé. J. Santol se trouve aussi à l'origine du recrutement de nombreux parisiens en 1911.
Les Italiens que nous n'avons pas cités jusqu'à présent forment un corps de métier à part, suivant en cela leurs traditions professionnelles de maçons. Les jeunes Italiens que nous trouvons à l'usine sont dits "mousses" 464 en ce sens qu'ils secondent leurs aînés dans des tâches de maçonnerie. En 1904, nous relevons dans les registres d'entrées 18 jeunes Italiens âgés de 13 à 16 ans 465 . Ils sont venus par l'intermédiaire de Paul Olivari, chef des maçons, qui touche à cette occasion 700 francs 466 . Les adultes sont préposés à la construction des cités et des fours. Les Italiens repartent au pays l'hiver 467 . Plus tard, dans l'entre‑deux‑guerres, ces ouvriers seront moins nombreux mais leur présence dans les Vosges est continue ; c'est le cas entre autres pour L. Ghiringhelli ; J. Caldi ; F. Morganti.
Eugène Verpillot est né le 23.04.1910 ; certificat du docteur Cleisz ; 53 J 592, A.D.V.
Liste de la famille Bareth d'Avrainville en annexe p 663.
Voir fig. 10 et 11.
Lettre de A. Richard du 21.07.1908 ; 53 J 714, A.D.V.
Après la guerre arrivent des familles telles que Pouliquen et Alain.
Certificats du docteur Cleisz ; 53 J 592, A.D.V.
Jeunes Italiens ; 53 J 603 registres des constructions et 53 J 592 registres des entrées, A.D.V.
53 J 592, A.D.V.
Recrutement par P. Olivari ; 53 J 141, A.D.V.