Le 23 juin 1896, devant le conseil municipal dont il fait partie, X. Mougin expose la nécessité de construire un cimetière à la Verrerie car le cimetière communal se trouve à plus de 5 kilomètres de l'ensemble des habitations composant le hameau. "Les enterrements, dit Mougin, sont rendus fort pénibles presque dangereux par la route publique". La société s'engage à céder à titre gratuit à la commune de Portieux 31 ares de terrain nécessaires à la construction et à édifier "à ses frais, risques et périls" le cimetière, "à le parfaire de façon complète et soignée" si la commune consent à verser à la société une subvention de trois mille francs payables à la réception des travaux. Le conseil accepte la proposition et les plans présentés par X. Mougin. Le coût de cet aménagement s'élève à sept mille six cents francs 594 . Le conseil d'hygiène de l'arrondissement de Mirecourt donne son accord au vu du rapport du docteur Eury. Le cimetière se situe sur le terrain Lemaix, au nord-ouest de la Verrerie, à 400 mètres des maisons les plus rapprochées, entre la forêt domaniale de Terne et la ligne de chemin de fer, loin en aval de toutes les sources alimentant l'usine et les cités 595 . La bénédiction du cimetière de la Verrerie a lieu "en grande solennité" le lundi de la Pentecôte 1897. X. Mougin suggère de faire à chaque décédé un petit monument de 40 à 45 francs au lieu de la fosse commune. "On ne saurait trop encourager le culte des morts" 596 . La décision de construction engage également la participation de la commune pour l'entretien du chemin d'accès que l'on demande de classer en chemin vicinal n° 2, prolongement du chemin qui part du chemin communal pour aboutir au passage à niveau de la voie ferrée de Rambervillers à Charmes. "Il y va de l'intérêt particulier des habitants de la Verrerie car dans un mois ou deux on pourra inhumer dans ce cimetière" 597 .
Les premières personnes à demander des concessions sont X. Mougin, A. Lacombe chef de fabrication, J. Richard, C. Dillenschneider employé 598 .
Relatant le banquet qui s'est déroulé à Charmes le 4 mars 1907 à l'occasion du conseil de révision, le journal l'Avenir Républicain reprend les propos du préfet Causel et cite les efforts entrepris par la verrerie pour améliorer le sort des travailleurs. "Outre les bonnes relations que l'usine entretient avec ses ouvriers pendant toute leur vie, elle leur garde, après leur mort, le souvenir de leurs bons services. Au cimetière de la Verrerie, établi sur son terrain et par ses soins, elle érige à chacun de ses ouvriers ou ouvrières décédés un monument, et ce n'est pas un spectacle banal que la visite de ce cimetière, unique en son genre, aux allées bien alignées et soigneusement décorées" 599 . L'uniformité du cimetière confond dans la mort l'anonymat des travailleurs. Trois monuments dominent les tombes des ouvriers, ce sont les chapelles funéraires des familles dirigeantes : Mougin, Richard, Lacombe.
C'est à l'usine que l'on fabrique le cercueil du défunt, à l'économat que l'on commande les couronnes mortuaires. Directeur, sous-directeur, chefs de service, ouvriers, collègues de travail assistent aux obsèques qui prennent différentes dimensions selon la personnalité du défunt.
L'express de l'Est du 17 janvier 1924 relate les obsèques du graveur Paul Lallemand, 24 ans. Lors de la cérémonie qui se déroule le 15 janvier, le cercueil qui disparaît sous les gerbes de couronnes est précédé de l'harmonie dont faisait partie le défunt. Le convoi se déplace aux accords de la Marche funèbre de Chopin.
Reconnaissance envers les ouvriers morts au champ d'honneur et culte des morts mêlés poussent le conseil d'administration à voter une subvention pour l'édification d'un monument aux morts de la Verrerie de Portieux. L'inauguration a lieu le 21 août 1921.
La construction du cimetière est décidée par des délibérations en dates du 23 février et mars 1896 ; A.C.P. Le plan a été soumis au conseil d'administration du 20 février. Le cimetière mesure 64 mètres sur 44 mètres.
En 1891, la Verrerie compte 1 217 habitants. De 1891 à 1895, le nombre de décès s'élève à 101.
Conseil d'administration du 23 mars 1897 ; 37 J 22, A.D.M.
Délibération du conseil municipal en date du 23 novembre 1896 ; A.C.P.
Délibérations du mois de mai 1897 ; A.C.P.
Avenir Républicain du 17 mars 1907 ; B.M. Epinal.