Les procédés de coupage, rebrûlage, flettage et l'installation du gaz, après avoir préoccupé conseil d'administration et directeurs, durant environ trois années, débouchent sur une amélioration qualitative et quantitative de la production. Comptes rendus du conseil d'administration, rapports pour l'assemblée générale des actionnaires, inventaires, courrier du directeur, mettent en évidence les différents moments de développement et de rare stagnation de l'entreprise de 1880 à 1914 713 .
Alors que Vallérysthal connaît un amoindrissement relatif de ses affaires, Portieux est en forte augmentation en 1880. Dans son rapport à l'assemblée des actionnaires, le président G. Chevandier se félicite de la marche de l'usine vosgienne : "votre établissement est entré dans une voie soutenue de progrès. Dans peu d'années, nous l'espérons, il aura pu reprendre sur le marché français la place brillante que si longtemps y a occupé Vallérysthal." Le conseil de surveillance quant à lui précise : "Portieux au contraire [de Vallérysthal] a vu ses produits augmenter très fortement. (...) En présence de résultats aussi satisfaisants, la société doit s'applaudir de plus en plus d'avoir acquis et développé cet établissement tant pour conserver la clientèle française qui lui échappait que pour accroître et multiplier ses bénéfices".
La situation est bonne en 1881. Le directeur confirme la reprise générale des affaires tandis que le président est persuadé que l'amélioration est le fruit de la supériorité des produits de Portieux du point de vue de la qualité du verre, de sa finesse, de sa blancheur, de l'égalité des couleurs.
La verrerie ne peut plus suffire, en 1882, aux commandes qui lui sont faites. Comme mesure transitoire, le conseil d'administration décide qu'une partie des commandes, notamment l'exportation italienne, doit être exécutée par Vallérysthal qui n'est pas surchargée. En juin 1882, 300 commandes sont en carnet. Les factures sont adressées aux clients par Portieux car il s'agit de ne pas les laisser passer à la concurrence. Le directeur s'ouvre au conseil de ses craintes : ne va-t-on pas ainsi favoriser le développement de Vallérysthal et freiner celui de Portieux ? La production de la verrerie vosgienne subit une phase ascendante continue :
Lors de l'assemblée générale de 1883, le président confirme la bonne santé de la verrerie vosgienne : "nous vous répéterons donc que dans toute l'acception que comportent ces paroles, vos deux établissements ont identiquement, uniformément, parallèlement et pareillement continué leur marche prospère et en même temps leur marche ascendante et notre désir le plus secret est de continuer à employer toujours pour vous en parler, les mêmes phrases, les mêmes formules, la même monotonie car cette monotonie, c'est la prospérité soutenue et constamment progressive".
A la fin de l'année 1884, la situation de Portieux est excellente. Les commandes sont très nombreuses et les bénéfices substantiels. Le conseil propose à l'assemblée générale d'accroître le fonds de réserves de 500.000 à 1.200.000 francs.
La gravure et la décoration à l'acide donnent à Vallérysthal, où elles sont pratiquées à grande échelle, les meilleurs résultats pour une dépense modérée. Portieux a des résultats analogues. X. Mougin pense qu'en appliquant ce procédé à des nouveaux articles, on trouverait un placement considérable.
De novembre 1885 à mars 1886, c'est la morte saison des ventes et l'on constate un ralentissement des affaires corroboré par l'excédent de la fabrication sur les ventes. La mise en magasin n'est jamais le signe de la bonne santé d'une entreprise. X. Mougin baisse les prix de certains articles spéciaux dont les ventes échappaient à l'usine. Il vend les articles en verre opale au prix des articles en verre ordinaire, une modification dans la composition du verre opale permettant cette opération. Auparavant, le prix de l'opale était de 25 % supérieur au prix du verre ordinaire. En période de ralentissement des affaires, l'usine ne veut pas accumuler des stocks mais le directeur repousse l'idée de faire chômer les ouvriers, par peur de les voir partir définitivement pour d'autres usines. Le conseil d'administration signale qu'un certain nombre de verreries qui ont besoin d'argent vendent à vil prix. Les verreries de la société écoulent difficilement les articles courants qui constituent le fonds de la fabrication.
Les difficultés sont également imputées, pour partie, au directeur de Portieux. En effet, Vallérysthal dégage des bénéfices. La supériorité de cette dernière étant rendue publique, X. Mougin proteste énergiquement, considérant cette comparaison comme une attaque dirigée contre Portieux. Il démontre que cette baisse est due à une concurrence en France. C'est en fait le directeur lui-même qui est visé par la critique du conseil : "il convient de ne pas se laisser aller légèrement à des illusions, à des expériences comme celles que semble caresser monsieur le directeur de Portieux" 714 .
Les ventes ne s'améliorant pas, on envisage en octobre 1886 de ralentir la production et même d'arrêter le four 4 dans les mois suivants. X. Mougin conteste cette position du conseil.
Le 8 janvier 1887, le four n° 4 est éteint et malgré la baisse de la production, il reste des marchandises en magasin. Le troisième four est également éteint et l'on envisage de ne le rallumer qu'en fonction de la marche des affaires. Pour le mois de janvier les mises en magasin sont insignifiantes et quasiment nulles en février. A Vallérysthal, la situation n'apparaît pas bonne. Les ventes de février sont faibles. On rentre de la marchandise en magasin pour 25.000 francs. Le mois de mars est mal engagé. Les voyageurs qui se sont mis en route envoient peu de commandes et le stockage risque encore d'être plus fort. Au mois de mars, les ventes reprennent quelque peu. La fabrication est à Portieux de 130.000 francs et la vente de 169.154 francs, soit une sortie de magasin de 39.154 francs. Juillet et août voient les commandes affluer à l'usine, contrairement à Vallérysthal. C'est l'optimisme qui règne dans les rangs des responsables conseil et direction. La fabrication est de 100.100,85 francs et les ventes de 135.132,60 francs, soit une sortie de magasin de 35.021,75 francs. Le directeur se montre très satisfait de la situation. Depuis bien longtemps il n'a eu autant de commandes. Le mois de décembre 1887 est bon tant à Portieux qu'à Vallérysthal. La verrerie remporte une médaille d'or à l'exposition de Hanoï en 1887. Pour le ministre, président général de la République française, en Annam et au Tonkin, le secrétaire général écrit le 29 octobre 1887 : "Monsieur, j'ai l'honneur de vous adresser la récompense qui vous a été décernée par le jury pour les produits que vous avez fait figurer à l'exposition de Hanoï : un diplôme et la médaille d'or qui en fait l'objet (fig. 56).
La médaille que vous avez obtenue devra vous être remise en même temps que le diplôme. Je joins à cet envoi mes remerciements empressés pour la part que vous avez prise à la réussite de cette oeuvre qui nous a permis de faire constater aux populations d'Extrême-Orient la richesse et la grandeur de la France".
En janvier 1888, le conseil d'administration constate un retour à la prospérité des affaires et propose l'achat de titres de rente allemands 3,5 % pour cent vingt mille marks (150.000 francs). Il charge Roëckling de procéder à cet achat pour placements de fonds. L'opération est renouvelée en mai 1888. Portieux dégage 300.449,92 francs de bénéfice pour l'exercice 1887-1888.
Sans être surchargées, à la mi-exercice 1888-1889, les deux usines ont des commandes. Les bénéfices de l'exercice se chiffrent à 315.042,23 francs. Par rapport à l'exercice précédent, l'augmentation est significative. Les fortes sommes en banque incitent le conseil à acheter des obligations nominatives du Canal de Suez pour 100.000 francs.
Au cours de l'exercice 1889-1890, les ventes augmentent beaucoup et le directeur de Portieux pense que la fabrication ne sera pas suffisante. Les bénéfices s'élèvent à 344.461,98 francs.
L'exercice 1890-1891 produit d'excellents résultats. Les ventes, supérieures à la fabrication de quelque 100.000 francs, favorisent la sortie de marchandises des magasins. Les bénéfices s'élèvent à 400.025,33 francs. Détail significatif qui montre la bonne marche des affaires, le conseil d'administration constate les magnifiques résultats de l'exercice écoulé, félicite les directeurs de Portieux et Vallérysthal et en conséquence procède à l'augmentation de leurs primes. La production est si forte que le directeur propose d'agrandir les magasins.
L'année 1892 apparaît excellente avec un bénéfice de 444.326,74 francs qui se rapproche de celui de Vallérysthal, 451.150,98 francs. En octobre, l'augmentation des ventes à Portieux laisse le magasin dépourvu des articles les plus courants. Le directeur qui devait éteindre le four à 6 pots n° 4 estime qu'il faut le maintenir en activité et rallumer le grand four n° 3 pour commencer.
Par suite du développement de la fabrication, le directeur demande au conseil d'administration, en avril 1893, un employé supplémentaire. Il propose Louis Breton, 26 ans, ex sergent-major. Le bénéfice de l'exercice 1892-1893 atteint un montant jamais égalé depuis 1881 : 510.434,56 francs 715 .
Les deux exercices suivants sont bons également. En 1895-1896, le bénéfice s'élève à 486.997,49 francs bien que des difficultés passagères se manifestent. X. Mougin consent d'ailleurs une baisse de 5 % pour contrecarrer la concurrence et éviter les fortes mises en magasins en juillet 716 .
L'exercice 1896-1897 procure de bons bénéfices de l'ordre de 424.216,39 francs. Les commandes de gravure chimique ont du succès en 1898.
L'industrie verrière connaît une crise en 1899 et le directeur est obligé de baisser les prix de certains articles afin d'assurer la bonne marche des affaires. En 1901, la livraison d'articles courants prenant du retard, le directeur souhaite allumer un nouveau four, à 6 pots, dans un premier temps.
Pour l'usine vosgienne, l'année 1902 s'avère excellente alors que Vallérysthal qui ne dégage pas de bénéfices aussi élevés connaît le chômage partiel au cours du premier trimestre de l'exercice par suite de pénurie de commandes et de fortes mises en magasins.
Le conseil d'administration qui présente le rapport de l'exercice 1905-1906 à l'assemblée des actionnaires déclare : "les résultats [de l'exercice 1905-1906] sont excellents et dépassent sensiblement ceux des dernières années. Ce succès est dû, pour une part, à un marché mieux soutenu, aux sages combinaisons dont nous avons parlé l'année dernière, à un outillage plus perfectionné et enfin, aussi, pour une grande part, à l'esprit d'émulation, de persévérance et d'ardeur au travail qui anime les directeurs, sous-directeurs, ingénieurs, employés et ouvriers de vos deux établissements (...)" 717 .
Le conseil propose "d'augmenter toujours ses armes de combat par de sages réserves et des amortissements aussi larges que possible" pour éviter "les chocs capricieux" de l'industrie. "Par un heureux hasard, cette année féconde coïncide avec le deux centième anniversaire de la création de Portieux et le soixante-dixième de Vallérysthal". Les résultats économiques favorables et la coïncidence historique permettent au conseil d'administration d'annoncer la création d'une caisse de pensions en faveur des employés des deux établissements. Le bilan de l'année 1906-1907 est suivi de l'annonce de la participation ouvrière aux bénéfices 718 . Cet exercice dégage, pour les deux usines, des bénéfices de 86.699,98 francs supérieurs à ceux de l'exercice précédent. Quant à Portieux, son bénéfice est supérieur de 328.025,16 francs à celui de 1905-1906. C'est au cours de ces années de prospérité que l'on édifie le pensionnat "avec des dortoirs spacieux, salles d'étude et de récréation, installation de douches et de bains." Les écoles sont trop petites pour accueillir les 300 enfants qui les fréquentent et l'on prévoit de les agrandir pour la rentrée 1908. A Vallérysthal, on crée "une maison refuge" pour les jeunes ouvriers du dehors "qui ne savent où manger et se tenir". Pour le mois de février, Portieux indique une fabrication de 262.217,74 francs et une vente de 217.037,48 francs tandis que Vallérysthal signale respectivement 219.372,58 francs et 191.285,15 francs. Le directeur A. Richard est déjà intervenu auprès du conseil d'administration pour préciser qu'avec les moyens dont il dispose, il ne peut répondre aux besoins de la clientèle de Portieux qui se développe extraordinairement. L'usine a des commandes pour huit à dix mois d'avance. Il demande un crédit afin d'augmenter les moyens de la production. Il prévoit de construire une nouvelle halle, un bâtiment des arches, un bâtiment des générateurs, quatre générateurs à gaz, un four à 6 pots avec sa conduite de briques, une cheminée et bien sûr l'indispensable hébergement pour le personnel nouveau : deux cités ouvrières.
Les affaires de Portieux s'avèrent prospères en 1908, 1909, 1910. En 1908, le directeur prévoit des aménagements techniques : agrandissement de la taillerie en vue de l'allumage du 5ème four. L'exercice 1909-1910 donne des résultats supérieurs à ceux de Vallérysthal. Le directeur de cette dernière explique que les affaires sont lentes à revenir. Il regrette que Val Saint Lambert et les verreries allemandes emportent les marchés. L'état du marché allemand, dégradé, contribue aussi à la diminution des bénéfices de Vallérysthal. Le contexte est aussi difficile pour Portieux par suite de la concurrence mais les ventes atteignent des chiffres exceptionnels en Amérique du Sud grâce à l'inlassable engagement de la maison Bloch. L'administrateur Mazerand écrit à A. Richard le 19 juillet 1910 : "(...) je ne veux pas tarder plus longtemps à vous envoyer mes félicitations pour vous et vos collaborateurs. Un résultat aussi satisfaisant dans un temps aussi difficile où par suite de la concurrence toutes les affaires se traitent à coup de rabais est un véritable tour de force dont je vous félicite (...)". Le 21 juillet, c'est au tour de Karl Vopélius de lui écrire depuis Sulzbach : "(...) avec quatre fours vous avez fait un bénéfice excellent et vous pouvez en être fier (...)". Le 27 juillet 1909, l'administrateur Baheux écrit au directeur : "à titre d'actionnaire et à titre d'ami, j'éprouve une double satisfaction à vous adresser mes sincères félicitations au sujet du magnifique résultat qui a couronné vos efforts et dont vous avez le droit d'être fier (...).
En janvier et février 1910, fabrication et vente sont largement supérieures à celles de Vallérysthal :
La tendance se confirme dans les mois suivants.
En juin 1911, Portieux ne suffit plus aux commandes et l'on doit faire patienter la clientèle. 1912 est toujours une année aussi faste et l'usine contribue à alimenter les commandes de Vallérysthal. Les ventes atteignent des chiffres record et la main-d'oeuvre fait cruellement défaut. C'est la période de tractations pour racheter la verrerie de Fains dans le but de faire venir les ouvriers à Portieux. Le marché français alimente prioritairement les commandes.
L'exercice 1913-1914 débute normalement. Malgré les retards dans les livraisons, la clientèle française ne restreint pas ses commandes. De gros clients renouvellent leur marché pour l'année. La hausse des ventes de gobelets moulés se maintient. 10000 gobelets sont fabriqués chaque jour. Le 26 janvier 1913, l'actionnaire Henri de Menthon qui vient de recevoir le compte rendu trimestriel relatant l'état des affaires, s'adresse au directeur en termes élogieux : "la marche de Portieux n'en reste pas moins très satisfaisante et je pense que les résultats de l'exercice seront aussi beaux que ceux de l'année dernière, grâce à votre activité et à votre intelligente direction." La restriction quant à ce bilan concerne la pénurie de personnel. L'actionnaire renouvelle ses félicitations envers le directeur le 22 juillet : "le résultat du bilan est splendide et prouve que vous menez l'usine de Portieux admirablement". Le président du conseil va dans le même sens en janvier 1913 également : "pour la situation toujours bonne et réjouissante". En janvier 1914, les ventes sont en avance d'une trentaine de mille francs par rapport à la même époque de l'année précédente. Cependant, le marché Sud-américain, principal marché de Portieux à l'exportation, présente des signes de mauvaise santé. Des commandes sont suspendues ou annulées. Cette situation n'est pas tragique dans un premier temps. Elle permet à l'usine de mettre ses commandes à jour. Aux trois quarts de la réalisation de l'exercice, la situation ne connaît aucune baisse.
Le 9 mai 1914, le conseil d'administration se réunit pour la dernière fois au complet à Portieux. Durant le premier conflit mondial, la verrerie va fonctionner avec un seul four. Il faut attendre 1922-1923 pour connaître une reprise de la production et des ventes.
La période 1880-1914 peut se retracer ainsi : les affaires reprennent et les ventes connaissent un bon développement jusqu'en 1884. Après une courte période de baisse des bénéfices de 1885 à 1887, les résultats redeviennent très encourageants et même excellents jusqu'en 1914, malgré quelques difficultés au tournant du siècle. Le chiffre d'affaires d'avant-guerre n'est plus jamais égalé par la suite. Preuve de la vitalité de Portieux, l'usine fournit du travail à Vallérysthal. Nous sommes bien à la belle époque de Portieux.
Le seul état des marchés ne suffit pas à expliquer la réussite de Portieux. Dans les mêmes périodes, les deux verreries connaissent parfois des résultats sensiblement différents. Le dynamisme et l'expérience d'un chef de fabrication qui met du soin dans l'exécution et la réalisation des commandes, une main-d'oeuvre suffisante pour exécuter rapidement les ordres et donner ainsi satisfaction aux clients ; une adaptation des produits -exemples : gravure à l'acide vers 1900, gobelets moulés vers 1910- aux goûts de la clientèle ; des commissionnaires ou représentants particulièrement pugnaces tels les Bloch, Fondeville ou autres, qui ouvrent de grands espaces de vente, sont autant d'éléments qui transcendent le simple état des marchés.
Les catalogues 719 édités par l'usine donnent un aperçu de la variété de la production de la verrerie. Un catalogue de 1899 présente les articles d'éclairage : cheminées pour lampes à pétrole et bougeoirs ; boules à gaz ; réflecteurs unis ou gravés ; verrines unies ou gravées ; lampes à pétrole de couleurs ordinaires, vert de chine, franco-russe, doublé rose, dodds, chiné, cachemire ; fumivores de forme tulipe. Les cheminées sont de différentes formes, de différentes hauteurs, de différents diamètres. Les réflecteurs peuvent être coniques ou en dômes.
Un catalogue de 1914 recense l'ensemble des services de table ; beurriers ; bouteilles ; brocs ; carafes ; compotiers ; coupes à dessert ; couvre-fromages ; chopes ; coupes et gobelets à champagne ; garnitures de ménagères 720 (carafe à huile, carafe à sauce, cannelier, moutardier, gobelets) ; plateaux de couvre-fromages ; porte-huiliers ; salières ; sucriers 721 ; timbales ; verres. Tous ces articles se présentent sous des différences de formes, tailles, guillochages et gravures. Indépendamment du verre blanc, la verrerie peut livrer les articles dans les couleurs ordinaires et dans les couleurs fines 722 . Chaque article se trouve revêtu de la marque de fabrique, étiquette ; ceux qui sont moulés à la presse portent tous le mot "Portieux" incrusté dans la matière.
L'usine fabrique également des articles de toilette : boîtes à poudre ; bols à barbe ; flacons ; gobelets de rince-bouche... ; des articles divers : aquariums ; baguiers ; bains d'oeil ; baromètres à eau ; pompes à seins ; crachoirs ; urinals pour femmes et pour hommes ; vases de nuit... ; articles pour limonadiers : bocks ; bouteilles ; carafes ; chopes ; verres à absinthe... caves à liqueur ; cornets ; objets de fantaisie : cache-pot ; services de fumeur ; vide-poches... ; paniers ; porte-bouquets ; potiches ; services à cerises, à glace, à liqueur, à punch, à vins fins ; vases ; vases à oignons, à papetier, de pharmacie; verres d'eau... 723 . A toute cette liste de produits on peut ajouter : des bougeoirs, cendriers, coquetiers, compotiers, encriers, jouets 724 , pots à confiture...
L'usine fabrique par conséquent tout ce qui peut exister en verre. Le catalogue d'articles d'éclairage précise que le prix des emballages est toujours à la charge des clients et que la verrerie ne répond pas des avaries de route. Les cheminées groupées par paquets de dix sont emballées dans du papier. Les verrines sont toujours livrées garnies, c'est-à-dire avec la douille de métal. Les clients qui désirent recevoir des lampes à pétrole munies de leurs becs sont priés de l'indiquer dans leurs lettres de commande.
Le catalogue de 1914, réédité en 1922, indique que "les commandes ne sont acceptées qu'à la condition d'être livrées au cours du jour de l'expédition et sans aucune garantie de délai". L'usine prend des précautions car elle accumule parfois du retard dans la fabrication. Le client doit commander au minimum cent pièces afin que le modèle soit mis en fabrication. Le transport des marchandises est toujours indiqué comme étant "aux risques et périls du destinataire". Les marchandises voyagent en caisses, harasses 725 ou tonneaux. Le client paie l'emballage dont le prix s'élève de 3 à 5 % du montant de la facture avec des maximums de 25 à 250 francs. Les caisses ou harasses restent la propriété des destinataires dans la mesure où on leur facture la valeur de ces moyens d'emballage ; par contre, les cadres vides doivent être retournés à la verrerie aux frais du client.
A la verrerie, menuisiers et harassiers fabriquent cadres, caisses et harasses tandis qu'on se fait livrer les tonneaux. Pour le transport, l'intérieur de ces emballages est garni de paille de seigle en glue. X. Mougin en commande par exemple 65 000 kilogrammes chez Morel, cultivateur à Ferrières-les-Scey en Haute-Saône. Le directeur achète ses tonneaux chez Léon Bazinet à Dombasle 726 .
Avant l'édification de la ligne de chemin de fer dans la vallée de la Moselle, les marchandises sont transportées par charrettes. Le colportage demeure fort longtemps un auxiliaire efficace. Parmi les passeports 727 attribués à des ouvriers verriers, on repère celui de Joseph Lantiaire fils, 37 ans, né à Portieux, marchand de verres qui se déplace à Mulhouse en 1841 et celui de Nicolas Aubert, 52 ans, né à Essey-les-Nancy, marchand de verres également qui se déplace à Paris la même année 1841. Parmi les autres verriers, certains se dirigent vers Beaucaire, lieu de foire, pour y faire commerce sans que leurs démarches s'apparentent au colportage tel François Mansuy, 55 ans, né à Saint-Rémy-aux-Bois, commis de verrerie en 1845 et 1846.
Après 1860, les marchandises sont expédiées par Charmes pour rejoindre les diverses gares de destination ou les différents ports de transit. La tâche se trouve facilitée après 1870 puisque la fabrication est expédiée par le rail, directement de l'usine. L'expédition par mer s'effectue par le Havre ou Marseille principalement. Charles Mougin, propriétaire de la verrerie, se rend au Havre en 1849 et 1850 728 . Le Havre se trouve délaissé au début du siècle au profit des ports de Rotterdam et de Anvers 729 . Les avantages qui président à la sélection de ces ports ne proviennent pas du tarif du fret du chemin de fer. Ainsi, le fret pour le Chili et plus généralement pour l'Amérique latine est moins cher par le Havre. Cependant, les marchandises partant par wagons complets de la verrerie à Anvers parcourent la distance en quatre ou cinq jours, parfois en trente-six heures. Pour le Havre, le temps n'est jamais inférieur à huit jours et la moyenne se rapproche plutôt de quinze jours. Pour la direction ferroviaire du port belge, le réseau de l'Est et le réseau de l'Etat prouvent leur efficacité ce qui n'est pas le cas du réseau de l'Ouest-Etat. Les marchandises arrivent parfois au Havre après le départ du paquebot ce qui occasionne des coûts d'immobilisation et par conséquent mécontente la clientèle. Cette dernière n'accepte plus d'expédition par le Havre. De surcroît, ce port est le théâtre de grèves de dockers et le client refuse de payer les marchandises qu'il ne reçoit pas, ce qui crée des désagréments à l'usine 730 .
La réussite commerciale de 1880 à 1914 : comptes rendus du conseil d'administration : 37 J 19 à 25, A.D.M. et rapports pour l'assemblée des actionnaires : 37 J 33 à 35, A.D.M. ; inventaires : 53 J 24 - 37, A.D.V. ; courrier du directeur : 53 J 714, A.D.V.
On ne sait pas de quelles expériences apparemment contestées par le conseil il s'agit ; 37 J 21, A.D.M.
C'est en 1893 que la société achète la ferme Grandjean.
C'est en 1895 que la société achète les forêts de "Jarnay" et de "la Bouloire".
Lorsque le conseil parle de "sages combinaisons", il s'agit des procédés mis en oeuvre pour recruter des apprentis et de la construction du pensionnat.
Le conseil propose de répartir entre les ouvriers la somme de 100.000 francs, à partager entre les deux établissements - rapport du conseil d'administration pour l'assemblée générale du 12 septembre 1907.
Catalogues : on recense trois éditions : 1899, 1914, 1933. Ils sont imprimés chez Berger-Levrault à Nancy.
La composition de la ménagère peut varier et la salière remplacer le cannelier par exemple.
On dénombre 44 types de sucriers au catalogue de 1914.
Pour les couleurs ordinaires et fines, voir en annexe pp 676-677.
Pour la variété de la production, voir en annexe pp 678-682.
Il s'agit d'objets miniaturisés pour les enfants, voir en annexe p 683.
Harasse : emballage léger, caisse à claire-voie destinée à transporter le verre.
Commandes de fournitures en 1898 : 53 J 629, A.D.V.
Passeports : A.C.P.
Passeports obtenus par Charles Mougin à Portieux.
En 1898 X. Mougin s'adresse à la compagnie générale transatlantique et J. B. Fleury au Havre ; à la compagnie Paquet à Marseille ; à Butcke A et compagnie à Anvers ; 53 J 629, A.D.V.
Courrier de A. Richard du 31 août 1912 ; 53 J 714, A.D.V.