2.1.4. La double entente

Alfred Hache, porcelainier de Vierzon, non satisfait de l'essai tenté en commun, se retire de l'entente dès le premier janvier 1893. Hache ne s'était jamais véritablement senti concerné au premier chef par cette triple alliance davantage menée sur le plan technique par Lunéville et Portieux. Toutes les étapes du montage financier et de la société fictive lui sont simplement soumises pour avis et dans les quelques courriers de Vierzon, nous ne sentons pas percer une grande combativité.

Le premier janvier 1893, Charles Géricot devra cesser de se considérer comme le représentant de la porcelaine de Vierzon.

Il livrera ses échantillons au nouveau représentant qui se présentera au cabinet d'échantillons, muni d'une lettre de Hache l'autorisant à se dessaisir de tous les modèles, tarifs, commandes en cours d'exécution... Charles Géricot aura le devoir de mettre au courant des affaires le nouveau représentant et de ne pas reprendre de représentation de porcelaine avant le 1er mai 1894.

Cette dernière précaution permet à la maison Hache et Julien d'organiser leur nouvelle représentation aux Etats-Unis. Lunéville et Portieux, confient à Charles Géricot le soin de restructurer le cabinet d'échantillons "de façon à combler les vides trop apparents et afin de donner à l'ensemble un aspect de bon ordre et de propreté" 797 .

Se comportant comme des industriels prévoyants, Keller et Guérin et Mougin proposent à Hache de rentrer dans sa nouvelle représentation au cas où eux-mêmes rompraient à leur tour avec Géricot. Il est vrai que la confiance accordée à Charles Géricot n'est pas totale. Georges Keller lui rappelle parmi un ensemble de consignes que les frais divers comme " les dépenses de cigares" ne produisent pas grand chose d'utile et par conséquent il lui faut se montrer économe 798 . Mougin quant à lui précise directement ses intentions : "ne vous laissez plus attarder comme vous venez de le faire. Voilà six mois que nous n'avons rien reçu en fait de comptes et si semblable état de choses devait durer nous serions amenés à faire comme Monsieur Hache. Nous avons le ferme espoir que vous ne nous y contraindrez pas" (...) 799 .

Une nouvelle convention règle les problèmes financiers relatifs au dû de Hache, à la répartition des charges supportées par Portieux et Lunéville jusqu'au 1er mars 1894, aux salaires de Géricot et de ses employés.

La maison Achille et Charles Géricot reste l'unique représentant de Portieux et de Lunéville pour les Etats-Unis et le Canada, territoire où le marché a été étendu. Charles Géricot doit continuer à consacrer aux affaires de Portieux et de Lunéville tout son temps, toute son énergie et (...) s'interdire de s'occuper d'aucune autre affaire (similaire ou non) sans leur autorisation formelle.

Notes
797.

Courrier adressé à C. Géricot à New-York le 25 décembre 1892 par Lunéville et Portieux.

798.

Courrier de Keller à Géricot le 14 janvier 1892.

799.

Cette convention prend effet le 1er mars 1894.