2-1. Le projet de 1870

La publication, dans le Vélocipède illustré d’un article sagement intitulé : “ Rêve d’un esprit généreux ” ²⁴² constitue la première trace d’organisation nationale du cyclisme associatif. Elle remonte à 1870 et est l’œuvre d’un correspondant anonyme de l’hebdomadaire. Que propose-t-il dans son “ projet d’association de tous les vélocipédistes de France ” ? Faisant sienne la devise belge “ l’Union fait la force ”, il imagine une organisation pyramidale tripartite et centralisée. A la base, dans chaque canton, l’assemblée des vélocipédistes, élit un ou plusieurs de ses membres pour siéger à une instance intermédiaire réunie au chef-lieu du département tous les trimestres. A la tête un comité central parisien, constitué à raison d’un représentant élu par chaque assemblée départementale, dirige l’association conçue avant tout comme une société d’encouragement. Le versement d’ “ une légère cotisation mensuelle ” doit en effet permettre de décerner des récompenses aux constructeurs et inventeurs les plus ingénieux, d’organiser des expositions et même “ un musée vélocipédique ”, et de subventionner des courses. Plus largement, avec l’essor attendu du vélocipède, le promoteur rêve d’ “ une association de 100 000 individus ” garante de l’adoption du nouvel engin par les services publics, de l’assouplissement des arrêtés municipaux entravant la circulation des vélocipèdes et de la victoire sur ‘“ l’ennemi commun, la routine, qui, dans tous les rangs de la société, cherche à anéantir le progrès ”.’ La proposition, pour le moins prématurée quand on songe à l’audience alors bien limitée de la vélocipédie, n’éveille aucun écho. Le Vélocipède illustré, dans le chapeau introductif au projet avancé, marque sa réticence à voir ‘“ enrégimentés tous les vélocipédistes de France sous un même drapeau ”’ et ce faisant reflète sûrement le sentiment de la majorité des pratiquants. Une décennie plus tard l’état d’esprit a évolué et 1881 voit la naissance de l’Union vélocipédique de France.