Occasionnellement des manifestations tranchent sur le train-train des rencontres ordinaires. Ce peut être l’accueil de clubs ou de cyclistes de passage, accueil que le Vélo-club d’Annecy, compte tenu de l’attrait touristique de la ville, est contraint de réserver à ‘“ ceux qui se seront fait annoncer officiellement’ ” 834 . Des événements internes - anniversaire du club, inauguration de son fanion, succès probant d’un sociétaire, départ d’un autre au service militaire… - fournissent d’autres occasions de réceptions et de discours autour du traditionnel punch.
L’hiver surtout, et de plus en plus fréquemment au fil du temps, les véloce-clubs mettent sur pied des fêtes plus ambitieuses tels que concerts, revues et autres bals. La lecture de la presse nous submerge d’exemples. Relevons en quelques uns :
L’organisation de telles soirées atteste d’évidentes visées de cohésion interne - les membres honoraires, les familles des adhérents sont conviés - mais aussi la recherche d’un surcroît de réputation. Le Véloce-club havrais programme son bal pour imiter “ les grandes associations ” de la ville et il choisit la salle de la lyre havraise, louée pourtant 800 F., car ‘“ c’est chez elle que se donnaient les bals chics et nous voulions un bal chic ”’ 839 . Le succès de la manifestation rejaillit sur la société qui aspire à être reconnue pour sa compétence et sa puissance organisationnelles - la réussite d’une telle opération suppose de constituer une commission spécifique et de mobiliser un grand nombre de bénévoles -, pour son souci de la bienfaisance et pour sa faculté à attirer des personnalités, désir que le Vélo-club d’Annecy teinte d’une volonté d’harmonie sociale. ‘“ Le plus beau à notre avis est d’avoir su réunir sans les froisser toutes les classes de la société, depuis le préfet, premier magistrat du département jusqu’au plus humble de ses administrés. Quelques bals comme celui du Vélo-club et c’en est fait de ces divisions qui portent un si grand préjudice aux intérêts d’Annecy ”’ ‘ 840 ’ ‘. ’
Enfin, le plus utile des grands rassemblements festifs est le banquet. Quoique les statuts y fassent rarement référence, très peu de sociétés ne rassemblent pas leurs membres, au moins une fois l’an, autour de ce repas rituel, principal temps fort de la convivialité associative. Sa tenue coïncide en effet avec un événement important : anniversaire de création de l’association, assemblée générale, championnat ou grande sortie, fête du club. Les plaisirs de la table méritent la nomination d’une commission qui prend grand soin du choix du repas et de la décoration de la salle 841 . Le sérieux de l’organisation n’exclut pas l’humour, bien au contraire. Le menu que rédige l’Union vélocipédique savoisienne en fait foi :
‘Hors-d’œuvres tangeants,À côté d’un certain caractère ostentatoire avec la présence, sur invitation, de telle ou telle autorité, de représentants de sociétés vélocipédiques amies, parfois de membres d’autres associations locales et enfin de chroniqueurs, ces agapes se déroulent dans un climat de concorde et de bonne humeur. À la fin du repas, les discours, les toasts, les chansons - certaines composées à la gloire du club 843 - célèbrent le succès du cyclisme, ceux de la société, l’amitié, la camaraderie qui y règnent. La cérémonie bacchique est ainsi l’occasion de rappeler les principes de la vie en commun et les bienfaits de l’association.
Arch. dép. Haute-Savoie, 66J 3. Décision prise à la réunion du11 juin 1891. C’est ainsi qu’entre autres le V.C.A. accueille en septembre 1895, le coureur Corre lors de l’étape annecéienne de son tour de France en solitaire.
Article de “ la presse locale ” cité dans BUCHARD G. : Le cinquantenaire …, op. cit., pp. 21-22.
Le commerce de Sablé, 3 mars 1895.
Le Vélo, 4 mars 1896.
La Vie montpelliéraine, 22 janvier, 12 et 26 février 1899.
BUCHARD G. : Le cinquantenaire…, op. cit., p. 13.
Arch. dép. Haute-Savoie, 66J 3, Compte rendu du bal du 8 février 1890.
Le Vélo du 22 novembre 1896 livre la description suivante de la salle du banquet de l’Union vélocipédique de Château-Thierry : “ Murs tapissés de sujets découpés dans des affiches, entremêlés d’accessoires empruntés au cycle. Les panoplies étaient surmontées de l’écusson de “ Sainte Pelle ” patronne des cyclistes. Partout des guirlandes multicolores. Il n’était pas jusqu’au plafond qui ne fut orné de dessins cyclistes assez décolletés. Une machine, dernier modèle, tenait la place du lustre. Le fanion de satin bleu de l’U.V.C. dominait le tout ”.
Arch. dép. Haute-Savoie, 66J 11, Banquet du 5 septembre 1897.
Cf. annexe doc. B 3 : Chanson du Véloce-club audomarois (1891).