1. Un second souffle ?

Le corpus documentaire qui permet de suivre l’évolution numérique des créations se transforme fondamentalement. Aux demandes d’autorisation que devaient formuler les sociétés de plus de vingt membres pour pouvoir fonctionner, se substituent à partir du second semestre de 1901 les déclarations prévues par la loi du 1er juillet.

Graphique 29. : Autorisations puis déclarations des sociétés cyclistes (1900-1913).

Sources : Arch. dép. et mun. ; Journal officiel (1902-1913)
Nota : Le total retenu pour 1901 est théorique. Il correspond à celui des autorisations délivrées avant le 1er juillet, c’est-à-dire 38, que nous avons multiplié par 2.

Le commentaire du comptage ainsi réalisé nécessite un examen critique des sources. La variation de la base géographique des données initiales et finales génère une première distorsion. En 1900 et 1901, comme pour les périodes précédentes, les autorisations ne concernent pas 26 départements dépourvus de données fiables 1142 . Par contre, au-delà, les déclarations publiées au Journal officiel s’appliquent à l’ensemble du territoire français 1143 . À priori les chiffres postérieurs à 1901 seraient plus crédibles, mais c’est oublier que la loi du 1er juillet institue la liberté d’association - ‘“ les associations de personnes pourront se former librement sans autorisation, ni déclaration préalable ”’ (article 2) - et n’ont donc à se faire connaître des autorités que les sociétés désireuses d’obtenir la capacité juridique 1144 . Or, nombre de groupements n’effectuent pas la démarche - en fixer la proportion est impossible 1145 - d’autant que les autorités administratives n’incitent pas à l’officialisation. À la demande suivante reçue d’un Parisien - ‘“ Habitant l’été une petite localité de l’Yonne, j’ai l’intention, avec quelques amis, d’y créer une société sportive (cyclisme, football) ; c’est pourquoi je serais heureux si vous vouliez bien me faire savoir s’il est nécessaire de demander une autorisation ” ’- le préfet de l’Yonne répond par la négative 1146 . De tels cas de figure se reproduisent partout en France 1147 et marquent une volonté réelle de désengagement des préfets du contrôle des associations 1148 .

Quels enseignements retenir alors du graphique ci-dessus ? Premièrement que 1900 accentue le recul déjà amorcé en 1899 (cent autorisations contre cent-dix-neuf en 1898) avec une baisse de 27% et présente le total le plus faible depuis 1891. 1901 ne rétablit pas la situation. Le cyclisme associatif connaît donc alors une période de basses eaux. Ensuite, hormis 1902 aux données peu significatives - le nouveau processus se met en place - le niveau moyen des déclarations s’établit à 44 entre 1903 et 1908 avant de progresser légèrement en fin de période et d’atteindre un rythme annuel de 53 entre 1909 et 1913. Sans qu’il soit possible d’affiner le commentaire, le début des années 1900 semble bien se caractériser globalement par un déclin du mouvement de création des sociétés cyclistes par rapport à la décennie 1890, à moins de supposer que les déclarations ne touchent qu’un tiers des associations. L’exemple de Villeneuve-sur-Lot - aucune des six créations n’est déclarée 1149 - accrédite cette hypothèse, celui de la Sarthe - 28 fondations officialisées sur 51 1150 - la nuance et nous semble plus proche de la réalité. En tout cas la seule liste disponible pour la période - elle date de 1911 1151 mais fournit plutôt la situation de 1909 - comporte 1834 sociétés 1152 . La variation est de faible amplitude par rapport à 1899 (1678 sociétés) et révèle une simple consolidation de l’associationnisme cycliste du fait du tassement du dynamisme créatif conjugué à la durée toujours réduite des clubs 1153 .

Cette stagnation quantitative n’amène pourtant pas à conclure sur un constat d’immobilisme. En effet, le système inauguré par les sociétés nautiques et de gymnastique et repris par l’U.S.F.S.A., à savoir la constitution de sections cyclistes à l’intérieur de groupements multisports, se banalise comme le démontre l’intitulé des associations.

Désignation du fait associatif Désignation de l’activité
  Nb. %   Nb. %
Association 101 4,5 Vélo 550 24,7
Cercle 33 1,5 Bicycle 1 0,1
Club 728 32,6 Cycle 408 18,3
Société 107 4,8 Pédale 194 8,6
Union 554 24,8 Touristes 42 1,9
Groupe 22 1 Double activité 61 2,7
Formules elliptiques      Allusion sportive 813 36,4
Sport 74 3,3 Sans … 162 7,3
Cycle, vélo 138 6,2      
Cyclist (es) 15 0,7      
Pédale… 202 9,1      
Amicale… 69 3,1      
Étoile 59 2,6      
Jeune… 38 1,7      
Touristes 15 0,7      
Divers 76 3,4      
Total 2231 100 Total 2231 100
Sources : Arch. dép. et mun. ; presse de l’époque ;
THÉVIN F. et HOURY C. : Annuaire général…, op. cit., 1911.

Si le recul de 25% à 16% 1154 des formules elliptiques Cycle de…, Cyclistes de …, Pédale de…, désignant le fait associatif laisse pressentir cette évolution, l’essor important - de 4,7% à 36,4% - des vocables sportif, sportive, football… pour indiquer l’activité le révèle pleinement. Les Unions, Sociétés, et autres Associations “ sportives ” tendent de plus en plus à remplacer les Unions, Sociétés et Associations “ vélocipédiques ” et “ cyclistes ”. L’U.S. bazadaise qui a pour “ ancêtre ” l’U.V. bazadaise 1155 en est un exemple parmi d’autres. Les buts de ces nouveaux groupements insistent d’abord sur le développement du (des) sport(s) avant de spécifier une pratique cycliste 1156 .

‘“ La société a pour but de développer les sports en général et plus particulièrement le cyclisme et la boxe ” (Club sportif fécampois) 1157 .

“ La société a pour but :’
  1. de développer le goût du sport
  2. d’organiser des épreuves sportives, boxe, courses pédestres, cyclistes, football, soirées dansantes et récréatives, etc., etc.
  3. de faire des promenades et excursions ” (Société amicale et sportive des employés des Dames de France d’Angers)Préfecture du Maine-et-Loire, Statuts, octobre 1912..

Par ailleurs, 7% des groupements vélocipédiques appartiennent à des sociétés dont l’appellation n’a aucune connotation sportive en dépit d’objectifs intégrant les exercices physiques.

‘“ Le club est fondé dans le but de pratiquer les sports suivants : boules, pêche, excursions, courses de bicyclette, marathon, nage, etc., etc. et de donner hebdomadairement des soirées de famille ” (Les enfants de Nice) 1159 .’

Ne restent donc que 56% de sociétés à revendiquer dans leur titre la pratique du deux-roues, mais elles aussi, afin d’être en phase avec l’évolution du mouvement sportif, participent au processus de diversification des offres internes de pratique 1160 , au-delà des 2,7% qui indiquent dans leur intitulé une seconde activité.

Certaines, du moins dans les localités assez importantes, se tournent activement dès 1900-1901 vers le nouveau moyen de locomotion qu’est l’automobile. Quand les unes se satisfont de créer une commission sans modifier leur appellation 1161 , d’autres se parent du sous-titre “ société cycliste et automobile ” 1162 et d’autres encore revendiquent cette marque de modernité dans leur intitulé. L’Union vélocipédique de la Sarthe se transforme en Union auto-cycliste (1900), le Véloce-club libournais en Auto-vélo-club (1901), l’Union vélocipédique de Provence (Marseille) se mue en Union vélocipédique et automobile-club (1904), quant au Bicycle-club de Lyon, doté dès 1896 “ d’une section d’automobiles avec huit voitures à pétrole ” 1163 , il est rebaptisé Bicycle et automobile-club… Le motocyclisme trouve également ses premiers adeptes parmi les cyclistes, comme au Vélo Doutre angevin devenu Moto-vélo Doutre. Fortes de leur nouvelle section de sport mécanique, les sociétés organisent excursions et compétitions motocyclistes ou (et) automobiles couplées ou non avec celles des vélocipédistes. Ainsi l’Auto-véloce-club d’Angers - ex Véloce-club - réserve des courses (kilomètre lancé, épreuve de côte) aux engins motorisés 1164 mais sa coupe d’Anjou, disputée sur un parcours de 160km. compte cinq catégories de concurrents dont des cyclistes amateurs et professionnels 1165 .

Les sports athlétiques pénètrent aussi les véloce-clubs qui tentent de récupérer l’engouement suscité par les nouvelles disciplines parmi les jeunes :

‘“ Selon la décision prise en séance du 26 décembre 1903, l’Alliance Vélocipédique Auxerroise s’est adjoint tous les sports athlétiques en honneur actuellement parmi la jeunesse : Football Association, Football Rugby, Tennis, Course à pied, etc.
L’Assemblée décide de changer le titre du Club qui devient l’Alliance-Vélo-Sportive-Auxerroise (A.V.S.A.). Ainsi, l’A.V.S.A. va se lancer résolument dans la voie qu’elle s’est tracée et fait appel à toute la jeunesse désireuse de pratiquer ces sports. Elle trouvera à l’A.V.S.A. le meilleur accueil, une sage direction et toutes les facilités pour se livrer à ses sports favoris, la société étant résolue à faire les sacrifices nécessaires. ” 1166

À Amiens, en 1901, les sociétés cyclistes se disputent par voie de presse la paternité de l’introduction du football dans la ville 1167 . Le Véloce-club brestois est à l’origine du football à Brest 1168 comme le Véloce-club mazamétain l’est du rugby à Mazamet 1169 .

Le tennis se développe surtout dans les sociétés dotées d’un vélodrome et disposant donc d’espaces suffisamment vastes pour l’installation de terrains. C’est le cas des Véloce-clubs brestois et béarnais.

Les groupements des zones montagneuses incorporent les activités physiques hivernales. Un Véloskimontane fonctionne à Samoëns en 1908 et le Vélo-club d’Annecy crée un comité de sports d’hiver très actif à développer aussi bien le ski que le patinage, la luge ou le bobsleigh 1170 . Sa première grande manifestation se déroule à Thônes en février 1908 1171 .

À Marseille, la présence de la mer d’une part conduit le Cercle vélocipédique à créer un groupe de yachting 1172 , le fort mouvement excursionniste d’autre part influe sur quelques clubs qui adhèrent à la Fédération provençale des sociétés excursionnistes et sportives 1173 . L’une d’elles, le Guidon gaulois, est décrite comme “ un club alpin et cycliste [qui] organise tous les dimanches et fêtes une ou plusieurs sorties à pied ou à bicyclette ” 1174 . Ailleurs, la marche n’est souvent qu’une activité saisonnière concourant à l’entretien foncier hivernal 1175 au même titre que la culture physique, de plus en plus pratiquée soit dans les locaux des sociétés 1176 , soit dans des salles spécialisées 1177 . Le billard tient également une place de choix. Des tournois animent les réunions de nombreuses sociétés à la morte saison. L’U.V.F. crée ainsi, en janvier 1903, un challenge pour “ occuper les dirigeants de club pendant les mois d’hiver ” 1178 .

La volonté d’attirer de nouveaux adhérents se traduit aussi par la création de sections de tir. Au Cyclophile san-claudien (C.S.C.), l’établissement d’une telle structure en juillet 1904 est confirmé l’année suivante par la rédaction d’un règlement précisant les rapports entre la société-mère et le nouveau groupement désigné sous l’appellation distincte de  Les Flobertistes du C.S.C. 1179 . En fin de période, souvent associée d’ailleurs à la préparation militaire comme à Limoges 1180 ou Auxerre 1181 , l’introduction du tir correspond au désir de participer aux avantages subordonnés au développement de l’instruction militaire et à l’octroi de l’agrément gouvernemental institué en 1908 1182 . Le Club touriste d’Orléans peut ainsi se prévaloir de recevoir “ des encouragements des ministères de l’Intérieur, de la Guerre et de l’Agriculture, et du département du Loiret sous forme de subventions ou prix en nature pour sa section de tir ” 1183 .

C’est donc au prix d’une substantielle diminution d’autonomie et d’une forte mutation identitaire que le cyclisme associatif réussit à maintenir son nombre de groupements, maintenant majoritairement constitués de simples sections de sociétés multisports ou d’associations originellement cyclistes puis ouvertes à d’autres activités physiques. Les adeptes du deux-roues devenus ainsi difficilement quantifiables - comment distinguer, par exemple, parmi les 750 membres que comptent les huit sections du Club cycliste excursionniste musical stéphanois en 1912 1184 - doivent tenir compte et s’accommoder de la présence d’autres adhérents porteurs d’intérêts différents.

Toutefois, en dépit de cette évolution, les groupements cyclistes sont beaucoup moins prisés que d’autres sociétés d’exercice physique. 

Graphique 30. : Déclarations des sociétés d’exercice physique par période quadriennale (1902-1913).

Source : Journal officiel (1902-1913).

Tout au long de la période, les déclarations des associations cyclistes ne dépassent pas 5% du total des sociétés d’exercice physique : 4,7% entre 1902 et 1905, 3,2% entre 1906 et 1909 et 3,6% entre 1910 et 1913. Ainsi lorsque, les trois périodes confondues, se font connaître des autorités 554 sociétés axées vers la pratique de la bicyclette, 4500 autres s’adonnent à un ou plusieurs sports associé(s) ou non à la gymnastique, au tir… et plus de 10000 se consacrent à des activités uniquement conscriptives (gymnastique, tir, préparation militaire) 1185 . Même si un recul affecte ces dernières au début des années 1910, leur supériorité n’en reste pas moins assurée. La caporalisation des sociétés d’exercice physique est très nette.

Graphique 31. : Déclarations annuelles des sociétés d’exercice physique (1901-1914).

Source : Journal officiel (1901-1914).

La courbe d'évolution du nombre des sociétés conscriptives se distingue par sa grande irrégularité. Ses deux pics (1903 et 1908-1909) s’expliquent, pour le premier, par la déclaration rapide et quasi systématique des sociétés préexistantes et, pour le second, par le cumul des effets de textes gouvernementaux - ils visent à compenser l’abaissement du service militaire de trois à deux ans depuis 1905 -, à savoir ceux instituant en 1907 les sociétés scolaires de tir 1186 et l’instruction de 1908 relative à l’agrément. Au global, les sociétés de tir dominent largement - elles sont plus de 7000 - celles de gymnastique (1192), de gymnastique et tir (1338) et de préparation militaire (1141). Ces dernières connaissent une forte progression à partir de 1908 puisque 88% d’entre elles se déclarent au cours des sept dernières années 1187 .

Les fluctuations numériques des associations revendiquant la pratique du (des) sport(s) sont moins tourmentées. Leur tracé présente un profil assez régulièrement croissant. Les sociétés couplant le sport à des activités conscriptives ou intellectuelles comptent pour un tiers (1891 occurrences sur 5490 en intégrant le cyclisme 1188 ) et sont en fait des patronages ecclésiastiques ou laïques. Par exemple l’Association catholique de Ruffiac (Lot-et-Garonne) vise au ‘“ développement physique, moral et intellectuel ”’ de ses membres 1189 , l’Association St Laurent de la Bouillie (Côtes-du-Nord) a un but “ religieux, musical, littéraire et sportif ” 1190 , l’Association du patronage St Michel de Saint-Quay-Portrieux (Côtes -du-Nord) pratique “ la gymnastique, le tir et les sports ” 1191 , l’Union laïque et sportive de Commentry (Allier) “ le tir et les sports ” 1192 , l’Amicale des anciens élèves de l’école de Prades (Ardèche) se fixe un double but : “ éducation et sports ” 1193 … Les groupements de sports athlétiques sont d’un poids presque identique (1549 occurrences). Le troisième tiers se répartit par ordre décroissant d’importance entre le cyclisme (582 occurrences), l’hippisme (416), l’excursionnisme (267), les sports d’eau (natation, aviron… : 226), les sports mécaniques (automobilisme, motocyclisme, aéronautisme : 188) puis regroupés dans la catégorie des “ divers ” : les boules (145), l’escrime (102), les jeux de balle (balle au tamis, paume, pelote… : 67), la tauromachie (24), la boxe (21), l’haltérophilie (6), la lutte (2), le jeu de palet (1), les joutes (1) et la sarbacane (1).

Géographiquement, la répartition des deux types de groupements diffère par un investissement plus marqué des zones septentrionale et orientale du territoire par les sociétés conscriptives - ces régions, rappelons-le, ont les premières accueilli les associations de gymnastique au XIXème siècle -, alors que les sociétés sportives se diffusent plus régulièrement à l’intérieur de l’Hexagone 1194 , mais quoiqu’il en soit les véloce- clubs sont presque partout dépassés aussi bien par les sociétés conscriptives que par les patronages ou les groupements de sports athlétiques (Carte 18) 1195 .

Carte 18. : Les d éclarations des sociétés cyclistes, sportives, de gymnastiques et de sports des patronnages et conscriptions
Carte 18. : Les d éclarations des sociétés cyclistes, sportives, de gymnastiques et de sports des patronnages et conscriptions

De fer de lance du mouvement sportif, le cyclisme associatif en est devenu une composante parmi d’autres du fait de l’absence d’un sursaut des créations. Le découplage entre les fondations de véloce-clubs et la croissance du parc des bicyclettes, débuté au milieu des années 1890 se confirme pleinement au début du XXème siècle mais la stagnation associative va-t-elle de pair avec une géographie figée des sociétés vélocipédiques ?

Notes
1142.

Cf. note 1 p. 19.

1143.

Le décret du 16 août 1901 indique que la déclaration, une fois effectuée par les dirigeants de l’association auprès de la préfecture ou de la sous-préfecture, “ dans un délai d’un mois, elle est rendue publique par leurs soins, au moyen de l’insertion au Journal officiel d’un extrait contenant la date de la déclaration, le titre et l’objet de l’association, ainsi que l’indication de son siège social ”.

1144.

L’article 6 de la loi fixe les droits afférents à la déclaration :

“ Toute association régulièrement déclarée peut, sans aucune autorisation spéciale ester en justice, acquérir à titre onéreux, posséder et administrer, en dehors des subventions de l’État, des départements et des communes :

1° Les cotisations de ses membres ou les sommes au moyen desquelles ces cotisations ont été redimées, ces sommes ne pouvant être supérieures à cinq cents francs (500 fr.) ;

2° Le local destiné à l’administration de l’association et à la réunion de ses membres ;

3° Les immeubles strictement nécessaires à l’accomplissement du but qu’elle se propose ”.

1145.

Nous manquons pour cela de recensions portant sur l’ensemble des sociétés, déclarées ou non. Hormis la liste de l’annuaire de 1911 (cf. infra), nous n’avons retrouvé que quelques bribes de trois enquêtes adressées aux préfectures et qui ne concernent donc que les groupements officiellement créés. Le 6 avril 1909 l’U.V.F. veut “ connaître la situation des sociétés, clubs ou groupements cyclistes ”à la suite d’un premier recensement trop imprécis effectué par ses délégués sportifs. Les archives des Côtes d’Armor (4M 79), de l’Yonne (3M 4/25) et de la Charente (4M 61) en conservent les réponses. Deux mois auparavant l’entreprise Peugeot frères avant de lancer son Trophée de France avait formulé la même demande dans le but de contacter toutes les sociétés. Nous disposons des listes pour l’Indre-et-Loire (4M 279) et l’Yonne (3M 4/25). Enfin le 18 avril 1913, le ministère de l’Intérieur envoie aux préfets un télégramme demandant pour le 22 une nomenclature par arrondissement “ des sociétés de tir, de gymnastique, de préparation militaire et de sports ” avec pour chacune son titre, son but, son siège social, le nombre de ses membres et les noms du président et des personnalités dirigeantes. Curieusement cette enquête officielle ne laisse de traces que dans la Sarthe (1M 519) et les Côtes d’Armor (4M 79).

1146.

Arch. dép. Yonne, 3M 4/25, Lettre de M. Barnaud, 60 rue de la Convention au préfet, 14 avril 1905.

1147.

Dans la Nièvre, trois sociétés sont ainsi éconduites en 1905 (Pédale des Amognes), 1906 (Union cycliste marchoise) et 1907 (Vélo-club charrinois). Arch. dép. Nièvre, M 5012.

1148.

Le préfet de l’Eure-et-Loir recommande au sous-préfet de Nogent saisi d’un différend né au sein du Cycle loupéen : “ L’autorité administrative n’a pas à intervenir surtout depuis la loi du 1 er juillet 1901 ”. Arch. dép. Eure-et-Loir, 4M 249, Lettre du 6 juin 1902.

1149.

ARGUEYROLLES P. : Villeneuve-sur-Lot…, op. cit., pp. 82-95. Sur ces six clubs, trois ne durent que quelques mois, un ne fonctionne qu’une saison et les deux derniers résistent trois ans.

1150.

POYER A. : “ Le sport vélocipédique à la conquête de l’espace sarthois… ”, art. cit., p. 188.

1151.

THÉVIN F. et HOURY C. : Annuaire général de la vélocipédie et des industries qui s’y rattachent, Paris, F. Thévin et C. Houry, 1911.

1152.

L’estimation que fait G. Le Roy de 800 sociétés cyclistes en 1909 est largement dépassée. LE ROY G. : Éducation physique et gymnastique, Paris, P. Lafitte, 1913, cité dans ARNAUD P. : Les Athlètes de la République…, op. cit., p. 281.

1153.

En Meurthe-et-Moselle, une enquête menée par les services préfectoraux fait ressortir que la moitié des associations créées depuis 1901 ont cessé leurs activités en 1913. Arch. dép. Meurthe-et-Moselle, 4M 75, Enquête d’avril 1913.

1154.

Cf. Annexe stat. D 5 : Les noms des sociétés vélocipédiques (1868-1914) – Tableau.

1155.

LASSUS M. : “ L’Union sportive bazadaise… ”, art. cit., pp. 13-14 (n° 116).

1156.

Certains groupements, dans l’extrait destiné au Journal officiel, se contentent d’une formulation générale telle que “ sports de plein air ”, “ exercices physiques ” ou “ sports en général ” sans lister les activités pratiquées. Cet état de fait minimise sûrement le nombre de sections vélocipédiques dépendant des “ Associations sportives ”, “ Unions sportives ” ou autres “ Sporting clubs ”. Ainsi en Seine-Inférieure, le recours au texte des statuts de trente-six groupements multisports fait découvrir pour sept d’entre eux l’indication de la pratique cycliste, confirme pour quinze son absence et ne lève pas le doute pour les quatorze qui adoptent dans leur texte fondateur la même formule vague qu’au Journal officiel. Arch. dép. Seine-Maritime, 4M 490 à 494.

1157.

Arch. dép. Seine-Maritime, 4M 477, Statuts, août 1912.

1159.

Arch. dép. Alpes-Maritimes, 4M 322, Statuts, s. d., 1909 ? 1910 ?

1160.

Cf. Annexe doc. C 2 : Papier à en tête de la Pédale de l’avenir de Saint-Étienne, octobre 1904.

1161.

Il en est ainsi du Vélo-club de l’Hérault (La Vie montpelliéraine, 14 janvier 1900).

1162.

Par exemple, Flers Pédale (Arch. dép. Orne, M 1045, Modifications des statuts, mars 1900) ou le Vélo-cycle rennais (Arch. mun. Rennes, R 103, 1900).

1163.

Le Vélo, 11 février 1896.

1164.

En 1902, il a fait courir pour motocyclettes, motocycles et voitures une course du kilomètre lancé (29 juin) et une course de côte (28 septembre) et prévoit pour 1903 un concours de consommation au bidon (5 juillet). Arch. mun. Angers, 56W 118.

1165.

Cf. Annexe doc. C 3 : Coupe de l’Anjou et critérium de l’Anjou organisés par l’Auto-véloce-club d’Angers, 14 juin 1908.

1166.

Le Bourguignon, 13 janvier 1904, cité dans CORTIVO H. : L’Alliance vélo-sportive auxerroise, Auxerre, 1991, non paginé.

1167.

DUBOIS F. : Naissance et essor du football à Amiens des origines à 1939, mémoire de maîtrise dactylographié, Amiens, 1990, pp. 17-18.

1168.

FOUCHER J. : “ Petite histoire du sport brestois (1847-1914) ”, Cahiers de l’Iroise, 1955, n° 2, pp. 54-61, p. 59.

1169.

 VIDAL R. : Cent ans de vélo à Mazamet, Mazamet, 1991.

1170.

Décision prise à l’assemblée générale de 1907.  Arch. dép. Haute-Savoie, 66J 16.

1171.

Cf. Annexe doc. C 4 : Concours régional de skis par le Vélo-club d’Annecy, février 1908.

1172.

Indicateur marseillais, 1909.

1173.

En 1913, sur vingt sociétés, la fédération en compte cinq cyclistes, Marseille-vélo, Longchamp-vélo, Amicale vélo-club de Marseille, Vélo-club Régina et l’Association cycliste et sportive de Marseille. Indicateur marseillais, 1913.

1174.

Indicateur marseillais, 1909.

1175.

BUCHARD G. : Le cinquantenaire…, op. cit., p. 95.

1176.

Amiens cycle annonce trois séances hebdomadaires de 8H 30 à 10H 30 du soir. Notre Picardie, décembre 1907.

1177.

En 1909, le Véloce-club havrais obtient des conditions avantageuses de la part du tenancier d’une salle de la ville, la salle Pernin. BUCHARD G. : Le cinquantenaire…, op. cit., p. 88.

1178.

GOUSSEAU D. : “ Histoire chronologique… ”, art. cit. n° 208, avril 1961.

1179.

Arch. mun. Saint-Claude, 3R 2, Registre des délibérations du Cyclophile san-claudien. Le règlement du 15 avril stipule que la nouvelle section est gérée par une commission de cinq membres et qu’elle dispose d’une caisse propre. Cependant, son trésorier est celui du C.S.C. et elle doit verser à la société une somme de 125 F. correspondant à sa contribution au financement du siège social dans le jardin duquel est installé le tir réduit. L’accord tient jusqu’à ce qu’en 1909 les tireurs quittent le C.S.C. et fondent la Société de tir de Saint-Claude.

1180.

Le Racing club limousin créé primitivement, en 1904, pour “ pratiquer le sport cycliste sur route et sur piste ” forme en 1909 une section d’instruction militaire comprenant un cours de topographie et de tir. Elle s’adresse aux “ jeunes gens aptes à faire leur service militaire ” et est placée “ sous la direction de sociétaires ayant déjà rempli leur devoir envers la patrie ”. Arch. dép. Haute-Vienne, 4M 130, Statuts, 1er septembre 1904 et modifications de janvier 1909.

1181.

L’Alliance vélo-sportive auxerroise qui a ajouté en 1909 le tir à la liste des sports qu’elle pratique obtient l’agrément du gouvernement et “ à partir de ce moment, consacre […] tout son dévouement à la préparation militaire et obtient […] vingt-quatre certificats de préparation militaire en 1913, treize en 1914 ”. CORTIVO H. : L’Alliance vélo-sportive…, op. cit.

1182.

L’instruction ministérielle du 7 novembre 1908 – parution au Journal officiel le 26 novembre – instaure le régime de l’agrément tout en rappelant les conditions de préparation du brevet d’aptitude militaire (loi du 8 avril 1903). L’agrément est conféré, après enquête administrative, par le ministre de la Guerre aux sociétés qui en font la demande. Elles deviennent alors des S.A.G., Sociétés agréées par le gouvernement, et peuvent bénéficier des aides financières de l’État. En 1909, l’Union sportive du Mans, affiliée à l’U.S.F.S.A. et à l’U.V.F., organise en tant que S.A.G., 8 séances de marche, 15 de tir, et 13 de lecture de carte. Sept de ses membres passent avec succès les épreuves du brevet d’aptitude militaire. Archives de la société.

1183.

Annuaire général d’Orléans et des communes du Loiret…Étrennes orléanaises, Orléans, s. n., 1911, p. 336.

1184.

Arch. mun. Saint-Étienne, 4R 20. Alors qu’elle minore le nombre de sociétés, l’estimation qu’avance G. Le Roy de 150 000 membres en 1909 apparaît assez plausible (LE ROY G. : Éducation physique…, op. cit., p. 354). La moyenne de 80 cyclistes par société qui en découle se retrouve d’ailleurs dans les résultats d’une enquête préfectorale menée dans les Vosges en 1900. Arch. dép. Vosges, 8M 155 et 157.

1185.

Cf. Annexe stat. C 1 : Déclarations annuelles des sociétés d’exercice physique par type d’activité pratiquée (1901-1914) – Tableau.

1186.

Cf. GAY-LESCOT J.L. : “ Les sociétés scolaires et postscolaires de tir dans le département de l’Ille-et-Vilaine (1907-1914) ”, in ARNAUD P. : Les athlètes de la République, op. cit., pp. 126-139.

1187.

Cf. Annexe stat. C 1 : Déclarations annuelles des sociétés d’exercice physique (1901-1914) – Tableau.

1188.

Ibid.

1189.

Journal officiel, 16 avril 1910 (déclaration, le 23 mars 1910).

1190.

Journal officiel, 26 juin 1909 (déclaration, le 25 mai 1909).

1191.

Journal officiel, 1er mai 1909 (déclaration, le 30 mars 1909).

1192.

Journal officiel, 1er juillet 1911 (déclaration, le 11 mai 1911).

1193.

Journal officiel, 14 mars 1911 (déclaration, le 28 février 1911).

1194.

Cf. Annexe stat C 2 : Effectif et taux pour 10 000h. des sociétés conscriptives et sportives par département (1901-1914)–Tableau. 50 départements atteignent ou dépassent l’un des taux moyens (2,7 sociétés conscriptives et 1,4 société sportive pour 10 000h.). 22 sont riches des deux types de groupements: Aisne, Alpes-Maritimes, Aube, Calvados, Côte d’Or, Doubs, Eure, Eure-et-Loir, Gironde, Jura, Loiret, Marne, Haute-Marne, Meurthe-et-Moselle, Meuse, Oise, Seine-Inférieure, Seine-et-Marne, Seine-et-Oise, Somme, Vosges et Yonne. Quatorze autres sont plus spécifiquement conscriptifs : Ain, Basses-Alpes, Ardennes, Charente-Inférieure, Creuse, Indre-et-Loire, Loir-et-Cher, Nord, Pas-de-Calais, Haute-Saône, Savoie, Haute-Savoie, Deux-Sèvres, Vienne. Les quatorze derniers s’illustrent dans le sport : Aude, Bouches-du-Rhône,

1195.

Hérault, Landes, Loire-Inférieure, Lot-et-Garonne, Maine-et-Loire, Orne, Basses-Pyrénées, Rhône, Seine, Tarn-et-Garonne, Vaucluse et Territoire-de-Belfort.

Si dans un département les véloce-clubs sont plus nombreux à se déclarer que les sociétés de tir, dans 21 plus nombreux que celles de gymnastique, dans 11 plus nombreux que celles associant gymnastique et tir et dans 14 plus nombreux que celles de préparation militaire, dans aucun ils ne dépassent ces quatre types de sociétés conscriptives réunis. Dix fois les patronages sont supplantés et six fois les associations athlétiques. Les cyclismes associatifs sarthois et doubistes s’illustrent en n’étant chacun devancé que par les sociétés de tir.