3. Les mutations du secteur compétitif.

3-1. Une densification organisationnelle.

3-1-1 La profusion des épreuves locales.

L’édifice des épreuves cyclistes, pour qui lit la presse locale des années 1910, repose alors - le fait est nouveau - sur un large socle d’épreuves locales organisées à l’occasion, le plus souvent, d’une fête traditionnelle, qu’elle soit appelée “ annuelle ”, “ patronale ”, “ paroissiale ” ou “ assemblée ”. Exemple parmi des centaines d’autres : l’épreuve en “ plaine ” de 15km. disputée à Ydes (Cantal) le 27 avril 1913, jour de la fête patronale, et qui, dotée de 40F. de prix, trouve sa place dans le programme des festivités à côté des courses aux ânes, à pied, aux œufs et de divers jeux et concours 1382 . Au rang des promoteurs apparaissent très majoritairement les municipalités, tel ou tel commerçant - surtout des cafetiers, restaurateurs ou marchands de cycles -, des comités des fêtes, des groupes de jeunes gens… Les sociétés cyclistes participent peu à ce foisonnement : 10 % des organisations en Saône-et-Loire en 1913, par exemple 1383 .

Ces micro-réunions caractéristiques des localités rurales - y compris celles des départements peu pourvus en sociétés - et des quartiers des villes prouvent ainsi que la vigueur de la diffusion du sport cycliste au plus profond du territoire français se révèle plus nettement au travers de son intégration au calendrier festif traditionnel que par l’extension de son tissu associatif. Par ailleurs, ces petites épreuves, qui pour la plupart échappent au contrôle fédéral 1384 , constituent autant d’espaces de liberté organisationnelle, ce que ne sont pas les réunions sur piste.

Notes
1382.

L’Avenir du Cantal, 23 avril 1913.

1383.

Statistique établie à partir du quotidien mâconnais L’Union républicaine, mars-septembre 1913. Sur 124 réunions de courses relevées, 102 sont locales et/ou départementales et pour 68 d’entre elles l’organisateur est indiqué : 26 sont cafetiers, 18 marchands de cycles, 11 associent un marchand de cycles à un autre commerçant, 3 relèvent de municipalités, 2 de “ jeunes gens ”, 1 d’un comité des fêtes et 7 de sociétés cyclistes.

1384.

L’U.V.F. les prévoit dans ses règlements: elles sont ouvertes à tous les cyclistes du lieu ou résidant dans un rayon de dix kilomètres. Comme pour les courses départementales qui accueillent les compétiteurs licenciés du département ou résidant dans un rayon de dix kilomètres de la ville où la réunion est organisée, la licence d’organisateur est gratuite.