1-2. La marginalisation du cyclisme au T.C.F.

1-2-1- La puissance du T.C.F.

Alors qu’au tournant des deux siècles le Touring-club de France marque le pas - les candidatures annuelles connaissent leur niveau le plus bas avec environ 10 000 nouveaux adhérents par an 1472 et l’effectif global stagne aux alentours de 75 000 membres entre 1899 et 1903 1473 -, il reprend à partir de 1904 un rythme de progression régulier. Les 80 000 sociétaires sont allègrement dépassés en 1904. L’association fête son cent millième adhérent au début de l’été 1906 1474 , atteint plus de 120 000 quatre ans plus tard et compte officiellement 136 073 membres au 1er juillet 1914. L’assise financière du groupement en est élargie. Les recettes, déjà supérieures à 600 000F. en 1899, excèdent le million en 1907 et frôlent 1 500 000F. en 1914, soit des disponibilités dix fois supérieures à celles de l’U.V.F. à la même époque. L’actif du Touring-club est alors d’1 250 000F. dont 450 000F. pour le seul siège social.

En effet en 1904, le T.C.F. acquiert au 65 de l’avenue de la Grande armée un hôtel de 1100 m² de planchers, dans lequel il installe ses services. La décision prise en septembre 1903 a non seulement pour but de donner plus d’espace au personnel administratif 1475 , à la bibliothèque 1476 ou à la salle d’exposition 1477 mais aussi de placer le Touring-club ‘“ sur le même pied que les sociétés les plus anciennes et les plus prospères, qui toutes sont propriétaires de l’immeuble dans lequel elles ont établi leur siège social, telles que la Société de Géographie, la Société des Ingénieurs Civils, la Société Nationale d’Agriculture, la Société Nationale d’Encouragement à l’Industrie, etc. , etc. ”’ ‘ 1478 ’ ‘.’

Une telle prospérité s’explique par la diversification croissante du champ d’intervention que s’assigne le T.C.F.. La liste des comités qu’il crée, après celui du contentieux (1895) et le comité technique (1897) chargé des problèmes de la route et de la circulation, suffit pour s’en convaincre. Sont ainsi mis sur pied :

  • en 1904, les comités nautique, hippique et celui des Sites et monuments qui vise à leur protection, à leur conservation,
  • en 1907, le comité de tourisme scolaire,
  • en 1908, les comités de tourisme aérien et de tourisme hivernal,
  • en 1909, le comité de tourisme colonial,
  • en 1913, le comité de l’hôtellerie.

Par ailleurs, des commissions se préoccupent de l’hygiène, des pelouses et forêts, de l’aménagement des forêts aux environs de Paris ou du camping.

De ce vaste programme résultent des réalisations concrètes : édition d’une collection de trente et un volumes consacrée aux “ sites et monuments de France ”, de divers manuels portant sur l’Arbre, l’Eau, le Camping…, participation financière à la construction d’axes de circulation - corniche de l’Esterel, route des Alpes (Thonon-Nice) -, organisation de grandes semaines d’hiver à partir de 1909, construction de refuges en montagne, établissement de bancs et de tables d’orientation… bref, un véritable foisonnement d’œuvres d’intérêt général. Face à une extension aussi considérable des activités, le conseil d’État aurait eu mauvaise grâce à refuser la demande de déclaration d’utilité publique à nouveau formulée en 1907.

Le Touring-club de France réussit donc à s’imposer en tant que grande institution nationale, en tant que groupement reconnu et respecté, mais qu’en est-il de son objectif initial de propagation du tourisme vélocipédique ?

Notes
1472.

Cf. Annexe stat. D 20 : Évolution des candidatures annuelles au T.C.F. (1891-1913) – Graphique.

1473.

Cf. Annexe stat. D 18 : Évolution du nombre d’adhérents au T.C.F. (1890-1913) – Graphique.

1474.

Pour l’occasion est organisée le 8 juillet “ la fête des Cent Mille ”. Après une parade qui conduit de la Concorde à la grande salle de l’Orangerie du Château de Versailles, se tient un banquet monstre auquel prennent part un millier de sociétaires. Revue du Touring-Club de France, juillet 1906

1475.

En 1901, vingt-six employés œuvrent au siège social, ils sont environ quarante en 1913. Revue du Touring-club de France, novembre 1901 et juillet-octobre 1915. Les émoluments du personnel des bureaux est en 1913 de 111 000F. contre 68 000F. en 1901.

1476.

En 1903, il est venu jusqu’à 120 personnes par jour pour consulter cartes, guides et ouvrages divers. Revue du Touring-club de France, octobre 1903.

1477.

“ C’est là que seront exposés en permanence tous les objets, vêtements, poteaux, installations diverses que le Touring-club a lancés et dont il a pris l’initiative. Le ciré du cantonnier voisinera avec la table d’orientation et la descente dangereuse avec le banc rustique.

Dans ce renfoncement de mur formant alcôve, sera installée une salle de bain modèle avec douche et des W.C. dernier cri.

Cette petite pièce, en haut de ces cinq marches, sera convertie en chambre Touring-club ”. Revue du Touring-club de France, février 1914.

1478.

Revue du Touring-club de France, octobre 1903.