A2 : Demande de subvention adressée au maire de Grenoble par le Vélo-club grenoblois, 1er août 1882.

Source : Arch. mun. Grenoble, 3R 29.

Vélo-club grenoblois Grenoble, le 1er août 1882

Place Saint-André, 1

Grenoble

Monsieur le maire,

Lorsque le Conseil d’administration du Vélo-club grenoblois eut dernièrement l’honneur d’être reçu par vous et de vous informer des fêtes vélocipédiques qu’il va donner les 13 et 15 août prochain, avec le concours du Bicycle-club de Lyon, vous voulûtes bien lui promettre l’aide de la Municipalité pour l’organisation de ces fêtes.

Encouragés par cette promesse bienveillante, qui a déjà reçu, à divers points de vue, une réalisation effective dont nous vous exprimons toute notre reconnaissance, nous venons, Monsieur le Maire, vous prier de vouloir bien soumettre au Conseil Municipal de Grenoble, et appuyer auprès de lui, la demande d’un prix d’une valeur de cinq ou six cents francs, qui, alloué par la ville pour les courses dont il s’agit, prendrait la qualification de “ prix de la ville de Grenoble ”, et donnerait à nos fêtes, avec un attrait de plus pour les coureurs, un intérêt plus grand des courses en elles-mêmes, et une sorte de consécration publique qui serait certainement de nature à en augmenter de beaucoup le succès.

Ce que nous proposons là, Monsieur le Maire, n’est pas une innovation absolue. Vous n’ignorez pas, par exemple, les allocations de nature semblable qui sont faites périodiquement par certaines assemblées municipales pour constituer des prix dans les courses de chevaux, dans les régates et autres divertissements sportiques [sic] ; vous savez pour quelle part considérable (50 000 F. croyons-nous) le Conseil Municipal de Paris concourt chaque année à la formation du Grand Prix.

Si nous ne nous trompons, dans le département même de l’Isère, la ville de La Tour-du-Pin participe financièrement aussi chaque année aux courses hippiques qui s’y donnent.

Pour rester plus près de notre sujet, il nous suffira de rappeler que le 14 juillet dernier, à Toulouse, la ville a fait les frais complets d’une fête vélocipédique ; enfin, dans le département même de l’Isère, bien que naturellement dans des proportions plus modestes, nous avons vu dernièrement à Tullins et à Voiron des prix affectés par ces communes à de petites courses locales de bicycles et de tricycles.

C’est à bon droit, on peut le dire, que les municipalités et les assemblées communales favorisent ainsi ce genre de sport. Il est excellent par lui-même et offre de plus, comme spectacle populaire, des attraits sur lesquels il est inutile d’insister, l’affluence de la population à toutes les fêtes de cette nature et notamment à la dernière que Grenoble a vue, étant la meilleure preuve de leur puissant intérêt.

En outre, précisément à cause du grand nombre de spectateurs qu’il attire, il est, dans une certaine proportion, par l’accroissement de la consommation et des entrées, une source de profits pour la caisse communale. Nous ne voulons pas exagérer l’importance de cet accroissement, mais il est néanmoins réel et mérite d’être pris en considération.

Toutefois, il existe en la circonstance présente, un autre motif qui doit particulièrement plaider auprès du Conseil municipal en faveur de l’allocation que nous demandons sous forme de prix.

Il ne s’agit pas cette fois de courses purement locales : il s’agit du Championnat de France, organisé par deux clubs importants, sous la patronage de l’Union Vélocipédique française ; il s’agit en un mot de quelque chose de national.

Pour cette course Grenoble a été choisi, d’une part en raison de l’excellence de sa piste exceptionnelle, peut-être unique, d’autre part en raison du développement sans cesse croissant qu’y prend le sport vélocipédique et de l’extrême faveur qu’on y attache dans la population toute entière.

Dignité oblige : puisque Grenoble - à juste titre - est à l’honneur, n’est-il pas juste qu’il soit un peu aussi à la dépense et que la ville concoure par un acte en quelque sorte personnel à l’éclat d’une fête d’un caractère, nous le répétons, véritablement national ?

Telles sont, Monsieur le Maire, les considérations que nous prenons la liberté de vous soumettre, et de soumettre, par votre entremise, à Messieurs les membres du Conseil Municipal ; nous osons espérer qu’elles sont de nature à déterminer cette assemblée à bien vouloir accueillir favorablement notre demande.

Veuillez agréer, Monsieur le Maire, l’expression de nos sentiments de respectueuse considération.

Pour le Conseil d’administration

du Vélo-club grenoblois

Le président