Je tiens à remercier Isabelle TAPIERO pour m’avoir précieusement conseillée et orientée tout au long de l’élaboration de cette thèse, ainsi que pour son soutien au cours de toutes ces années de labeur.
Je remercie le Professeur Paul van den Broek pour m’avoir conseillée scientifiquement et soutenue tout au long de cette thèse, pour m’avoir entendue et guidée sur le chemin “suffisant”.
Je remercie également tous les enseignants et tous les étudiants du centre pour la recherche en sciences cognitives de l’Université du Minnesota pour leur formidable accueil.
J’exprime ma profonde reconnaissance au professeur Martins ainsi qu’au professeur van den Broek qui me font l’honneur d’être les rapporteurs de cette thèse. Tout comme les professeurs Brigitte Le Bouédec, Olivier Koenig, Jean-Pierre Rossi et Charles Tijus qui m’ont fait l’honneur d’accepter d’être membres de mon jury.
A l’ensemble des membres du laboratoire d’étude des mécanismes cognitifs, mes sincères remerciements pour leurs encouragements et leur soutien.
Je remercie enfin les sujets qui ont participé aux expériences pour leur diligence et leur patience. Tout particulièrement les étudiants du laboratoire EMC.
Tous ces remerciements sont nécessaires à mes yeux mais ils ne seront jamais suffisants pour exprimer mon sentiment.
Nos travaux de recherche se sont essentiellement centrés sur la causalité et la compréhension de textes narratifs. Les théories de la causalité et leur mise en évidence empirique ont évolué avec le temps. Nous nous sommes focalisées sur l’approche philosophique de Mackie étudiée par des chercheurs tels que Trabasso et van den Broek. Afin d’expliquer notre choix théorique, nous présenterons dans notre introduction une évolution de ces théories causales, dont certaines sont toujours d’actualité dans des domaines de recherche tels que l’intelligence artificielle.
En effet, nous nous sommes intéressées dans diverses expériences à la nature de la représentation mentale que les individus se construisent lors de la lecture de textes narratifs, ainsi qu’à l'influence des différences de force causale sur la construction de cette représentation et sur le stockage et la récupération des informations contenues dans ces représentations. Nous envisageons la compréhension de textes comme une activité de résolution de problème. Comprendre un texte requiert d'identifier les relations entre les différentes parties du texte, aussi bien que celles entre le texte et le monde des connaissances du lecteur. Un texte est alors perçu et représenté en mémoire comme une structure cohérente et ce, à l'aide du raisonnement causal.
Nous avons tenté dans notre premier chapitre de démontrer la pertinence psychologique de la représentation de la structure causale d'un récit sous la forme d'un réseau dans lequel de multiples connexions directes sont possibles vers une seule unité de texte; ces connexions pouvant opérer à distance dans la structure de surface du texte. Dans un second chapitre, nous nous sommes attachées à mettre en évidence que la force et la nature des relations causales dans le réseau dépendent des critères de force causale (degrés de nécessité et de suffisance dans les circonstances du texte) d'une cause pour sa conséquence, ainsi que de la distance des énoncés dans la structure de surface du texte. Les connexions causales sont donc identifiées et assemblées en un réseau. De plus, nous avons pu montrer que la suffisance, qui jusque là demeurait théorique et appliquée par le seul raisonnement du chercheur, est un meilleur critère causal que la nécessité qui elle, inclut les cohérences référentielles.
Nous avons donc voulu comprendre quels sont les événements les mieux représentés en mémoire par le lecteur, ceux qui ont un nombre important de connexions causales ou ceux qui ont une forte relation causale, afin de mettre en évidence l'importance des connaissances et du raisonnement du lecteur non seulement sur les représentations cohérentes qu’il se construit, mais également sur la récupération des informations contenues dans ces représentations. Nous avons pu démontrer que l'accès à l'information devrait être facilité en cas de forte connexion causale : les événements satisfaisant à une forte suffisance devraient être plus rapidement reconnus et rappelés, puisque nous supposons que le recouvrement de ces événements se fait en fonction de leur force de connexion.
Dans un troisième chapitre, nous avons choisi d’appliquer les critères de nécessité et de suffisance, notamment la suffisance qui est un meilleur critère causal à la production d’inférences causales antérogrades, qui sont sensées être basées sur les connaissances que possède le lecteur. Ces inférences été ont très peu étudiées dans la littérature tout comme la notion de distance dans la structure de surface de texte comparée à la notion de distance cognitive dans la représentation mentale d’informations causales. Enfin, les critères de nécessité et de suffisance et leur(s) influence(s) sur les processus de compréhension et de représentation de texte narratifs sont toujours en grande partie du domaine théorique. Nous avons donc pu mettre en évidence à l’aide d’une tâche de décision lexicale ‘on-line’ que les lecteurs produisent des inférences antérogrades de deux types. Le premier est le maintien de l’événement focal, le second est l’élaboration de prédictions.
Nos deux premiers chapitres portent donc sur la représentation “ off-line ” des informations narratives. Le dernier quant à lui porte sur les processus inférentiels “ on-line ” de la compréhension.
Nous avons fait le choix, pour des raisons de facilité de lecture, de présenter dans chaque chapitre, des expériences accompagnées de la théorie dont elles sont issues. En effet, nos expériences découlent des théories causales, qu’elles soient philosophiques ou cognitives, ce qui nous a amené à construire des expériences centrées autour de notre conception des relations causales, i.e., les critères de nécessité et de suffisance dans les circonstances, et qui portent sur des aspects jusqu’alors inexplorés du traitement de textes narratifs.