2.1.1 Notion de cohérence textuelle

Les caractéristiques les plus générales de la structure qui organise la représentation cognitive comme un tout sont que des relations relient les propositions et les hiérarchisent. Kintsch et van Dijk (1978), van Dijk et Kintsch (1983), postulent que deux traitements existent, ayant pour résultat d'établir deux niveaux d'organisation de la signification: la microstructure et la macrostructure.

- La microstructures'organise à partir d'un microtraitement qui consiste à construire une base de texte, c'est-à-dire une représentation propositionnelle des phrases lues, et des inférences nécessaires pour assurer la cohérence interpropositionnelle. Certains auteurs privilégient la cohérence référentielle définie par le chevauchement d'arguments entre les propositions (Kintsch, 1974; Kintsch & van Dijk, 1978), ou par l'activité de prédication (Denhière, 1984; Le Ny, 1979; Tapiero, 1992). Pour les premiers auteurs, deux propositions sont reliées entre elles si elles ont un argument en commun. Le chevauchement d'argument entre les propositions permet de construire la microstructure. Cette réduction de la cohérence à ce critère a fait l’objet de nombreuses critiques, n’étant pas une condition suffisante à l’établissement de la cohérence. En effet, l’application de ce chevauchement d’arguments conduit à admettre comme cohérente une succession de phrases contradictoires telles que : “ Le chat est dans le salon. Le chat est dans le jardin ”. D’autres conditions que le chevauchement d’arguments doivent donc être invoquées pour rendre compte de l’établissement de la cohérence. Pour les seconds auteurs, l’activité de prédication permet d’établir la cohérence entre les différentes propositions d’un texte. L’individu catégorise la signification de chaque prédication de façon à construire pas à pas la microstructure de sa représentation, i.e., construire les représentations des états, événements et actions complexes du monde qui sont représentés par le texte, ainsi que les relations de cohérence locale, particulièrement les relations temporelles et causales. Enfin pour d'autres auteurs encore, la cohérence s'établit selon des liens causaux (Baudet & Cordier, 1992; Black & Bower, 1980; Trabasso, 1991; Trabasso et van den Broek, 1985). Le lecteur se construit un chemin causal entre l'état initial et l'état final d'un texte, à l'aide des événements et des actions qui décrivent les transitions successives entre les états.