2.1.3.1 Les schémas et les scripts

Un schéma est une configuration de connaissances portant sur des objets ou événements qui incluent des informations générales. Par exemple (d’après Schank 1985), un cabinet de médecin type contient un bureau, une lampe, un téléphone et des salles d’attente. Toute autre information est périphérique, telle que le nombre de fenêtres qu’il y a dans le bureau, la couleur du téléphone, le nombre de chaises et la taille de la salle d’attente. Le schéma exprime l’information typique, et non pas les traits uniques d’un bureau donné. Le schéma inclut habituellement des sous-schémas, chacun des objets du bureau peut être vu comme un schéma, du bureau à l’ordinateur, et en retour chacun d’eux inclut des sous-schémas. Ainsi, un bureau inclut un bureau avec un calendrier des outils pour écrire, et différents types de papier. Les schémas des objets physiques tels qu’une chambre, un bureau, une maison sont connus comme étant des cadres. Les schémas pour des événements sont appelés scripts. Il y a aussi des schémas de problèmes qui décrivent la structure typique de problèmes dans divers contextes qui vont du jeux à la programmation sur ordinateur de problèmes arithmétiques. Rumelhart et Ortony (1977) ont mis en évidence 4 traits basiques de schémas:

  1. Un schéma en tant que variable. Une maison typique, par exemple, inclut des variables telles que le toit, les murs, les portes. Les traits particuliers de chacune d’elles diffèrent selon les différentes maisons.
  2. Les schémas peuvent inclure d’autres schémas. Le schéma “ aller à l’université ” inclut les schémas d’examen, de présentation, de laboratoires, et de résidences universitaires.
  3. Les schémas varient selon leur degré d’abstraction. Un programme d’ordinateur peut inclure une boucle récursive. Au niveau le plus abstrait une boucle fait référence à des opérations répétées. A un niveau moins abstrait on peut spécifier la fonction de la boucle, i.e., ajouter des nombres.
  4. Les schémas sont flexibles. Certains aspects peuvent manquer tels qu’un théâtre typique a une scène, des sièges, et un rideau, mais il y a des théâtres sans scène, sièges, ou rideau.

Les psychologues cognitivistes ont fait appel à la notion de schéma pour étudier la mémoire, la compréhension, et la résolution de problème. Schank a développé les scripts qui de part leur structure permettaient aux ordinateurs de lire un texte et de répondre à des questions sur ce même texte. Un script est décrit comme une séquence typique d’événements. Le script du “restaurant” représente la connaissance que nous avons sur “manger dans un restaurant”. En nous basant sur la connaissance des scripts, nous sommes capables d’inférer des actions qui ne sont pas explicitement énoncées dans un texte. D’après Schank et Abelson (1977) lire la première phrase d’un texte, active le script ainsi que les connaissances sous-jacentes; de telle sorte que la compréhension du lecteur peut ressembler à quelque chose comme:

  • Jean est allé au restaurant
  • Il s’est assis
  • Il a regardé le menu
  • Il a commandé du poulet
  • Il a mangé le poulet
  • Il a laissé un gros pourboire
  • Il a payé la note
  • Il a quitté le restaurant

Les éléments en italique sont facilement inférés. En rappel ou en reconnaissance, les sujets ont le sentiment d’avoir vraiment lu les événements impliqués (Bower, Black & Turner, 1979; Graesser, Gordon, & Sawyer, 1979). Ces résultats indiquent que les scripts fonctionnent de la manière dont on le suppose. Ils rajoutent de l’information non explicitement établie dans le texte. Cependant, quelque chose reste à déterminer: Les sujets font-ils des inférences au fur et à mesure qu’ils lisent les récits ou les produisent-ils pendant les tests de rétention? En général, les chercheurs sont d’accord sur le fait que le concept de script est utile pour rendre compte du rappel de récits familiers (ou connus). Cependant, ils remarquent qu’il y a de nombreux autres textes qui sont moins familiers que des scènes de restaurant ou des récits narratifs simples, mais qui sont bien compris par les lecteurs. Apparemment, ils font appel à d’autres sources de connaissances qui ne sont pas prises en compte dans les schémas ou les scripts, notamment les connaissances causales.