2.3.2.4 Prédictions

En accord avec van den Broek et Lorch (expérience 3, 1993) nous prédisons qu’un effet d’amorçage important devrait apparaître pour des cibles précédées par des amorces reliées (action et but) mais peu ou pas d’effet pour des cibles précédées par des amorces générales (hypothèse 1). Ensuite, nous supposons que la représentation mentale des récits inclut des connexions directes entre des unités adjacentes et non-adjacentes dans la structure de surface du texte. Par conséquent nous ne prédisons aucune différence dans les temps de réaction entre des unités adjacentes et non-adjacentes précédées d’amorces but, alors que nous attendons une différence de temps de réaction entre les cibles adjacentes et les cibles non-adjacentes précédées par des amorces action. En effet, puisqu’il n’existe pas de connexion directe, les participants auront tendance à explorer les médiations causales (hypothèse 2). Enfin, nous prédisons que les temps de réaction à des cibles adjacentes précédées d’amorces action seront plus courts que ceux des cibles adjacentes précédés d’amorces but, ce qui diffère de van den Broek et Lorch (1993). En effet, dans nos récits, les buts sont directement connectés à diverses actions tandis que les événements amorce-action sont uniquement connectés à leur conséquence. L’amorce action devrait par conséquent activer une seule unité d’information (sa conséquence) et les temps de réaction devraient être plus courts que ceux des cibles adjacentes appariées à des amorces but. Inversement, la présentation d’une amorce but devrait activer toutes les connexions reliées à ce but, ainsi une inhibition devrait se apparaître. En effet, les participants devront donc désactiver les informations inappropriées afin de donner leur réponse. Ce processus devrait faire appel à plus de ressources, ainsi les temps de réaction devraient être plus longs que ceux des amorces action (hypothèse 3).

En ce qui concerne les réponses des sujets, nous prédisons un pourcentage d’erreurs plus important pour la reconnaissance de cibles non-adjacentes qui ne sont pas directement connectées aux amorces (i.e., générales et amorces action appariées à des cibles non-adjacentes (hypothèse 4)). De faibles différences dans les pourcentages d’erreurs pour les cibles adjacentes et non-adjacentes appariées à des amorces buts et générales (hypothèse 5). En effet, les amorces générales que sont les ‘situations’ de chaque récit sont connectées aux événements des récits de la même manière. La situation (setting) phrase initiale définit un monde possible qui établit les circonstances du texte selon lesquelles les événements et les énoncés prennent sens. Ce type de relation n’est pas aussi causale que les autres, mais elle rend possible le déroulement du texte. De plus, les cibles adjacentes appariées à des amorces générales ne sont pas aussi adjacentes que les relations entre les buts et/ou actions et les cibles adjacentes. Par conséquent, la différence de pourcentage d’erreurs entre les cibles adjacentes et non-adjacentes appariées à des amorces générales devrait être moins importante que celles appariées à des amorces but et action. Ainsi, la distance cognitive (Dopkins, 1997), i.e., dans la représentation elle-même devrait différer de la distance représentée dans la structure de surface du texte. En effet, l’influence de la distance dans la structure de surface du texte devrait apparaître dans les pourcentages d’erreurs, puisque la tâche (donner une réponse) est explicite. Or l’amorçage qui est implicite permet de tester directement la représentation ainsi que la distance de représentation des événements en mémoire. Nous attendons donc des différences entre les résultats sur les temps de réaction et les poucentages d’erreurs.