3.6.7 Résumé et perspectives sur les réseaux causaux

Le but de cette deuxième expérience était de déterminer les effets de la nécessité et de la suffisance sur différents types de relations causales (la causalité physique, la motivation, la causation psychologique et la relation de rend possible), i.e., sur la force de connexion perçue. Les lecteurs non avertis des théories causales ont évalué la force de la relation entre des paires de phrases extraites de récits construits d’après le modèle en réseau de transition récursive (RTN Model, Trabasso & van den Broek, 1985). Les critères de nécessité et de suffisance ont été utilisés afin d’identifier les inférences causales connectant les énoncés ainsi que pour déterminer leur force. Les paires extraites étaient soit adjacentes soient non-adjacentes dans la structure de surface du texte, et variaient dans leur nécessité et leur suffisance tout comme dans leur type de relation causale. Les résultats ont montré que les lecteurs distinguent implicitement les relations causales prédites par le modèle théorique. De plus, le critère de suffisance apparaît comme étant un critère plus strict que la nécessité. Ainsi, plus une relation causale satisfait au critère de nécessité et de suffisance, plus elle sera jugée comme étant fortement connectée. Ensuite, une hiérarchie de force causale d’après le type de relation causale apparaît (causalité physique, suivie de la motivation et de la causation psychologique, et enfin la relation de “ rend possible ”). Enfin, la distance dans la structure de surface du texte entre la cause et l’apparition effective de sa conséquence influence cette hiérarchie. Les relations non-adjacentes satisfaisant à une forte nécessité et suffisance ont été jugées comme étant fortes si elles satisfaisaient à des critères supplémentaires.

Nous avons donc mis en évidence que les connexions causales variaient selon leur force de connexion et que selon cette force un événement pouvait prendre plus ou moins d’importance dans la représentation. D’après le modèle en réseau de transition récursive, de multiples connexions sont possibles vers une seule unité de texte. Ainsi, un événement verra sa force de représentation augmenter avec le nombre de connexions.

La probabilité de rappel d’un événement est une fonction de non seulement l’appartenance de cet événement à la chaîne causale ou non (Black & Bower, 1980; Omanson, 1982) mais aussi du nombre de relations causales que cet événement entretient avec d’autres (Graesser & Clark, 1985; O’Brien & Myers, 1987; Trabasso & van den Broek, 1985; O’Brien & Myers, 1995). Ce dernier point est central pour les modèles en réseau. Il indique que les événements dans un récit sont fréquemment le résultat d’une combinaison d’antécédents causaux plutôt que d’une seule cause, et qu’ils ont fréquemment de multiples conséquences.

Dans la lignée de ce travail nous nous sommes intéressées au croisement de la suffisance (qui est un meilleur critère causal) avec le nombre de connexions que possède un noeud-événement dans le réseau. En effet les deux composantes n’ont jamais été étudiées ensemble, alors qu’elles sont toutes deux présentes à la fois pour un même événement connecté en mémoire.