3.7 Etude de la Force de Connexion versus la Force de Connectivité

3.7.1Introduction: La connectivité dans les réseaux

Ainsi, de nombreuses observations indiquent que la représentation mentale d’un texte inclut des relations d’événements non-adjacents et que cette représentation ressemble à un réseau. Dans une représentation en réseau, les énoncés diffèrent en fonction de leur nombre de connexions causales. Les énoncés avec un grand nombre de connexions ont plusieurs causes ou conséquences et par conséquent jouent un rôle important dans la structure du texte. Si les réseaux causaux partagent les propositions de la représentation mentale du texte, nous pouvons supposer que le fait de présenter un événement à un lecteur devrait accélérer la reconnaissance d’un autre événement connecté causalement. van den Broek et Lorch (1993), ainsi que Quintana, Tapiero et van den Broek (en révision) ont montré que les participants reconnaissaient un énoncé plus rapidement lorsqu’il était précédé d’un énoncé relié causalement que lorsqu’il était précédé d’un énoncé non relié causalement. Ceci se produit lorsque les énoncés amorce et cible sont adjacents et non-adjacents dans la structure de surface du texte. Dans ces expériences les énoncés ‘but’ amorçaient des cibles adjacentes et non-adjacentes de la même manière. Les énoncés ‘action’ amorçaient des cibles adjacentes de meilleure manière que des cibles non-adjacentes. Par conséquent, d’après les résultats de nos expériences précédentes (expériences 1 et 2), nous pouvons supposer qu’une relation causale directe et fortement suffisante entre une amorce-action et une cible non-adjacente devrait permettre de diminuer cet effet de la distance. D’autre part, le nombre de connexions semble aussi jouer un rôle important dans ce type de tâche d’amorçage. En effet, dans notre réplication partielle des travaux de van den Broek et Lorch (1993) (voir expérience 1, page 46), nous avons pu mettre en évidence une influence du nombre de connexions. En effet les énoncés ‘action’ qui tendent à avoir très peu de connexions (conséquences) amorcent plus fortement que des énoncés ‘but’ qui tendent à avoir de nombreuses connexions. Ainsi, le nombre de connexions “ partant ” (i.e., conséquences) peut avoir un impact négatif sur l’amorçage. Cet effet ‘fan’ est similaire à celui observé dans la littérature sur la mémoire (voir notamment Anderson 1981).

Nous avons donc tenté dans une troisième expérience d’étudier les connexions causales et leur influence sur la construction d’une représentation de texte cohérente en mémoire. Plus précisément nous avons tenté de comparer les effets du nombre de connexions qu’un événement entretient avec d’autres du récit à ceux de la force des connexions. Ce qui n’a jamais été fait auparavant. De plus, nous avons testé l’effet de la causalité sur la notion de condition contrôle, et ce en variant la focalisation de l’attention des lecteurs sur un noeud particulier du réseau causal.