4.7.1 Problématique

Même si les différents types d'inférences définis par le modèle de génération d’inférences causales (van den Broek, 1990) diffèrent dans leur source primaire d'information, ils ne sont pas indépendants, et ce pour deux raisons majeures.

1. Toutes les inférences sont dépendantes de l'événement focal, de la représentation par le lecteur du texte antérieur, et des connaissances antérieures du lecteur.
2. Les différents types d'inférences peuvent interagir. Par exemple les inférences associatives peuvent fournir le point de départ pour d'autres inférences, comme le suppose le modèle de construction-intégration de Kintsch (1988). Dans ce modèle, chaque événement dans un texte évoque l'activation d'associations simples. A travers un modèle d'activation et d'inhibition, les patterns d'activation pour des événements consécutifs sont réduits à ceux qui sont pertinents pour fournir la cohérence. Un deuxième exemple est que les trois types d'inférences rétrogrades diffèrent dans leur source primaire d'information, mais toutes dépendent des relations entre l'événement focal et l'antécédent une fois que ce dernier a été recouvré (ou réinstauré). Ainsi toutes les inférences rétrogrades incluent une inférence connective. Un troisième et dernier exemple d'interactions entre les types d'inférences concerne le fait que les inférences antérogrades sont supposées affecter les processus inférentiels rétrogrades pendant la lecture d'un événement conséquent. Il est intéressant de noter que l'interaction entre les différents types d'inférences n'a reçu que peu ou pas d'attention dans la littérature psychologique.

C’est ce que nous allons tenté de mettre en évidence à travers l’étude des inférences antérogrades sous l’influence de la distance.

Nous avons donc voulu tester la production et le maintien d’inférences causales antérogrades en fonction de la force de connexion (la suffisance qui est un meilleur critère causal) et de la distance des événements dans la structure de surface du texte. Plus précisément, nous cherchions à savoir si les inférences antérogrades sont purement antérogrades ou si elles ne sont dues qu’à des activations associatives ou prédictives qui deviennent rétrogrades sous l’influence de la distance. Nous étions motivées par le fait que premièrement, les inférences causales ont été très peu étudiées sous un point de vue de force de connexions. Et deuxièmement, la distance dans la structure de surface du texte n’a jamais été un critère étudié en interaction avec la production d’inférences antérogrades.