4.7.9 Résumé

Nous avons tenté dans cette dernière expérience de mettre en évidence la génération de deux types d’inférences causales antérogrades en nous basant sur les degrés de suffisance. Nous avons pu mettre en évidence à l’aide d’une tâche de décision lexicale on-line, que non seulement les lecteurs produisent effectivement des inférences antérogrades, mais que celles-ci diffèrent selon la force de connexion causale. En effet, les lecteurs peuvent maintenir une cause active à travers plusieurs cycles de traitement tout en activant de probables conséquences à venir. Ces résultats sont compatibles avec le modèle de production d’inférences causales (van den Broek, 1990), d’autant plus que nous avons pu mettre en évidence qu’une inférence purement antérograde pouvait devenir rétrograde sous l’effet de la distance.

Nous avons donc pu montrer dans nos chapitres précédants que la représentation d’un texte narratif par le lecteur rassemble un réseau de connexions causales. Ces connexions sont établies entre des unités de texte qui peuvent être adjacentes ou non-adjacentes dans la structure de surface du texte. De plus ces connexions causales obéissent aux critères de nécessité et de suffisance dans les circonstances (ou champ causal). Ainsi des degrés de force causale peuvent être extraits des informations conduisant à différents poids de connexions en mémoire. Les processus par lesquels les lecteurs se construisent une représentation cohérente en mémoire, sont les processus inférentiels qui prennent place tout au long de la lecture. Pour ce faire les lecteurs utilisent leurs connaissances causales ainsi que leur propre raisonnement logique afin de connecter les événements du texte. Nous avons ainsi pu montrer que les lecteurs produisent des inférences causales antérogrades basées sur leurs connaissances causales.

L’utilisation de récits dans nos expériences nous a semblé le meilleur moyen de décrire les processus causaux, puisque leur structure causale est facilement identifiable grâce notamment au modèle en réseau de transition récursive (RTN Trabasso & van den Broek, 1985). La théorie qui découle de ce modèle descriptif de la structure causale d’un texte, ainsi que le modèle de production d’inférences causales (van den Broek, 1990) ont été utilisé par van den Broek et ses collaborateurs en vue de la création d’un modèle de simulation nommé ‘Landscape’. Dans ce modèle les concepts reçoivent des forces d’activations qui peuvent varier au cours de la lecture. Ainsi ce modèle rend compte des représentations off-line (voir nos chapitres 1 et 2) aussi bien que des représentations on-line (ce présent chapitre). C’est ce modèle de simulation et quelques ouvertures pour de futures recherches que nous allons aborder dans notre conclusion.