L’errance

La figure la plus importante est celle du miséreux, du tramp déclassé qui erre toujours en quête de petits boulots ou d’aventures sentimentales, ballotté par le hasard. Elle élabore l’unité du personnage, sa cohérence. Charlot est l’homme de la rue par excellence, celui qui habite le paysage urbain, en proie aux vicissitudes de l’existence, vivant d’expédients mais dynamique devant l’événement fâcheux, inventif et rageur pour tenter de vaincre un destin hostile. Dans Twenty minutes of Love , 20-04-1914,non seulement il porte le vêtement définitif du vagabond mais il endosse ce rôle que l’on retrouvera de film en film, soit de manière ponctuelle, soit de manière constante. La posture du malheureux que l’on a jeté à le rue est une figure emblématique de Charlot. Elle se double souvent de celle du vagabond amoureux dans les parcs de la ville.

Sa vraie insertion se trouve là, dans la conquête d’un espace urbain ouvert où il teste sa capacité d’adaptation aux situations les plus imprévues et exerce sa liberté. Il n’obéit qu’à lui-même et n’a de compte à rendre à personne, il agit à sa guise et dans l’instant. Pourtant, Chaplin donne une épaisseur et une ambiguïté à son personnage qui enrichissent la figure en la complexifiant. A maintes reprises en effet la figure du double apparaît et pose problème.