2- Le pied de nez au parlant et l’obstination de Chaplin. 6 février 1931. City Lights.

Si l’on se réfère aux multiples études tant anglo-saxonnes que françaises sur ce film, on ne peut être que frappé par leur insistance à montrer la volonté de Chaplin a faire perdurer l’art du cinéma muet.

‘« En tant que film muet sorti en plein parlant, l’oeuvre restera un acte de résistance à peu près unique (...) Chaplin, quant à lui, refusa de sacrifier quoi que ce soit de sa “manière” muette. » 99

Tentons de comprendre ce qui témoigne dans ce film de la résistance de Chaplin au cinéma parlant. Notre étude se développera en suivant cette démarche. Saisir en premier lieu la filiation de ce film avec l’histoire du muet puis analyser la séquence d’ouverture sous le symbole du “pied de nez” que Charlot donne magistralement à voir. Rechercher surtout les techniques mises en oeuvre au cours de la réalisation et qui inscrivent ce film dans la tradition du muet. Cependant s’interroger sur cet aveu de Chaplin lui-même : “Le cinéma parlant me fascine” et montrer que le cinéaste dès 1931 n’est pas aussi réticent qu’on pourrait le croire aux diverses innovations. En dépit de cela examiner finalement la force filmique du muet, sublime, dans City Lights.

Notes
99.

M. CHION, Les lumières de la ville, étude critique, Synposis, éd. Nathan, 1989, p. 16.