2 - Les débuts du parlant pour Chaplin. 15 octobre 1940. The Great Dictator.

C’est le premier film parlant de Chaplin et en même temps il éprouve la conscience aiguë que Charlot ne peut plus être, en tant que tel, au coeur de son esthétique cinématographique. Les temps modernes et Modern Times ont eu doublement raison de lui.

D’une part, dans une société qui ne tolère plus les vagabonds « un conflit ouvert éclate entre l’idéaliste et la mécanique sociale et industrielle. » 116

‘« Avec Le Dictateur, le conflit atteint brusquement son apogée. Ce n’est qu’à grand peine que Chaplin arrive à conserver son personnage de vagabond, et seulement en l’identifiant à toute une collectivité de réprouvés. En fait, il a cette fois sa place, son métier dans la société, et n’est en marge qu’en qualité de juif. Il est devenu clair que le mythe du vagabond ne correspond plus aux nécessités actuelles. » 117

Ce constat lucide a le mérite d’être formulé à une époque contemporaine du film et nous allons montrer en effet combien il est difficile pour le réalisateur de “conserver son personnage”.

D’autre part, le parlant a bien, sur Charlot, les effets que prévoyait Chaplin.

Notes
116.

J. B. BRUNIUS, La revue du cinéma, mars 1948, p. 38

117.

Ibid. p. 38