CHAPITRE XII. LA RUPTURE CONSOMMEE. 23 OCTOBRE 1952. LE CAS LIMELIGHT

Ce film d’octobre 1952, qui arrive cinq ans après Monsieur Verdoux, pose d’emblée au spectateur un problème d’implication. En effet, dès la fin du générique, un carton apparaît, selon la technique éprouvée des films muets alors que Monsieur Verdoux avait eu recours au procédé moderne de la voix off des films parlants. Que dit en outre ce carton explicatif ?

‘« The glamour of limelight from which age must pass as youth enters. »’ ‘« A story of a ballerina and a clown... »’ ‘« London, a late afternoon in the summer 1914... » 136

La traduction en version française fait l’économie de deux mots essentiels dans le texte original : “glamour” et “a story”. Or, ceux-ci orientent le commentaire : parler du glamour c’est évoquer l’irrésistible attrait du spectacle sur les planches, cette séduction des paillettes et dire a story, c’est placer le film sous le signe d’une éventuelle romance entre une ballerine et un clown ou du moins d’une histoire particulière entre ces deux êtres. Les points de suspension installent le spectateur dans une mystérieuse attente de la suite d’autant que chronologiquement nous sommes conviés à suivre une histoire ancienne, celle d’une époque des “silent movies” (été 1914, début de la carrière de Chaplin et naissance du persona de Charlot) et à Londres, ville natale du réalisateur qui, jusqu’en 1952, n’avait jamais choisi aussi ouvertement cette ville pour le cadre de ses productions.

Ce carton contient à lui seul une part des questionnements du film. Quels sont ses enjeux par rapport au monde du music-hall et plus particulièrement par rapport à certaines formes comiques de spectacle ? Qu’en est-il de la réflexion sur Charlot, ce “clown” qui habita quasiment toute l’histoire cinématographique de Chaplin ? Qui allons-nous finalement découvrir et pour quels sunlights ?

Notes
136.

La traduction de la version française est la suivante :  « Les feux de la rampe que doit quitter la vieillesse quand la jeunesse entre en scène.”; “Une ballerine et un clown...”; “Londres, une fin d’après-midi de l’été 1914... »